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Madagascar - Nosy Be : le courant ne passe plus

20 novembre 2011, 00:00

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Madagascar - Nosy Be : le courant ne passe plus

Depuis plusieurs semaines, la première destination touristique de Madagascar s''''enfonce dans la nuit. La Jirama, entreprise qui fabrique et vend l''électricité, n''est plus en mesure de faire face à sa mission, les délestages sont de plus en plus fréquents et longs. Reportage de notre confrère Malango Actualité.(Photo : Hellville, jusque là un peu préservée, entre elle aussi dans la nuit.)

De semaine en semaine, la situation s''aggrave à Nosy Bé, le fleuron de l''industrie touristique malgache. De quelques heures de « délestage », on est passé à quelques heures d''électricité par jour et pas dans tous les quartiers. Samedi matin, le village de Madirokely, sur la côte ouest de l''île, a  entamé sa troisième journée de suite sans électricité, mais les villages de Dzamandzar, Dar-es-Salam ou Ambatoloak n''ont guère à lui envier.

Depuis vendredi, un autre groupe est tombé en panne, alors qu''une délégation conduite par le directeur de la Jirama d''Antananarivo était sur place pour juger de la situation. Il n''y a maintenant plus que quatre groupes sur dix qui sont opérationnels, nettement insuffisant pour alimenter l''île. A Hellville, la petite capitale de Nosy Bé, seul le secteur de l''hôpital est alimenté normalement.

Des machines vétustes

« Nous ne pouvons rien faire, toutes les machines sont toutes vétustes. Elles fonctionnent 24 h sur 24, et il n’existe même pas un groupe de réserve », ont indiqué des techniciens de la Jirama de Nosy Be à l''Express de Madagascar pour expliquer la situation actuelle.

Dans les villages, toutes les discussions dans l''île commence par ce problème d''électricité. « Tu as de la Jirama ce matin? » entend-on souvent. La réponse varie sur le lieu et les horaires, mais pas sur le fond : « ça ne marche pas! » S''engagent alors les discussions sur l''origine de cette Bérézina électrique, les explications avancées ne satisfaisant pas les habitants chez qui la grogne commence à monter, tout habituée qu''elle est, malgré tout, aux coupures. Arnaud, résident à Madagascar depuis plusieurs années affirme qu''il n''a « jamais vu ça, même pendant la crise » de 2009.

Bien entendu, ces ''''délestages'''', comme on les appelle pudiquement ont des répercussions sur le tourisme mais également sur toute l''activité économique. Comment, en effet, partir pêcher, par exemple, alors que l''on n''a aucune assurance quant au fonctionnement des congélateurs au retour?

Du côté des hôtels, si certains sont équipés de groupes électrogènes, d''autres n''en ont pas et leurs clients les désertent. La saison chaude arrive et dormir sans climatisation et même sans ventilateur rend les nuits difficiles pour les touristes. De plus, l''eau est souvent acheminée à l''aide de pompes... électriques.

La population perd patience


Une manifestation de la population est prévue dans les jours à venir pour, disent les habitants,  «exprimer notre colère contre la Jirama ».

Une nouvelle usine génératrice d’électricité de 7.000kW a été construite à Dzamandzar depuis juillet 2009, mais elle n’est pas opérationnelle jusqu''à maintenant et les solutions avancées pour résoudre cette crise majeure seront de toutes façons longues. La Jirama parle de faire venir un groupe d''Anstaranana (Diego Suarez) au nord de Madagascar, mais cela demandera de lui faire effectuer la traversée entre Ankify, sur la grande terre, et Hellville, le port de Nosy Be, une traversée qui nécessite de gros moyens techniques. La société promet également d''accélérer l''acheminement de pièces de rechange depuis la capitale, Antananarivo.

En attendant, la population perd patience et les entrepreneurs s''arrachent les cheveux en faisant leurs comptes. L''utilisation de groupes privés leur coûte extrêmement cher et reste un palliatif souvent insuffisant pour une exploitation normale des entreprises.

Source : Malango Actuali.