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Méprise sur des détenus: la prison enquête sur elle-même

14 août 2013, 10:05

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Méprise sur des détenus: la prison enquête sur elle-même

Un échange illégal de détenus avait été entrepris après qu’un prisonnier ait été libéré par erreur à la prison de Beau-Bassin. Or, il semblerait que seule cette libération fera l’objet d’une enquête et pas la tentative de couvrir l’erreur commise.

 

«La prison enquête sur elle-même! C’est du jamais vu !» La décision de l’administration pénitentiaire d’instituer une «enquête départementale», à la suite du «wrongful release» d’un détenu le 31 juillet, fait tiquer plus d’un à la prison centrale de Beau-Bassin.

 

En effet, le commissaire des prisons, Jean Bruneau, a bien fait comprendre qu’un cas de «wrongful release a été rapporté aux Head Quarters dans le cas de jumeaux identiques. Des mesures correctives ont été prises le jour même et une enquête départementale a été instituée le même jour. L’enquête suit son cours».

 

Or, selon nos informations, ce n’est que le «wrongful release» du détenu qui fera l’objet d’une enquête et pas l’exercice illégal d’échange de détenus entrepris après que la bourde a été découverte, le jour même.

 

«Lors d’une opération dirigée par un adjoint au commissaire et qui a requis la complicité de trois Assistant Superintendants of Prison de même que cinq membres de la Prison Security Squad, un détenu de la prison a été illégalement retiré, puis caché dans un véhicule officiel dans le but d’être échangé contre le détenu relâché par erreur. Au-delà du fait qu’un détenu ait été relâché par erreur – ce qui constitue une faute -, ne vat- on pas enquêter sur la tentative des autorités d’étouffer l’affaire et de prendre seulement des mesures correctives sans en informer la police ?» se demande un haut gradé de la prison.

 

Et affirme-t-on dans le milieu pénitentiaire, puisque les ordres en vue d’échanger les détenus viennent d’en haut, «la prison ne peut pas enquêter sur elle-même». Car c’est un autre adjoint au commissaire Bruneau, un officier au même rang que celui chargé de l’opération d’échange, qui va en principe enquêter sur son collègue. «Puisque l’on ne sait rien du rôle qu’a joué le commissaire des prisons dans cette affaire, comment peut-on avoir confiance dans une enquête instituée par Jean Bruneau ?» dit-on.

Car jusqu’ici, l’administration pénitentiaire n’a pas fait de déposition à la police concernant la bourde de même que la tentative de cover-up de l’erreur, confirme une source au quartier général de la prison à Beau-Bassin. L’explication donnée à ceux qui posent des questions sur cette affaire à Beau-Bassin est qu’il n’y a aucune raison de mêler la police à cela étant donné qu’aucun détenu n’est «at large». «Mais là n’est pas la question. Dans le passé, un officier avait été suspendu pour trois ans après une erreur similaire. Il avait été poursuivi sous une charge criminelle. Pourquoi y a-t-il une politique de deux poids deux mesures ?» veut savoir un groupe d’officiers.

 

Pour eux, le fait que la direction de la prison a tenté de couvrir l’erreur initiale, en violant les règles de sécurité avec la décision de procéder à un échange de détenus en catimini, prouve que la direction «tente de protéger les coupables». Le secrétaire aux Affaires intérieures, Suresh Seebaluck, était injoignable pour un commentaire hier.