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Maurice et d''autres pays d’Afrique pourraient ne plus bénéficier de l’AGOA à l’avenir

24 janvier 2010, 00:00

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Maurice et d''autres pays d’Afrique pourraient ne plus bénéficier de l’AGOA à l’avenir

Dans une interview à lexpress.mu, Paul Ryberg, lobbyist à Washington et responsable de la Mauritius-US Business Association (MUSBA) affirme que Maurice et d’autres pays d’Afrique pourraient ne plus bénéficier de l’AGOA à partir de 2015.

Comment expliquez-vous l’initiative de Jim McDermott de vouloir réviser l’AGOA dont il est considéré comme le père ?

McDermott considère son projet de loi comme une extension logique de l’AGOA qui permettra d’offrir les mêmes préférences commerciales aux pays les moins avancés (LDC) qui ne sont pas d’Afrique. Il ne considère pas que son projet de loi mine l’efficacité de l’AGOA ou qu’il soit contraire aux intérêts des pays africains.

Nous travaillons constamment pour le convaincre des effets négatifs de son projet de loi pour l’Afrique. Je suis confiant que nous faisons des progrès.

L’effet le plus néfaste est la fin en 2015 des préférences de l’AGOA pour les pays qui ne répondent pas aux critères des Nations Unies par rapport à leur définition des pays les moins avancés.

Maurice, Botswana, Ghana, Kenya, Namibie, Nigeria, Seychelles, l’Afrique du Sud et le Swaziland sont tous menacés d’être rayés comme bénéficiaires de l’AGOA.

La nouvelle initiative de Jim McDermott est-elle soutenue à Washington ?

Il y a beaucoup de soutien pour la réforme des préférences, parmi les supporters figurent les importateurs et les détaillants. Mais le concept veut dire différentes choses pour différentes audiences.

Néanmoins, il y a un nombre de dénominateurs communs qui réunissent ceux qui veulent réformer les préférences commerciales. Ils sont d’accord qu’il faut simplifier et harmoniser les différents régimes.

Ils sont d’accord aussi qu’il faut étendre les préférences aux pays les moins avancés qui ne bénéficient d’aucune forme de préférences, plus particulièrement le Cambodge et le Bangladesh. 

Le Congrès américain s’intéresse-t-il à ce projet de loi ?

Le Ways and Means Committee de la chambre des Représentants a déjà eu une session de travail sur la réforme des préférences à la fin de l’année dernière. Le comité des Finances du Sénat devrait s’intéresser au dossier et avoir une réunion dessus en février ou mars.

Ces deux comités préparent chacun leur propre projet de loi sur la réforme des préférences. Ils seront présentés vers février ou mars. Mais aucun de ces deux comités ne souhaitent présenter le projet de loi McDermott, tel quel. Mais il est probable que certains éléments du texte de McDermott soient inclus dans l’un ou l’autre ou dans les deux projets de loi en préparation.

Le Congrés aura-t-il le temps de se pencher sur la réforme des préférences commerciales quand on sait qu’il a déjà un agenda chargé avec la réforme du système de santé cher à Obama, entre autre ?

L’élection du républicain Scott Brown pour remplacer le démocrate Ted Kennedy vient compliquer les choses pour toute la législature de 2010. Avec la perte du siège de Ted Kennedy, les démocrates n’ont plus la majorité de 60 pour invoquer la fin des débats et donc l’adoption des lois.

Les républicains peuvent maintenant recourir au « filibuster » pour faire traîner voire bloquer un projet de loi. Les républicains ne sont pas opposés à la réforme des préférences en principe mais ce sera maintenant beaucoup plus difficile de faire adopter n’importe quelle loi au sénat, à commencer par la réforme du système de santé.
Il y a maintenant davantage de risques que les républicains résistent à des projets de loi, même s’ils ne sont pas controversés, juste pour mettre pression sur la majorité démocrate affaiblie.

Il y a-t-il un risque que la réforme des préférences se fasse cette année ?

Je crois qu’il existe une bonne probabilité, un peu plus de 50%, qu’un projet de loi soit adopté cette année, mais ce ne sera pas le projet McDermott tel qu’il est. La grande question est de savoir ce qui sera retenu du projet McDermott dans la nouvelle loi ? L’important est de savoir si nous pouvons résister à l’inclusion du Bangladesh et du Cambodge parmi les bénéficiaires, ce qui serait fatal pour les pays AGOA producteur de textile ? Reste à voir.