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Les rêves brisés de deux policiers d’élite partis trop tôt

6 octobre 2012, 00:00

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Les rêves brisés de deux policiers d’élite partis trop tôt


Sylvestre Nanon, 21 ans, et Nitish Kumar Binda, 23 ans, deux policiers d`élite, sont partis avec leurs rêves de jeunesse. Leurs familles, abattues, se sont confiées à l`express de ce samedi 6 octobre.

Ils avaient des rêves pleins la tête.

Surtout, celui de gravir les échelons au sein du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM). Mais, lors d’un entraînement, samedi dernier à Sept-Cascades, les privates Nitish Kumar Binda, 23 ans, et Sylvestre Nanon, 21 ans, sont décédés.

Effondrées, leurs familles racontent la vie de ces deux jeunes hommes partis trop tôt… «Li pa pou konn so zanfan. Mo zanfan pa pou konn li», lâche Laëticia Mazane, 16 ans.

Enceinte de sept mois, elle était fi ancée à Nitish Kumar Binda. «Je suis née en Italie.

On s’est rencontrés quand mes parents et moi nous nous sommes installés à Providence», explique-t-elle.

Les tourtereaux, qui étaient ensemble depuis trois ans, envisageaient de se marier en décembre 2013. Nitish Kumar Binda avait déjà commencé l’extension de la maison de sa mère et comptait y ajouter un étage. Un sourire triste aux lèvres, l’adolescente confie qu’elle regardait déjà les différents modèles de robes de mariée. «Monn vinn vev avan mem mo marye…»

Laëticia Mazane, qui attend un fils, confie qu’elle est tentée de lui donner le nom de son défunt fiancé. «Monn trouv so lenterman. Monn tous so lekor me mo tuzur gayn limpresyon ki Nitish pou revin lakaz», dit-elle, la main posée sur son ventre. Elle ajoute que «Nitish était très attentionné.

Avant même que je ne lui dise ce dont j’avais besoin, il me le donnait». Sujata Binda, la mère du jeune homme, raconte, elle, que ce dernier était l’aîné de ses deux enfants. Il y a quatre ans, lorsque son père décède, Nitish Kumar Binda estime que c’est à lui de soutenir sa mère et sa soeur. «Il voulait poursuivre ses études, mais il a préféré chercher un boulot», dit-elle.

Très sportif, Nitish Kumar Binda postule pour intégrer la Special Mobile Force (SMF) en 2010. «Cependant, ce n’était pas suffi sant pour lui. Il avait de grandes ambitions.

Li dir li anvi vinn enn sef dan GIPM», souligne Sujata Binda.

Nitish Kumar Binda avait aussi suivi des cours et était enregistré comme maître nageur-sauveteur professionnel. Deux semaines avant le drame, il est recruté au sein du GIPM. «Le premier jour, quand il est rentré, il avait d’innombrables ecchymoses sur ses épaules et sur le dos. Il n’arrivait même pas à se courber pour se déchausser», indique sa mère.

Mais, tenace, le jeune homme devait persévérer. Même si, une fois, il a déclaré à sa mère qu’il ne pouvait plus tolérer cet entraînement. «Le GIPM était son rêve et il ne voulait pas y renoncer», raconte-t-elle, presque en larmes.

Sylvestre Nanon, un habitant de Château-Bénarès, Rivière-des-Anguilles, avait également le rêve de devenir un chef au sein du GIPM. «Mon fils n’aimait pas les emplois où il fallait rester physiquement inactif.

C’est pour cela qu’il avait postulé pour intégrer la SMF», confi e Corinne Nanon, la mère du jeune homme.

Alors qu’il était encore en Lower VI, Sylvestre Nanon, cadet d’une fratrie de trois enfants, décroche un emploi au sein de la SMF. Conséquemment, il n’avait pu prendre part aux examens du Higher School Certificate (HSC).

Deux semaines avant la tragédie, il avait intégré le GIPM. «Le premier jour de son entraînement, il avait tellement mal que son père a dû lui donner son bain», relate

Corinne Nanon. Mais, assidu, le jeune homme dira à sa famille de ne pas s’inquiéter même si tous les jours, il rentrait à la maison avec des blessures et des ecchymoses.

«Linn pran so kouraz linn kontinie», soupire-t-elle.

Malgré l’entraînement rigoureux, Sylvestre Nanon étudiait pour prendre part aux prochains examens du HSC. «Li ti fini gayn so timetable. Li ti pe fer kote science», affirme Corinne Nanon. Elle indique par ailleurs que son fils avait une petite amie. Mais, les amoureux n’envisageaient pas le mariage. «Li ti ankor tro zen. Li ti kontan lavi…»