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Potentiel artistique : Let the sunshine in

4 juin 2013, 10:44

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Potentiel artistique : Let the sunshine in

Chanteurs et danseurs locaux ont brillé au spectacle d’ouverture du 63e congrès de la FIFA. Mais pourquoi nos talents ne s’exportent-ils pas ?

 

Partout positives. Les réactions au spectacle d’ouverture du 63e congrès de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) semblent unanimes. «De grande envergure », «grandiose», «universel », les superlatifs n’ont pas manqué pour reconnaître le talent des danseurs et chanteurs locaux. C’était le jeudi 30 mai, au centre de conférences Swami Vivekananda, à Pailles.

 

 

Mais pourquoi la musique mauricienne n’a-t-elle toujours pas percé à l’international ? Comme le zouk a su le faire. Si ce n’est pas faute de talents, est-ce faute d’encadrement ? Faute d’une politique culturelle cohérente? Une politique encore en gestation, après 45 ans d’indépendance.

 

La semaine dernière, lors de l’ouverture du Salon de Mai, Mookhesswur Choonee, ministre des Arts et de la Culture a répété, pour la énième fois, qu’un White Paper sur les industries culturelles était en préparation. Il l’a annoncé pour le mois prochain.

 

 

«Le problème, c’est que les décideurs ne croient pas dans notre potentiel. Zot fer sanblankrwar. Zot vinn avekbel bel diskour me an vin»,s’insurge Bruno Raya. Il asigné les paroles de la chansond’ouverture du congrèsde la FIFA. C’est Toto Lebrasse,«ki finn gayn kontra»,qui a pris contact avec lui.

 

En sachant que Bruno Raya a écrit Fam exanpler, le disque de l’année 2012, Ni larzan ni lor, le spectacle de Linzy Bacbotte, De l’ombre à la lumière ou encore Mo anvi travay, pour Nancy Derougère. Les paroles de l’ouverture, cela fait trois mois que Bruno Raya travaillait dessus, avec son arrangeur attitré, Chris Joe. «Ce sont des étrangers qui investissent dans le mauricianisme. Kifer tou letan bizin atan kan etranze vini ?» s’interroge encore Bruno Raya. En se demandant ce que fait la Mauritius Tourism Promotion Authority. «Pou fer promosion Moris zot nek pran brit brit», allègue l’artiste.

 

Fierté

 

Pour sa part, Stephen Bongarçon, danseur et chorégraphe, est fier d’avoir «mis en scène» les 28 artistes de sa compagnie, SR Dance, pour la FIFA. En précisant que le chorégraphe sud-africain, également présent sur place, ne s’est «pas du tout occupé de la partie mauricienne». Au contraire, raconte Stephen Bongarçon, «en voyant mon style, il m’a demandé où j’avais fait mes études. A Maurice, nous avons le niveau international».

 

Sans doute aidé par sa médaille d’or en danse aux Jeux de la Francophonie, en 2009, Stephen

Bongarçon confie, «Ce serait mentir que de dire que je ne suis pas aidé par le ministère des Arts et de la Culture». Exemples : sondéplacement en Chine,avec une troupe de 20personnes, en juillet prochain.Suivi, vers lafin de l’année, d’une tournéeen France. L’an passé,SR Dance a eu l’occasiond’aller à une foire mondialeau Canada, puis aufestival d’été, en France.

 

De «bonnes années»,qui n’empêchent pas StephenBongarçon denoter «le manque d’aide à la formation. Les danseurs de ma troupe peuvent vivre de cela, mais j’en connais tant d’autres qui doivent avoir un travail à côté».


Ces organisateurs qui persévèrent

 

- Depuis plus de 25 ans, Rama Poonoosamy et l’agence Immedia organisent, en plus des concerts de vedettes internationales, des shows 100 % locaux. Pourquoi ces talents ne s’exportent-ils pas ? Rama Poonoosamy lance d’abord une boutade : «J’ai vu une partie du spectacle de la FIFA à la télé et j’ai souri en écoutant Linzy Bacbotte chanter le soleil, habillée en orange». Avant de se demander :«quand ces organisations tiennent des manifestations ailleurs dans le monde, font-ils appel aux artistes mauriciens ?» Pourtant, ils ont les moyensd’inviter des artistes internationauxpour des concerts privés. Concernantles artistes mauriciens connus et reconnusdans le monde, ils se recrutent,selon Rama Poonoosamy, surtoutparmi les écrivains et poètes, dansune moindre mesure parmi lespeintres. «Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de talents, mais ils manquent d’opportunités pour percer.»

 

- Paul Olsen, d’«Opera Mauritius », maintient qu’il faut mettre en place un partenariat public-privé à tout prix. «Il n’y a pas de secrets». Il confie que Markus Brück a dit de Véronique Zuël-Bungaroo qu’elle a sa place à Berlin, sur les plus grandes scènes. «Mais qui va faire les démarches ? Pas l’artiste même, qui a besoin d’un manager». Paul Olsen est d’avis que l’environnement propice n’a pas encore été créé. Pour cela, il faut qu’il y ait un«sens économique», où les projets artistiques ne se font plus à «fonds perdus», mais avec le soutien financier de l’Etat. Tout en reconnaissant que «c’est sans doute plus facile pour certains domaines, comme la danse contemporaine », d’où l’importance de continuer à produire des opéras à Maurice.

 

«C’est tout un tissu économique qui se met en place progressivement». Démarcher oui, mais est-ce que les portes s’ouvrent ? Oui, à condition d’avoir la bonne approche, soutient Paul Olsen. Il explique qu’il se rend prochainement à Berlin où l’association «Friends of the Opera» a été enregistrée le 8 mai dernier. Avantage non négligeable : «les donateurs allemands bénéficient de la détaxe».