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Les Français se déploient en Centrafrique après les tueries

8 décembre 2013, 07:35

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Les Français se déploient en Centrafrique après les tueries

 

Les forces françaises ont commencé samedi à patrouiller dans les faubourgs de Bangui et ont été acclamées par la population de la capitale centrafricaine, où les violences entre musulmans et chrétiens ont fait près de 400 morts depuis jeudi, selon un bilan provisoire.
 
Les effectifs de l'opération de maintien de la paix Sangaris ont été portés à 1.600 hommes samedi soir, a annoncé le président François Hollande, et des troupes françaises, notamment venues du Cameroun, ont commencé à se déployer ailleurs que dans la capitale.
 
L'Union africaine a quant à elle décidé de porter à 6.000 hommes sa force multinationale d'interposition dans le pays (Misca), qui compte actuellement 2.500 soldats.
 
Le pouvoir centrafricain a ordonné à toutes les forces armées, à l'exception des soldats étrangers de maintien de la paix et de la garde présidentielle, de se retirer des rues de la ville à compter de samedi 15h00 (15h00 GMT).
 
Les tirs se sont calmés dans la journée mais les attaques contre les civils se sont poursuivies, selon les ONG présentes sur place.
 
Le pasteur Antoine Mbao Bogo, président de la Croix-Rouge centrafricaine, a annoncé que son organisation avait recensé 394 morts à Bangui depuis le début des affrontements jeudi. Il a encore signalé des attaques samedi dans certaines parties de la ville et a dit craindre un bilan bien plus lourd.
 
LIESSE
 
Des hélicoptères et des avions français ont survolé samedi Bangui à basse altitude, où les patrouilles terrestres ont été multipliées par trois, au surlendemain du feu vert du Conseil de sécurité de l'Onu à une intervention militaire de la France. 
 
Dans le quartier Combattants, des habitants ont accueilli dans la liesse les patrouilles françaises.
 
Les forces françaises de Sangaris, venues épauler la Misca, ont également commencé à se déployer ailleurs qu'à Bangui, vers le nord de la République centrafricaine et, à partir du Cameroun, dans l'ouest de la RCA. Des soldats français en provenance du Cameroun sont notamment entrés à Bouar.
 
A Paris, à l'issue d'un mini-sommet franco-africain consacré samedi soir à la Centrafrique, le président François Hollande a plaidé pour l'organisation la plus rapide possible d'élections dans ce pays, jugeant difficile de laisser en place l'actuel président intérimaire, Michel Djotodia, chef des ex-rebelles de la Séléka.
 
"On ne peut laisser en place un président qui n'a rien pu faire, voire même a laissé faire", a-t-il dit.
 
HEURTS À BOSSANGOA
 
La Centrafrique, ancienne colonie française, est en proie au chaos depuis la prise du pouvoir en mars par les rebelles musulmans de la Séléka, et la constitution, en représailles, de milices dites "anti-balaka" constituées par les chrétiens, largement majoritaires en République centrafricaine.
 
Michel Djotodia ne parvient pas à contrôler ses forces, très instables, dont de nombreux éléments viennent du Tchad et du Soudan voisins.
 
Environ 10.000 habitants de Bangui ont fui vers l'aéroport où sont basées les forces françaises. Des milliers d'autres se sont réfugiés dans des églises.
 
Médecins sans frontières (MSF) a annoncé dans un communiqué avoir pris en charge 190 blessés à l'hôpital communautaire de Bangui, la plupart présentant "des blessures par arme à feu ou arme blanche (machettes et couteaux)". 
 
En outre, les heurts ont repris à Bossangoa, à 300 km au nord de Bangui, a signalé Peter Bouckaert, directeur des situations d'urgence à Human Rights Watch (HRW). Trente personnes ont été tuées vendredi dans cette localité, dont un soldat de la paix africain.
 
Peter Bouckaert a précisé que des hommes de la Séléka avaient mis le feu à plusieurs maisons à Bossangoa et tué une habitante après le survol de la ville par des avions français.
 
La France a fait savoir que des soldats français seraient envoyés à Bossangoa dès samedi soir.