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Michel Legris : A 80 ans, le capitaine poursuit son voyage pour faire connaître le séga

14 août 2011, 00:00

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Michel Legris : A 80 ans, le capitaine poursuit son voyage pour faire connaître le séga

Il a fêté ses 80 ans le 11 août dernier et compte une riche carrière. Ce ségatier de renom est connu tant sur le plan national qu’international.  Michel Legris, ancien cordonnier est désormais connu pour son incontournable «Capitaine ».

Les cheveux frisés, sel et poivre, le visage portant les traces des années passés et le regard profond, Michel Legris fait un retour dans les temps. Un flashback qui nous propulse aussitôt à 1931, année de sa naissance.

«Je suis né dans une famille modeste qui comptait 16 enfants. Mon père était cordonnier et ma mère couturière. Enfant, je fréquentais l’Ecole des Frères située à Rose-Hill », entame-t-il. Pourtant, il n’ira pas plus loin que les premières années du primaire.

Le ségatier raconte qu’à l’âge de 8 ans, il s’était blessé au pied mais a été contraint de garder le lit pendant trois mois. Ses parents avaient omis d’informer l’école primaire qu’il s’était fait mal et  qu’il ne pourrait pas réintégrer l’école pour une longue période.

«Je me suis fait expulser de l’établissement et j’ai été contraint d’aider mon père dans son atelier de cordonnerie. Mais je n’ai pas tardé à rejoindre l’usine sucrière de Médine », poursuit Michel Legris. D’ailleurs, à cette époque, il se cachait pour travailler, il n’était alors qu’un enfant de 12 ans.

A 16 ans, le jeune Michel souhaite faire comme ses frères, intégrer l’armée. Mais à cet âge, sa mère refuse qu’un autre de ses fils s’en aille pour la guerre. «Mon père a fait la guerre de 1914. Il voulait que j’intègre l’armée mais ma mère a refusé, j’ai donc attendu deux années de plus ».

Une fois majeur, il poursuit son rêve et part en Angleterre pour trois ans. Et c’est, d’ailleurs grâce à cette expérience dans l’armée qu’il affirme qu’il a tout appris. «Je n’ai pas eu la chance de poursuivre mes études mais j’ai énormément appris à l’armée. On faisait du sport, on apprenait l’anglais et on avait la possibilité de pratiquer un métier », poursuit-il.

Lui qui avait reçu une formation en cordonnerie a, de ce fait pu pratiquer son métier dans l’armée. En 1952, il retourne à Maurice et travaille dans un chantier de construction pour un hôpital à Mount. «J’habitais trop loin de mon lieu de travail. J’ai alors décidé de camper à Rivière-du-Rempart et c’est là que j’ai fait la rencontre de Thérèse », indique-t-il.

Thérèse deviendra son épouse peu de temps en 1959. Et c’est avec elle qu’il aura ses treize enfants. Mais sa carrière en tant que ségatier ne commencera qu’en 1971, avec la compétition Sugar Times. Il avait, en effet rejoint la propriété sucrière de Mount entre-temps. «Durant l’éliminatoire j’avais chanté lavi sa pov fam la. Mais je n’ai pas été retenu parce que le morceau dépassait les 3 minutes réglementaires », indique-t-il.

Ce n’est pas pour autant qu’il laisse tomber. Un ans après, il revient dans la compétition et passe le concours avec succès. «Tous ceux qui travaillaient dans l’industrie sucrière avait le droit de participer et il fallait retenir 3 personnes, c''''est-à-dire une dans chaque catégorie », affirme-t-il.

Et comment parler de sa carrière de ségatier sans mentionner   «Mo Capitaine». Il a d’ailleurs accepté de chanter un morceau de ce tube qui cartonne toujours autant en 2011. «Bien maléré, bien maléré, bien maléré pou toi mo zene fam, bien maléré pou toi mo zene fam, saki ena so mari lor bato », entonne-t-il lentement. Il est rejoint par sa petite-fille, Amour Grégoire, son petit-fils Adriano Cousine et sa fille Priscilla Legris-Grégoire.

Michel Legris explique que son séga raconte la vie d’un jeune homme qui quitte son épouse et son pays en bateau pour travailler à l’étranger.

«Auparavant, les gens ne voyageaient pas par avion. Et les voyages duraient des semaines pendant lesquels ils étaient séparés de leur famille. Alors, les épouses gardaient le regard fixé sur la montagne des Signaux qui émettait de la lumière à chaque fois qu’un bateau approchait la côte », raconte-t-il.

C’est sur ces mots que le ségatier affirme que c’est la volonté qui l’a permis d’être arrivé aussi loin dans sa carrière. «Je suis allé à La Réunion, en Amérique, à Madagascar, en Chine, à Rodrigues, en Ecosse et dans d’autres pays pour la promotion du séga », lance-t-il fièrement en ajoutant qu’il compte bien poursuivre cette même carrière jusqu’à ce qu’il ne soit plus de ce monde.