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L''Unicef reproche au Royaume-Uni d''avoir emprisonné massivement des mineurs

11 octobre 2011, 00:00

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L''Unicef reproche au Royaume-Uni d''avoir emprisonné massivement des mineurs

Le Royaume-Uni détient le taux de détention le plus élevé de mineurs des pays d''''Europe occidentale. Les émeutes ont encore aggravé le traitement réservé par les tribunaux aux enfants et aux adolescents.

D''après des chiffres provisoires publiés par le ministère de la justice lundi 10 octobre, parmi les mineurs accusés d''avoir participé aux émeutes, un quart a été maintenu en détention en attendant la tenue d''un procès. Plus inquiétant encore selon l''Unicef (le Fonds des Nations unies pour l''enfance), parmi les adolescents privés de liberté à la suite des émeutes, 45 % n''avaient jamais eu maille à partir avec la justice avant les quatre jours de chaos du mois d''août, ni avertissement, ni condamnation.

L''Unicef estime que ces placements en détention provisoire vont à l''encontre de la Convention pour les droits de l''enfant signée par le Royaume-Uni en 1991. D''après l''article 37, "les enfants ne devraient être incarcérés qu''en dernier recours", a rappelé hier l''Unicef. "Les gens qui ont été attaqués, volés et dont les biens ont été détruits ont eu peur (...), a reconnu la branche britannique de l''organisation. Pour autant, en réponse à ces événements, notre système judiciaire ne doit pas violer les droits des enfants."

Le rappel à l''ordre de l''Unicef au gouvernement de David Cameron a été salué par les organisations qui font campagne pour une réforme du système pénal britannique. Le directeur de la Howard League, Andrew Neil, estime que le taux élevé d''incarcération des mineurs impliqués dans les émeutes est le résultat direct d''une justice expéditive. "Les tribunaux ont fait défiler les suspects à toute vitesse, en oubliant de prendre en compte la spécificité des moins de 18 ans et en mettant de côté le principe de proportionnalité des peines", résume-t-il.

Sévérité des peines

La sévérité des peines infligées par les juges aux mineurs est jugée d''autant plus déplorable qu''elle met à mal une évolution positive aux yeux des défenseurs des droits des mineurs : la baisse progressive du nombre de détenus de moins de 18 ans observée depuis 2008. En avril, l''Angleterre et le Pays de Galles comptaient 1 890 mineurs incarcérés, soit un tiers de moins qu''il y a trois ans. La baisse observée était telle que l''agence chargée de la justice des mineurs, Youth Justice Board, avait prévu de fermer 700 places de prison réservées aux moins de 18 ans et de les convertir en cellules pour adultes.

A la tête de la campagne "Out of trouble", lancée en 2007 pour réduire le nombre de mineurs emprisonnés au Royaume-Uni, Penelope Gibbs espère que les émeutes ne sont qu''un "couac temporaire" qui ne remettra pas en cause la forte baisse constatée depuis 2008. Deux mois après les émeutes, la sévérité des peines infligées contre les émeutiers a déjà entraîné une augmentation de 8 % de la population carcérale des mineurs par rapport au mois de juin.

Mais les organisations de défense des mineurs comptent sur plus de clémence de la part des juges lors des audiences en appel. Jeudi 6 octobre, à Manchester, Joshua Penney, 17 ans, a vu sa peine divisée par deux. En première instance, le jeune homme au casier judiciaire vierge avait été condamné à huit mois de prison ferme pour avoir volé une bouteille d''alcool dans un supermarché au plus fort des émeutes. - (Intérim.)

Source : Le Monde.fr