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Mayotte : manifestation en mémoire des victimes de l’Immigration « clandestine »

21 février 2011, 00:00

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Mayotte : manifestation en mémoire des victimes de  l’Immigration « clandestine »

Un collectif composé de plusieurs associations et syndicats de Mayotte organisent, ce mercredi  23 février, une manifestation en « mémoire des  victimes de la traversée en mer » entre Anjouan et Mayotte.

Combien sont-ils qui disparaissent entre Anjouan et Mayotte? Personne n''''est en mesure de donner de chiffre exact et vérifiable. L''Observatoire de l''Emigration Clandestine Anjouanaise, un collectif d''ONG installées à Anjouan,   fait état de 183 morts et disparus pour ces 18 mois, entre  juillet 2001 et  décembre 2002. Le dernier apport de  la cour des comptes (France)  déplore   « quatre naufrages par an en moyenne depuis 2007». Le même rapport note également que « les disparitions et décès en mer sont élevés quoique en diminution (64 en 2007, 47 en 2008, 35 en 2009) », reprenant les chiffres de la préfecture de Mayotte qui ne tiennent compte que des naufrages qui ont lieu dans les eaux mahoraises. Au départ d''Anjouan, aucune donnée n''existe, ni sur le nombre de départs, ni, a fortiori, sur le nombre d''accidents. Quel que soit ce chiffre, il est insupportable et inacceptable.

Lors de sa venue à Mayotte en janvier 2010, Nicolas Sarkozy s''en était pris aux passeurs qu''il avait qualifiés d''« assassins ». Le collectif à l''origine de cette journée du souvenir rétorque dans le même registre en incriminant « les politiques migratoires criminelles et assassines menées à Mayotte et à travers le monde».

Le collectif rappelle également que « ce ne sont pas moins de 26 405 personnes dont 6 405 enfants qui ont été expulsés cette année, soit près de 13% de la population de l’île », mais s''en prend surtout aux entorses aux droits, comme la durée de rétention qui est « en moyenne de 0,94 jours selon la préfecture », ce qui ne permet pas aux reconduits de faire valoir leurs droits. La durée de séjour des étrangers en situation irrégulière dans les centres de rétention administrative est en moyenne de 10 à 11 jours en France.

Les organisateurs de cette journée de souvenir évoquent également les « actes de répression qui font vivre dans la peur plus d’un tiers de la population de l’île » ainsi que le « climat de guerre aux migrants » qui prévaut à Mayotte depuis plusieurs années. La volonté affichée est de faire parler de cette situation au-delà du lagon. « Si cette machine semble si efficace, c’est sans nul doute du fait de l’isolement et de l’éloignement de ce territoire perdu au milieu du canal du Mozambique dans l''océan Indien ».

A Anjouan, le 12 novembre dernier, était  organisée, pour la première fois, une journée du souvenir, sur le même thème que la prochaine manifestation de Mayotte et sous l’égide du comité Maoré, un groupe activiste qui milite pour le retour de Mayotte au sein de l''Union des Comores. Une  autre manifestation s''était déroulée le dimanche 14 novembre, à  Shiroroni, à l''extrême sud d''Anjouan, point le plus proche de Mayotte d''où partent de nombreux kwassas  petites embarcations). Là, ce sont plusieurs dizaines de victimes qui ont été enterrées, sur la plage. Il reste une vingtaine de tombes visibles.

Si l''on recherche les responsabilités dans cette hécatombe, on ne peut pas ignorer celle de l''Etat de l''Union des Comores. Au-delà de la position de principe qui fait de Mayotte, selon le gouvernement comorien, une partie de l''Union où tout Comorien a le droit de se rendre, un certain pragmatisme, à même d''épargner des vies, devrait avoir sa place. Certes, on interdit bien les départs d''Anjouan vers Mayotte, mais si mollement! De plus, comme le confirmait encore le mois dernier un passeur de Domoni, « les gendarmes? Si on leur donne un billet, ils nous laissent partir! ». De plus, les moyens d''intervention des autorités comoriennes sont maigres.

Quoi qu''il en soit, le contentieux qui oppose Mayotte aux îles "sœurs" ne sera pas résolu demain et l''on ne peut décemment pas laisser la liste des victimes s''allonger indéfiniment.

Source : Malango Actualité