Publicité

Moscou durcit le ton sur la Syrie dans un texte proposé à l''Onu

16 décembre 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Moscou durcit le ton sur la Syrie dans un texte proposé à l''Onu

La Russie a présenté jeudi au Conseil de sécurité de l''''Onu un projet de résolution évoquant entre autres le "recours disproportionné à la force par les autorités syriennes", ce qui marque une évolution de taille dans la position de Moscou.

Si les représentants des pays occidentaux au Conseil de sécurité continuent de trouver le texte russe trop timoré, ils ont fait part pour la première fois de leur volonté de négocier avec Moscou sur la base de leur texte. En octobre, la Russie et la Chine avaient opposé leur veto à un projet de résolution présenté par des pays européens, condamnant les violences et menaçant de sanctions le régime syrien.

La Russie, elle, a déjà fait circuler à deux reprises son propre projet de résolution, la dernière fois en septembre, mais les pays occidentaux l''ont rejeté, jugeant inacceptable qu''il tienne autant responsable des violences l''opposition que le régime du président Bachar al Assad.

Le projet de résolution qu''a fait circuler jeudi la Russie a surpris car il durcit le précédent texte russe en ajoutant une référence à "l''usage disproportionné de la force par les autorités syriennes". Ce projet de résolution, obtenu par Reuters, "exhorte le gouvernement syrien à cesser de réprimer ceux qui exercent leur droit à la liberté d''expression, de rassemblement pacifique et d''association". Le représentant permanent de la Russie aux Nations unies, Vitali Tchourkine ( PHOTO), a déclaré à la presse que le texte russe "renforce considérablement tous les aspects du texte précédent", et a souligné que "les autorités syriennes sont clairement mises à l''index sur un certain nombre de points".

Moscou : non aux sanctions

La Russie, a-t-il dit, ne pense pas que les deux camps soient autant responsables l''un que l''autre des violences, mais il a reconnu que le projet de résolution demandait à toutes les parties en présence de renoncer aux violences et ne prévoyait aucune menace de sanctions, ce à quoi Moscou continue de s''opposer.

Les Occidentaux ont salué l''évolution de la position russe, mais l''ambassadeur de France à l''Onu Gérard Araud a estimé qu''il faudrait encore beaucoup d''amendements au texte de Moscou. "Nous sommes prêts à travailler sur ce texte", a dit le représentant permanent du Royaume-Uni, Michael Tatham. "Mais permettez-moi d''être clair: nous pensons qu''il faut une résolution du Conseil de sécurité qui soit à la mesure de la gravité de la situation sur le terrain en Syrie. Et à notre avis, le texte que fait circuler la Russie ne correspond pas à cela".

A Washington, la secrétaire d''Etat américaine Hillary Clinton a indiqué qu''il y avait "certains points dedans (le texte) que nous ne sommes pas disposés à soutenir". Mais "nous espérons pouvoir travailler avec les Russes, qui pour la première fois conviennent que le sujet doit être pris en main par le Conseil de sécurité", a-t-elle ajouté.

Silence scandaleux

L''ambassadeur d''Allemagne à l''Onu, Peter Wittig, a estimé que le projet de résolution russe représentait "une occasion de surmonter les divergences et de briser le silence du Conseil de sécurité". Mais, ajoute-t-il, il manque encore "certains éléments".

La France a jugé quant à elle "bienvenu" le "mouvement" de la Russie."Ce mouvement de la Russie est bienvenu. Il est bienvenu parce qu''il était temps. Cinq mille morts victimes de la répression depuis 10 mois, c''est en effet un bilan accablant et inacceptable", a déclaré Bernard Valéro, porte-parole du Quai d''Orsay, à Reuters."Nous allons donc travailler maintenant avec les Russes et nos partenaires du Conseil de sécurité sur le texte proposé de manière à ce que la réponse du Conseil de sécurité, c''est-à-dire de la communauté internationale, apporte une réponse appropriée au drame qui se joue à huis clos en Syrie depuis 10 mois", a-t-il ajouté.

A l''Onu, Gérard Araud avait qualifié lundi de "scandale" le "silence" du Conseil de sécurité, visant sans les citer la Russie et la Chine, dont le droit de veto a paralysé cette assemblée lors du vote en octobre sur un projet de résolution condamnant les violences en Syrie.

(Source : Reuters)