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Mutation historique en vue dans le fief de Jean-Marc Ayrault

10 mars 2014, 14:42

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Mutation historique en vue dans le fief de Jean-Marc Ayrault

 

Elu systématiquement dès le premier tour de 1989 à 2012, l'actuel Premier ministre aura fait mieux qu'aucun autre édile depuis 1564, selon les archives municipales. Seul un certain Ferdinand Favre sera resté plus longtemps que lui à la tête de Nantes, mais en deux mandats distincts (1832-1848, 1852-1866).
 
C'est aujourd'hui son ancienne attachée parlementaire Johanna Rolland qui fait figure de favorite pour succéder à Patrick Rimbert, ancien premier adjoint, qui avait remplacé Jean-Marc Ayrault après sa nomination à Matignon en 2012 et ne se représente pas.
 
Cette mère de deux enfants, âgée de 34 ans, est confrontée à une situation inédite avec l'entrée en lice d'une liste écologiste autonome menée par Pascale Chiron (EELV), alors que socialistes et écologistes faisaient systématiquement équipe dès le premier tour depuis 1989.
 
"Lorsqu'on a décidé en 2008 de repartir avec Jean-Marc Ayrault, c'était aussi parce que le mandat qui s'était écoulé s'était bien passé", justifie cette architecte-urbaniste de 39 ans.
 
"Mais après les élections européennes de 2009, où Europe Ecologie est passé devant les socialistes dans la ville de Nantes, franchement on a changé de monde. On est alors passé dans la coopération conflictuelle", explique-t-elle.

 

UNE CANDIDATE "LIBRE"

 
La contestation contre le nouvel aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes, soutenu par Jean-Marc Ayrault et le gouvernement mais rejeté avec vigueur par les écologistes, a nourri les tensions entre les anciens alliés.
 
Autre difficulté pour Johanna Rolland, l'impopularité tenace de son mentor, qui est crédité de 16% d'opinions favorables dans le dernier baromètre TNS-Sofres paru dans Le Figaro Magazine.
 
"Nantes n'est pas une bulle isolée du reste du monde, donc évidemment, quand on fait une campagne de terrain, un certain nombre d'habitants peuvent évoquer la politique nationale", élude la candidate socialiste.
 
"Mais, dans la majeure partie des discussions, les questions qui nous reviennent sont des questions sur le projet, sur ce qu'on propose pour Nantes demain."
 
Johanna Rolland – qui refuse le titre d'"héritière" dont l'affuble la droite nantaise – se dit "totalement libre" à l'égard de Jean-Marc Ayrault.
 
"C'est sans doute le premier qui m'a fait confiance", explique la jeune femme. "Aujourd'hui, ça donne une totale relation de confiance, et cette totale relation de confiance, elle donne aussi une totale liberté."
 
Face à elle, l'UMP Laurence Garnier entend capitaliser sur l'impopularité de l'exécutif socialiste plus que sur un bilan municipal plutôt favorable, Jean-Marc Ayrault ayant réussi à réveiller la "Belle endormie" qu'était Nantes après la fermeture en 1987 de ses derniers chantiers navals.

 

UNE CAMPAGNE CONTRE L'ABSTENTION

 
"On savait qu'avant, des gens de droite et du centre pouvaient voter pour Jean-Marc Ayrault aux municipales", analyse cette cadre en disponibilité du groupe Peugeot-Citroën, âgée de 35 ans et mère de quatre enfants.
 
"Mais depuis, beaucoup de Nantais ont pris conscience de son vrai visage : il est dogmatique dans son approche politique, et ne supporte pas la contradiction."
 
La véritable adversaire de Johanna Rolland, ce serait plutôt l'abstention, juge Thierry Guidet, auteur de "La Rose et le Granit", un ouvrage sur "le socialisme dans les villes de l'Ouest".
 
"Si Nantes bascule, il se sera passé des choses très étonnantes. C'est très peu probable", déclare ce journaliste de 60 ans qui dirigeait la rédaction nantaise du quotidien Ouest-France lors du premier mandat de Jean-Marc Ayrault.
 
"C'est pour cela que Johanna Rolland ne fait pas campagne contre la droite – elle n'en a pas besoin – mais bien contre l'abstention", relève-t-il.
 
L'équipe de campagne de la candidate socialiste se prévaut d'avoir "tiré 50.000 sonnettes, fait 200 réunions d'appartements et 13 réunions publiques dans les quartiers de la ville".
 
"Il y a une déception de certains électeurs de gauche, on le ressent très fortement en porte-à-porte. Donc ces personnes-là – qui traditionnellement allaient voter – ne savent pas si elles vont se déplacer", confirme-t-on dans l'entourage de Pascale Chiron.
 
Outre les trois jeunes femmes, sept autres candidats ont déposé leur candidature en préfecture au premier tour des élections municipales à Nantes.
 
A droite, deux listes dissidentes pourraient compliquer la tâche de Laurence Garnier, sans compter celles du MoDem et du Front national. A gauche, les listes de Lutte ouvrière, du Parti de Gauche et d'un "candidat de la diversité" devraient affecter le score de Johanna Rolland.