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Nirmala Ramburn (AREU) : « Le fruit à pain possible substitut à la farine importée »

16 avril 2012, 00:00

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Nirmala Ramburn (AREU) : « Le fruit à pain possible substitut à la farine importée »

Nirmala Ramburn (en médaillon), Principal Research Scientist au sein de l’Agricultural Research Extension Unit (AREU), du ministère de l’Agro industrie, explique la nécessité de la vaste campagne visant à favoriser davantage la culture de l’arbre à pain.


Le ministère de l’Agro industrie vient de lancer un vaste programme de sensibilisation à la culture de l’arbre à pain. En quoi consiste cette initiative ?

Il s’agit de vulgariser et de diffuser les résultats des recherches scientifiques effectuées pendant les deux dernières années sur les potentiels du fruit à pain et ainsi encourager les personnes à en produire et à en consommer plus.


Qu’est-ce que cette recherche a démontré ?

La durée de cette recherche n’est que de deux ans. Il faut une étude étalée sur une plus longue période pour repérer tous les potentiels du fruit à pain. Sur la base de celle que nous avons entreprise, nous sommes en mesure d’indiquer que le fruit à pain a des propriétés pour se substituer partiellement à la farine de blé importée.


Quelles sont les formes d’aides qui seront disponibles à ceux qui souhaitent se lancer dans la culture de l’arbre à fruits ?

L’AREU apporte un soutien technique. D’abord, on va expliquer comment propager le fruit à pain pour ceux qui seraient intéressés à se lancer dans cette entreprise. Puis, on fera des démonstrations sur comment produire de la farine de fruit à pain et d’autres produits à valeur ajoutée. On va aussi sensibiliser sur la gestion d’un verger d’arbres à pain et les précautions à prendre pour maintenir la qualité du fruit.


Nous savons que l’arbre à pains existe déjà. Qu’est-ce que cette campagne apportera de plus ?

Jusqu’ici, l’arbre à pain a poussé dans l’arrière-cour de nos concitoyens. Cet environnement contient plusieurs facteurs qui menacent l’existence même de l’arbre à pain. Il est perçu comme un obstacle lorsqu’un projet d’extension de l’habitat est envisagé. Cette perception est renforcée en raison de la nuisance que peuvent constituer des fruits à pain mûrs non-récoltés qui chutent des grands arbres. Il existe des techniques d’entretien qui permettent de limiter la taille de l’arbre et l’empêcher de constituer une gêne pour les résidents d’une cour. Cette campagne vise la culture de l’arbre à pain en vergers afin de favoriser une production suffisante et de qualité si on souhaite le considérer comme un substitut potentiel à la farine importée.


Quelles sont les techniques de reproduction de l’arbre à pain auxquelles vous avez eu recours durant cette recherche et qui peuvent être vulgarisées.

La propagation par boutures de racine est la méthode traditionnelle. Nous pouvons maintenant partager d’autres techniques qui ont donné des résultats probants. C’est la propagation par marcotte et la greffe sur rima. Le rima est proche du fruit à pain. La pelure de son fruit est plus rugueuse que celle du fruit à pain et elle porte des graines. De plus, le Food and Agricultural Research Council est engagé dans la reproduction par la technique in vitro.


Quelles sont les valeurs nutritionnelles associées aux fruits à pain ?

Sa chair est très riche en amidon et elle contient aussi des minéraux tels le potassium, le magnésium, du calcium, et aussi des protéines. Les personnes qui présentent une intolérance au gluten sont rassurées. La chair du fruit à pain n’en contient pas.


Quelle utilisation peut-on en faire dans le domaine de la gastronomie ?

Sa farine qui est déjà commercialisée sur le marché peut être mélangée à celle du blé pour faire le pain ou des galettes de farata, du gréau, des crêpes, des gâteaux, des biscuits et des produits de pâtisserie. On peut également trancher sa chair pour la fabrication de frites comme c’est le cas pour ce qui est de la pomme de terre. Nous sommes convaincus que les Mauriciens connaissent beaucoup de recettes à base du fruit à pain. Un concours destiné à des participants de Rodrigues et de Maurice permettra de faire connaître les nombreuses recettes que l’on peut faire avec le fruit à pain. Pendant trois jours ce mois-ci, les Mauriciens auront l’occasion de prendre connaissance des résultats de nos recherches et des possibilités d’usage du fruit à pain.

Propos recueillis par Lindsay Prosper