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Négligence médicale : Les médecins sanctionnés parlent de mesures arbitraires

22 décembre 2010, 00:00

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Négligence médicale : Les médecins sanctionnés parlent de mesures arbitraires

Le ministère de la Santé a pris des mesures disciplinaires à l’encontre des six médecins soupçonnés de négligence médicales. Ces derniers disent n’avoir pas été entendus avant d’être sanctionnés. Ils envisagent des actions légales.

Le lundi 21 décembre, six médecins de l’hôpital Jeetoo, à Port-Louis, ont été sujets à des mesures disciplinaires. Après enquête l’administration a trouvé qu’ils avaient fait preuve de négligence dans l’exercice de leurs fonctions.

Deux des médecins concernés ont vu leur contrat être résiliés, alors que quatre autres ont été suspendus. Les médecins sanctionnés envisagent de faire appel de la décision des autorités. Certains d’entre eux déplorent qu’ils n’aient pas été entendus avant que des mesures disciplinaires ne soient prises à leur encontre.

L’express.mu a pu entrer en contact avec l’un de ces médecins sanctionnés. Il conteste la décision du ministère et avance qu’il n’a même pas été entendu avant d’être sanctionné. Il critique ce qu’il appelle une méthode arbitraire et fait part de son intention de demander à son homme de loi d’entamer des procédures à l’encontre de l’administration.  

Les sanctions disciplinaires infligées à ces six médecins font suite au décès de Louis Daniel Hervé Bergue, âgé de 64 ans, et de celui de  Marie Jane Gaiky, âgée de 23 ans. L’enquête du ministère aurait révélé qu’il y a eu négligence médicale dans ces cas.  «Les conclusions de notre enquête ont révélé de sérieux manquements dans les deux cas, celui de M.Bergue et de Mme Gaiky, au niveau des examens médicaux et de la façon de gérer ces deux cas», soutient un porte-parole de ce ministère.

Il a jouté que le ministère de la Santé portera l’affaire devant l’Ordre des médecins.  «Ces cas seront référés au Medical Council, qui approfondira l’enquête et prendra les sanctions appropriées », dit-il.

Interrogé à ce sujet, dans l’après-midi du mardi 21 décembre, le Registrar du Medical Council of Mauritius, Dr Keshaw Deepchand, affirme que l’ordre des médecins attend une lettre du ministère de la Santé pour initier une enquête. «Quand nous recevrons la lettre du ministère de la Santé demandant une enquête, je chargerai un comité d’investigation de la mener.

Le rapport de comité sera ensuite soumis au conseil d’administration du Medical Council, qui infligera des sanctions, dépendant du niveau de négligence médicale», déclare ce dernier.

Si le niveau de négligence médicale est grave, l’ordre des médecins a le droit de radier un médecin de sa liste de medical practitioners. Ce n’est pas une mesure régulière mais le Dr Keshaw Deepchand précise que c’est arrivé récemment, dans le cas d’un médecin qui était mêlé à une affaire de drogue. Toutefois, il souligne qu’avant d’être jugé coupables, les médecins, comme les autres citoyens, jouissent de la présomption d’innocence.

Pour rappel, selon le ministère de la Santé, Louis Daniel Hervé Bergue, âgé de 64 ans, s’est rendu à l’hôpital Jeetoo le 9 novembre dernier, vers 19h30. Il se plaint de douleurs abdominales et se sent physiquement très affaibli. Le médecin aux urgences lui fait une injection le garde sous observation à l’hôpital, sans pour autant l’admettre. Vers 21h00, un autre médecin lui administre une deuxième injection. Par la suite, il est référé au medical unit, une section pour des cas sérieux. Un troisième médecin, de cette unité, l’examine. Il est ensuite renvoyé chez lui, avec une prescription pour l’achat de médicaments. Quelques heures plus tard, soit vers 2h45 au matin du 10 novembre, Louis Daniel Hervé Bergue est retrouvé allongé sur un banc de l’hôpital Jeetoo sans vie. «L’autopsie pratiquée a révélé qu’il est mort d’un ulcère», conclut un porte-parole du ministère.

Quant à Marie Jane Gaiky, elle est admise à la maternité de l’hôpital Jeetoo, le lundi 8 novembre. Après un accouchement par césarienne, le constat est que maman et enfant se portent bien. Deux jours plus tard, ils ont le feu vert pour rentrer chez eux. Mais dans l’après-midi du 11 novembre, la mère revient, se plaignant de problèmes respiratoires. Elle reçoit des soins, et on lui dit qu’elle peut repartir. Le 12 novembre, elle se présente une fois de plus à l’hôpital. Des soins lui sont prodigués, puis elle est renvoyée chez elle. Mais le 15 novembre, quand elle se déplace, le personnel médical diagnostique que sa santé s’est détériorée. Elle est donc admise à l’Intensive Care Unit (ICU). Au fil des jours, son état s’aggrave. C’est ainsi qu’elle a rendu l’âme le 8 décembre.