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Les autorités malgaches ferment la télévision ViVA qui appartient au maire d’Antananarivo

15 décembre 2008, 01:00

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Selon une décision du ministère des Télécommunications, des postes et de la communication prise dans la soirée de samedi, la chaîne de télévision Viva a été fermée. Le gouvernement lui reproche d’avoir diffusé un enregistrement des propos émis par l’ancien chef d’État Didier Ratsiraka, jugés susceptibles de troubler la sécurité et l’ordre publics.

La série noire continue pour Andry Rajoelina, le maire d’Antananarivo. Après avoir raté la manœuvre de déstabilisation menée contre lui au niveau de la municipalité, le pouvoir s’en prend à son patrimoine personnel.

Dans la nuit du samedi à dimanche, des éléments armés des forces de l’ordre sont venus encercler le siège de la station de télévision Viva TV, à Ambodivona. Selon les responsables de la station, ils sont venus procéder à la fermeture de la chaîne, munis d’un papier signé du ministre des Télécommunications, des postes et de la communication, Bruno Andriatavison.  «Ils étaient arrivés vers 23 h 30, ont donné le papier à lire au chargé de diffusion en poste ce soir-là, qui n’a pu qu’obtempérer aux injonctions», raconte Jean Paul Randrianiaina, journaliste auprès de la station. D’après lui, les éléments des forces de l’ordre ont également insisté pour avoir une copie de l’émission à l’origine de la sanction.

L’émission rapportait notamment «des propos de l’ancien président Didier Ratsiraka réfugié en France». À en croire la copie de la décision, ces «propos étant susceptibles de troubler la sécurité et l’ordre publics, la chaîne de télévision Viva est interdite de diffusion». La station a donc dû interrompre ses émissions.

Les responsables affirment pourtant ne pas comprendre en quoi l’émission pouvait troubler l’ordre et la sécurité publics. «Nous étions au moins quatre à visionner les images avant leur diffusion, et rien de ce qui y était dit ne présentait ces caractéristiques», avance avec assurance Jean Paul Randrianiaina.

Deux poids, deux mesures

L’incompréhension est d’autant plus grande que d’autres chaînes de télévision privées avaient diffusé les mêmes images la semaine dernière. Des quotidiens avaient également rapporté dans leur édition des extraits de l’enregistrement.
Andry Rajoelina, propriétaire de la station et maire d’Antananarivo, ne cache pas sa «profonde tristesse face aux deux poids deux mesures» dont il se dit victime. Il assimile la décision du pouvoir à une volonté délibérée de «couper les moyens de communication dont dispose le maire de la capitale».

Pour lui, aucun autre motif n’explique cette décision. Il signale d’ailleurs que «le gouvernement avait l’intention de fermer Viva TV depuis longtemps. Cela fait quinze jours que la direction de la régulation des médias nous convoque et cherche la petite bête pour trouver de quoi justifier une éventuelle fermeture», poursuit-il.

Andry Rajoelina était d’ailleurs empêché de racheter le quotidien Madagascar Tribune, acquis récemment par «l’État».
Du côté du pouvoir central, les responsables affichent plutôt la prudence. «Nous n’avons fait qu’exécuter les instructions qui nous ont été données», confie le chef de la région Analamanga, Fidy Ratsimbazafy, chargé entre autres de l’application de la décision ministérielle. Il affirme «ne rien savoir de ce qui a bien pu se passer» pour que le gouvernement donne l’ordre de fermer Viva TV.

Le ministre Bruno Andriatavison, quant à lui, souligne «qu’il y a bien une raison particulière à la fermeture de Viva TV», avant de rajouter: «on vous la communiquera au moment opportun».

La fermeture de stations de radio ou de télévision appartenant à des personnalités d’obédience «opposante» n’est pas chose nouvelle. En 2004, les stations de radio Sky FM de Roland Ratsiraka et Feon’i Toamasina de Fulgence Fanony ainsi que d’autres avaient fait l’objet d’une telle sanction. Elles ont toutes été accusées de «troubler l’ordre public».

Elles ont pu rouvrir en janvier 2008, mais leurs dirigeants ont été invités à instaurer une «autocensure responsable». L’autocensure responsable a d’ailleurs été le motif avancé par le ministre Bruno Andriantavison comme étant ce qui manque aux stations de radio qui ont récemment

L''''Express de Madagascar