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Le procès de l''affaire de dopage Puerto a débuté à Madrid

28 janvier 2013, 00:00

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Le procès de l''affaire de dopage Puerto a débuté à Madrid

Le procès de l’affaire Puerto, un vaste réseau de dopage qui avait ébranlé le monde du cyclisme en 2006, s’est ouvert lundi à Madrid en présence des cinq accusés, parmi lesquels ne figure aucun sportif.

Le docteur Eufemiano Fuentes, un médecin considéré comme le cerveau du réseau, doit être le premier à comparaître lundi à la barre des accusés, tous les cinq étant poursuivis pour délit contre la santé publique.

La soeur d’Eufemiano Fuentes, Yolanda, et les anciens directeurs sportifs Manolo Saiz (Liberty Seguros), Vicente Belda et Jose Ignacio Labarta (tous deux Comunitat valenciana) ont également pris place sur le banc des accusés.

Ces cinq personnes avaient été arrêtées en mai 2006 après une enquête de plusieurs mois de la Garde civile, qui avait alors mis la main sur de nombreux produits dopants et quelque 200 poches de sang dans plusieurs appartements de Madrid.

Arrivés au milieu d’une cohue de journalistes -71 médias accrédités au total- les accusés sont entrés dans la salle du tribunal où ils sont restés toute la matinée pour se mettre d’accord sur des questions techniques avec leurs avocats.

Auparavant, Eufemiano Fuentes, élégamment vêtu d’un costume et d’une cravate bleue, avait patienté dans le hall du tribunal en compagnie de sa soeur Yolanda, également inculpée, d’une autre de ses soeurs et de sa mère. Julian Perez Templado, son avocat, était à ses côtés.

Assistance médicale

Le premier à parler devrait donc être le médecin canarien de 57 ans, qui, tout en admettant avoir fourni une assistance médicale à plusieurs dizaines de cyclistes, s’est toujours dit innocent d’avoir commis ce dont on l’accuse : un délit contre la santé publique.

Dans son écrit de défense cité par El Pais, le médecin assure ainsi que "le sang et le plasma furent toujours conservés dans des conditions idéales" et qu’"aucun des sportifs dans cette affaire n’a été atteint dans son intégrité physique".

C’est sur cette question - et non sur le dopage, qui n’était pas un délit en Espagne au moment des faits - que devrait se cristalliser une bonne partie du procès, prévu jusqu’au 22 mars.

Pour le Parquet - qui a requis contre les cinq accusés deux ans de prison et deux ans d’interdiction d’exercice de leur profession - et pour les six parties civiles, l’enjeu est ainsi de prouver que le docteur Fuentes et ses acolytes, en réalisant des autotransfusions à des sportifs afin d’augmenter leur rendement, ont mis en danger leur intégrité physique.

Poches de sang

Sachant que la question prête à débat : à deux reprises, en 2007 et 2008, le juge d’instruction avait clos le dossier, en invoquant l’absence de loi antidopage à l’époque des faits et jugeant que la faible quantité d’EPO détectée dans les poches de sang saisies ne constituait pas un risque pour la santé. La justice provinciale l’avait obligé à rouvrir l’affaire.

Sept ans après les faits, ce procès offre en tout cas au sport espagnol une occasion unique de faire place nette, après la déception qu’avait représenté le volet sportif de l’affaire.

Au départ, les enquêteurs avaient affirmé que cette affaire ne concernait pas uniquement des cyclistes. Fuentes en personne avait déclaré au journal français Le Monde avoir eu "d’autres sportifs comme clients : athlètes, joueurs de tennis, footballeurs", avant de se rétracter.

Dans le rapport de la Garde civile était seulement apparue une liste de 58 clients présumés, tous cyclistes, dont seulement six avaient au final subi une sanction sportive : l’Espagnol Valverde, les Allemands Ullrich et Jaksche, les Italiens Basso, Scarponi et Caruso (ce dernier ayant été blanchi par le TAS).

Ce procès pourrait donc aussi relancer les procédures sportives, même si Fuentes, réputé pour sa discrétion, n’a jamais lâché publiquement le nom d’un de ses clients. Le contexte en tout cas paraît favorable, si l’on en croit les sanctions subies par l’Americain Armstrong, huit ans après ses sept titres au Tour de France dont il a finalement été déchu.

Stephane Benoit