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Madagascar : Les Forces armées se justifient

8 mars 2012, 00:00

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Madagascar : Les Forces armées se justifient

Deux jours de mouvement et les sous-officiers de l''''Armée ont obtenu satisfaction. Les autorités militaires ont reconnu le côté « délicat » des revendications.

Droit ou faveur ? Alors que de nombreux syndicats doivent attendre plusieurs mois, voire plusieurs années, avant de voir leurs réclamations satisfaites, les sous-officiers de l’Armée ont eu réponse à leurs revendications au bout de deux jours de mouvement.

Pour les autorités militaires, cette célérité du traitement du dossier « Capsat 2012 » s’explique davantage par la nature des revendications que par le statut particulier des militaires. « Ils ne revendiquent que leurs droits, inscrits dans les textes depuis toujours, mais ne réclament point une hausse de salaires », a martelé le général Bruno Razafindrakoto, commandant de la Gendarmerie nationale.

Pour expliquer ce qui peut être perçu comme un traitement de faveur à l’endroit des hommes en treillis, le président du Conseil militaire pour la défense nationale, le général Ranto Rabarisoa a plutôt parlé d’une procédure qui a été entamée depuis un certain temps. « Il y a déjà eu une promesse présidentielle, et quand le mouvement a éclaté, la chaîne s’est immédiatement activée pour que les choses se fassent vite », a-t-il indiqué.

Le gouvernement s''est d’ailleurs gardé de parler d’une concession par rapport aux exigences des sous-officiers. Dans le communiqué du conseil de gouvernement de mardi, il a été plutôt question « d’une erreur dans le calcul du montant total des impôts à prélever sur les diverses indemnités perçues par les sous-officiers ». Une erreur qui, à en croire le même communiqué, sera apparemment très vite réparée afin d’honorer la « promesse présidentielle ».

Récupération politique

Le commandant de la Gendarmerie nationale a reconnu néanmoins à demi-mot le côté « délicat » des revendications formulées par des militaires. « Ils ont des armes, ce serait délicat s''ils devaient, à chaque fois qu''il y a matière à revendication, effectuer des mouvements », a-t-il souligné. Il n''est pas allé jusqu''à dire que les armes pourraient servir de moyens de pression sur les autorités civiles, il a juste évoqué les « risques de récupération politique » de chaque manifestation des hommes en treillis. « Il suffit que les sous-officiers bougent pour que l''on vienne leur apporter le repas, situation qui n''est pas courante », a-t-il encore indiqué.

Du côté des « civils », les leaders de mouvements syndicaux préfèrent ne pas polémiquer sur les avantages des militaires en matière de revendications. « Je me dis juste que l’éducation n’est peut-être pas une priorité nationale pour que les enseignants n’aient pas la considération qu’ils méritent », a soupiré Simon Richard Rakotondrainibe, président du Syndicat des enseignants-chercheurs de l’Enseignement supérieur. « Le décret qui nous octroie certains droits a été signé en 2009, mais jusqu’ici il n’a pas été appliqué », a-t-il mentionné, rappelant un droit qui leur a été reconnu mais aujourd’hui renié.

Claude Raharovoatra, président du Syndicat des enseignants et éducateurs des écoles, collèges et lycées publics, se dit plutôt « encouragé » par cette réponse rapide aux exigences des militaires, espérant « pareil traitement » pour les autres. « De toute façon, nos revendications ne sont pas irréalistes. Pour le moment, nous n’exigeons pas une hausse des salaires, parce que cela nécessite de lourdes procédures. Nous ne demandons que le relèvement de certaines indemnités, des décisions que l’on peut prendre aussi facilement que celle d’augmenter le nombre des membres du Conseil supérieur de la transition ou celle de satisfaire les revendications des sous-officiers du Capsat », a-t-il lancé.

(Photo : Le calme est revenu au Capsat, mercredi, après la concession de l’État).

Lova Rabary-Rakotondravony et Judicaëlle Saraléa
L’Express de Madagascar.