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Lindsay John : de la curiosité intellectuelle sans repos de l’esprit face aux réalités

10 juin 2012, 00:00

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Lindsay John : de la curiosité intellectuelle sans repos de l’esprit face aux réalités

Riche parcours professionnel au Canada que celui de Lindsay John, originaire de Beau-Bassin. Parti en Grande-Bretagne pour se faire infirmier, il émigre pour le Canada et devient professeur en méthodes de recherches dans plusieurs universités. C’est un passionné des philosophes allemands Nietzsche et Schopenhauer.

Ce jour-là, Lindsay John est pressé. « Je ne suis disponible que pour une durée maximum de dix minutes seulement. J’ai rendez-vous avec mon dentiste. » Après avoir fait un bref survol de son itinéraire, la conversation bascule soudainement presque tout naturellement dans le champ philosophique.

Lindsay John annonce la couleur. « Mon passe-temps, c’est la philosophie. » L’ajout d’une mineure à un programme d’études est une pratique dans les universités canadiennes. Et c’est tout naturellement que Lindsay John opte pour la philosophie. Une curiosité intellectuelle qui n’autorise pas le repos de l’esprit face aux réalités du monde.

Il n’hésite pas à annoncer la couleur. Ses philosophes préférés, pour ne pas dire ses maîtres à penser, ne sont autres que Friedrich Wilhem Nietzsche et Arthur Schopenhauer.

Les deux sont d’origine allemande. Tous deux ont eu une grande influence sur la pensée européenne de leur époque. Le premier était philosophe, poète, critique et philologue classique. Ses critiques sur la religion notamment avec sa thèse Dieu est mort ont marqué non seulement son époque mais également la nôtre. L’autre philosophe tout simplement a eu un impact considérable sur les esprits du 19ème siècle notamment avec son approche sur le pessimisme et la volonté.

Qu’on se garde de le ranger du côté des athées. Lindsay John n’est certainement pas un homme de religion bien rangé dans un système où les réponses aux grandes questions existentielles ont déjà été reçues. Il interroge. Il questionne. Il analyse. Il décortique. Il reconstitue. Il recompose. Bref, il avance.

C’est cela Lindsay John, cet ancien élève des collèges St-Joseph et du St-Esprit, originaire de Beau-Bassin mais qui a vécu dans plusieurs autres localités de l’île, dont Quatre-Bornes, Rose-Hill ou Port-Louis. « De mes souvenirs lointains, je me souviens toujours de Georges et Philippe Lam Kam Cheong, ce dernier ex-joueur de la Fire Brigade ». Ses deux frères Franco et Dysmus sont restés à Maurice. Son frère cadet Dysmus se rappelle de son aîné. « C’était un passionné de la lecture. Il ne se gênait pas de nous faire part de ses connaissances. Le Mauricien est un être humain comme n’importe quel homme. Si on lui présente les opportunités appropriées, il est capable d’aller au bout de ses ambitions et des capacités. »

Dès que Lindsay John pénètre dans un univers qu’il aime, tout particulièrement celui de la philosophie, il y a comme une rupture avec le temps. Il évolue dans un autre monde. Il change de repères. C’est ainsi que son rendez-vous avec le dentiste est soudainement passé au second plan.

On serait tenté de croire qu’après sa retraite, Lindsay John resterait au lit et se lèverait le plus tard possible. Sa journée, il la commence toujours par l’étude de la philosophie. Une sorte d’attitude qui consiste à refuser que l’esprit se réfugie dans une forme de léthargie qui bloque la capacité de l’homme de remettre en question le monde et les systèmes qui l’entourent. Non pas pour se mettre hors du monde mais, bien au contraire, pour prendre la place qui est la sienne.

Quoi qu’il en soit, cet homme si porté vers la remise en cause du monde est un scientifique de profession.

Et pourtant, lorsqu’il quitte Maurice en 1961 pour des études dans le domaine médicales au Royaume Unis, rien ne le prédestinait à une carrière de scientifique. Puisque l’Angleterre et lui, ce n’était pas le grand amour, Lindsay John met les voiles en direction du Canada. Il s’adonne à sa profession d’infirmier que pour une période trois mois seulement. Puis, il prend le chemin de l’Université de Waterloo, à Ontorio. Objectif : obtenir un BA Honours dans le domaine psychologique. Mais au fond, c’est le travail social qui l’intéresse. Alors, il s’inscrit à l’Université Wilfred Laurier. Fort de son diplôme, Lindsay John peut travailler comme psychothérapeute. Il s’accroche pendant dix ans.

Cependant l’attrait pour la science va l’emporter. Il s’inscrit au centre médical de l’Université McMaster. Après un an d’étude, Lindsay John décroche un Master of Science en épidémiologie. Il s’inscrit ensuite à l’Université de Toronto pour quatre ans en vue d’un doctorat en épidémiologie. Il revient au centre médical de l’Université de McMaster mais cette fois-ci en tant que professeur. Il enseigne les méthodes de recherches à de futurs médecins. Ensuite, direction l’Université de Toronto. Il y enseigne les méthodes scientifiques et les statistiques pendant un an. Après deux ans d’affectation à l’Université de Windsor, Ontorio, il met le cap sur Montréal, Québec, pour enseigner les mêmes matières à l’Université Mc Gill. Il y reste pendant dix ans jusqu’à son départ à la retraite en 2008.

Malgré le succès qu’il a connu an Canada, Lindsay John n’oublie pas ses racines. Sa dernière visite date de 2002. Il en a profité pour animer une causerie à l’Université de Maurice. Il se propose de revenir au pays natal incessamment. L’idée de répéter l’expérience le tente. Car après tout, c’est un universitaire. La confrontation des idées, les débats font partie de son univers.

Cependant l’image qui le frappe, c’est le constat que l’île Maurice évolue toujours dans le cadre d’un système où les richesses sont concentrées aux mains d’une minorité. Pour lui, le bon sens requiert que cette disparité disparaisse à jamais de la surface de la terre.