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Pas d'attaque contre la Syrie avant plusieurs jours

1 septembre 2013, 10:11

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Pas d'attaque contre la Syrie avant plusieurs jours

 

Une opération militaire américaine contre la Syrie en réponse à l'attaque chimique du 21 août à Damas ne devrait pas avoir lieu avant une dizaine de jours, Barack Obama ayant décidé samedi de consulter au préalable le Congrès.
 
Lors d'une brève allocution dans la roseraie de la Maison blanche, le président américain a annoncé qu'il avait décidé une action militaire limitée, sans envoyer de troupes sur le terrain, contre des objectifs liés au régime de Bachar al Assad mais qu'il consulterait auparavant la représentation nationale.
 
Le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, a déclaré que le débat et le vote se tiendraient dans la semaine du 9 septembre, ce qui signifie qu'aucune opération ne devrait être lancée avant au moins une dizaine de jours.
 
Dans son intervention, Barack Obama a répété que l'attaque du 21 août dans la banlieue de Damas, attribuée par Washington aux forces gouvernementales et qui aurait fait plus de 1.400 morts, représentait une menace sérieuse pour la sécurité des Etats-Unis. "Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ce qui s'est passé à Damas et nous ne le ferons pas", a-t-il souligné.
 
"J'ai décidé que les Etats-Unis devaient agir militairement contre des cibles du régime syrien", a déclaré le président, ajoutant: "nous sommes prêts à frapper quand nous le choisirons (...), demain, la semaine prochaine ou même dans un mois...".
 
Il a appelé le Congrès à appuyer l'option de frappes ciblées "au nom de la sécurité nationale" et un responsable de la Maison blanche a dit ne pas douter que les élus donneront leur accord à une telle intervention.
 
Deux sénateurs républicains, John McCain et Lindsey Graham, ont pourtant déjà fait savoir qu'ils ne pouvaient soutenir des "frappes militaires isolées" qui ne s'inscriraient pas "dans une stratégie globale" susceptible de changer le rapport de forces sur le terrain et de chasser Assad du pouvoir.
 
Une majorité d'Américains (53%) reste hostile à une intervention militaire en Syrie, selon un sondage Reuters/Ipsos.
 
Le secrétaire d'Etat John Kerry s'est entretenu dans la journée avec le chef de l'opposition syrienne, Ahmed Assi al Djarba, pour souligner la volonté des Etats-Unis de demander des comptes à Damas.
 
Désavoué cette semaine par la Chambre des communes sur ce dossier syrien, le Premier ministre britannique David Cameron, qui a dû renoncer à engager son pays dans une opération armée, a dit sur Twitter "comprendre et approuver" la décision d'Obama de consulter le Congrès.
 
A Paris, le président François Hollande, qui s'est engagé aux côtés de Washington pour "punir" Assad, a réaffirmé sa détermination et appelé à "respecter" le rythme choisi par les Etats-Unis pour une intervention militaire, a indiqué son entourage. Un débat sans vote sur la Syrie est prévu mercredi au Parlement français.
 
Sur le terrain, les vingt experts des Nations unies chargés d'enquêter sur l'attaque au gaz neurotoxique ont quitté la Syrie samedi et sont arrivés dans l'après-midi à Rotterdam, aux Pays-Bas.
 
Ils se sont ensuite rendus à La Haye au siège de l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques). Les prélèvements qu'ils rapportent de la banlieue de Damas seront répartis dans différents laboratoires pour des analyses qui pourraient prendre jusqu'à trois semaines, selon l'OIAC.
 
MOSCOU DÉNONCE DES MENACES "INACCEPTABLES"
 
Le mandat des experts est de déterminer si des armes chimiques ont été utilisées mais pas de dire qui les a utilisées.
 
Washington dit ne pas avoir besoin d'attendre le rapport des inspecteurs pour agir. 
 
La possibilité de frappes américaines en Syrie a incité plusieurs agences de l'Onu à retirer du pays certains personnels mais l'organisation internationale, qui a toujours un millier d'employés sur place, a souligné samedi qu'elle y poursuivait ses opérations humanitaires. Plusieurs pays ont conseillé à leurs ressortissants d'éviter de se rendre au Liban voisin.
 
Le gouvernement syrien et son principal allié, la Russie, maintiennent leur position d'origine: ce sont les rebelles qui ont mené l'attaque du 21 août, par provocation.
 
Samedi, la Russie a déclaré que les menaces américaines d'une intervention en Syrie étaient "inacceptables" et que Washington violerait le droit international si une action était décrétée sans l'aval du Conseil de sécurité de l'Onu.
 
Le président russe Vladimir Poutine a souligné qu'à ses yeux l'usage d'armes chimiques par l'armée syrienne serait "une absurdité complète" et a souhaité que le sommet du G20 de la semaine prochaine à Saint-Pétersbourg soit l'occasion de discuter de la crise syrienne, ce que les Américains semblent avoir accepté.
 
En Syrie, plusieurs groupes rebelles disent vouloir mettre à profit d'éventuelles frappes occidentales pour lancer une offensive.
 
Le Conseil militaire suprême (CMS), la branche armée de la Coalition nationale syrienne (CNS, opposition en exil), a envoyé à quelques unités un plan d'action militaire, a annoncé Kassim Saadeddine, ex-colonel de l'armée syrienne devenu porte-parole du CMS, dans un entretien à Reuters.