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Les dirigeants politiques malgaches signent un accord pour sortir la Grande Île de l’impasse

10 août 2009, 00:00

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Les dirigeants politiques malgaches signent un accord pour sortir la Grande Île de l’impasse

Les dirigeants politiques malgaches réunis à Maputo se sont mis d’accord pour parvenir à une sortie de crise dans la Grande Île.  (Photo : De g. à dr. , A. Rajoelina, D. Ratsiraka, Joaquim Chissano, M. Ravalomanana et A. Zafy).

Le sommet réunissant, à Maputo, Andry Rajoelina, le Président de la Haute Autorité de Transition et trois anciens Présidents de la République Malgache, à savoir Didier Ratsiraka, Albert Zafy et Marc Ravalomanana a pris fin, hier, dimanche 9 août.

Les différentes parties en présence sont parvenues à s’entendre pour sortir Madagascar de l’impasse. Le communiqué final émis à l’issue des négociations placées sous l’égide d’une « Equipe de médiation internationale », dirigée par l’ancien Président du Mozambique Joaquim Chissano permet d’espérer que Madagascar sortira de l’isolement.

Les discussions ont été marquées par une volonté de toutes les parties concernées de trouver un terrain d’entente afin que la situation dans la Grande île puisse connaître un apaisement.

Six accords ont été signés par les dirigeants des mouvances politiques malgaches. Ils reposent sur trois éléments-clés : l’organisation des élections sous la supervision internationale dans un délai ne dépassant pas 15 mois, une amnistie générale à tous les condamnés politiques et le partage de pouvoir par les différentes mouvances politiques.

Dès hier, tous les prisonniers politiques, ceux condamnés depuis la crise de 2002 et ceux emprisonnés après les événements du début de 2009, ont été remis en liberté. Aussi, les sentences prononcées à l’encontre des anciens présidents Ratsiraka et Ravalomanana ont été rendues caduques par l’amnistie.

Ces deux personnalités politiques peuvent maintenant rentrer à Madagascar sans crainte de se faire arrêter. Toutefois, Marc Ravalomanana a accepté de ne pas participer personnellement au gouvernement de transition. Il a décidé de rester en exil au Botswana, même si des éléments de son parti occuperont des fonctions au sein du gouvernement qui sera mis en place dans la Grande île, dans les jours à venir.
 
Les accords prévoient un gouvernement d’unité nationale de transition, la nomination d’un Premier ministre de consensus, de  trois vice-Premier ministres et 28 ministres. Toutes les mouvances politiques qui ont participé au Sommet de Maputo seront représentées au sein du nouveau gouvernement.

La transition sera dirigée par une personnalité acceptée des quatre mouvances présentes à Maputo. « Tout indique qu’Andry Rajoelina gardera la présidence de la Haute autorité de Transition », indique une personnalité faisant partie des médiateurs. Toutefois, le président de la Haute Autorité sera assisté par un vice Président.

Les participants aux discussions se sont aussi mis d’accord sur d’autres questions, à savoir, les autres institutions de la transition, les réformes constitutionnelles et les moyens d’assurer la réconciliation nationale. Le statut des anciens Chefs de l’Etat ont également fait l’objet des discussions. 

Un Parlement transitoire bicaméral sera créé. On se rappelle que l’Assemblée nationale et le Sénat avait été dissous par Andry Rajoelina suite au renversement de Marc Ravalomanana.

Il est aussi prévu d’instituer des assemblées consultatives pour permettre à la société civile de participer à la vie du pays. A cet effet un Conseil économique et social composé de 72 membres et un Comité de réflexion sur la défense et la sécurité nationales seront créés.

L’Union Africaine, la Commission de l’océan Indien, les Nations-Unies et des représentants de Maurice, du Botswana et de l’Afrique du Sud ont constitué « l’Equipe de médiation internationale » travaillant sous la direction de Joaquim Chissanno pour mener à bien les négociations.

Les participants ont salué la « contribution considérable » des représentants mauriciens aux négociations. Maurice était représenté par son ambassadeur Alain Laridon et le juriste Hervé Lassemillante.

Ces accords parviennent à un moment où l’isolement de Madagascar sur le plan international se fait sentir. Depuis le renversement de Marc Ravalomana par Andry Rajoelina en février dernier, la communauté internationale a refusé de reconnaître le nouveau régime. L’aide et la coopération internationale ont été suspendues.

Les accords commerciaux étaient aussi menacés. Ces dernières semaines les bruits couraient que Madagascar allait perdre les préférences commerciales auprès des Etats-Unis obtenues par le  biais de « l’Africa Growth and Opportunity Act » (AGOA).

Cela faisait naître des craintes chez les industriels mauriciens implantés dans la Grande île. Le ministre mauricien des Affaires Etrangères avait même plaidé leur cause auprès de la Secrétaire d’Etat américain.  Rencontrant Hilary Clinton, la semaine dernière à Nairobi,  Arvin Boolell lui a demandé d’éviter que d’éventuelles sanctions imposées à Madagascar  pour non-respect de normes démocratiques ne pénalisent les opérateurs économiques et la population.

Les observateurs espèrent que la sortie de crise permettra à la Grande île de retrouver la stabilité et la prospérité.

Madagascar sortant de la crise avec un gouvernement de consensus et des élections programmées avant 15 mois, il est fort possible que la communauté internationale mette fin à l’isolement de la Grande île et ne lui impose aucune sanction.

Ce qui permettra à Madagascar de retrouver sa stabilité afin de pouvoir poursuivre son développement. 


 

Jrme BOULLE