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Le parquet de Lille classe l''enquête pour viol contre DSK

2 octobre 2012, 00:00

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Le parquet de Lille classe l''enquête pour viol contre DSK

Le parquet avait ouvert cette procédure, le 21 mai, après que les juges qui instruisent l''''affaire du Carlton lui avaient transmis le témoignage d''une escort-girl, Marie-Anne S., surnommée Marion, qui faisait état de soupçon de viol lors d''une soirée organisée dans un hôtel à Washington à l''hiver 2010, en présence de l''ancien patron du FMI.

L''escort-girl est revenue par écrit sur son récit, qualifiant les faits de simple "jeu sexuel". Le procureur a donc estimé qu''il n''y avait pas lieu à poursuivre.

"J''AI DIT CLAIREMENT QUE JE NE VOULAIS PAS"

L''enquête ouverte par le parquet se fondait sur les auditions des 14 novembre et des 5 et 6 décembre 2011 de la jeune femme de nationalité belge, aujourd''hui âgée de 26 ans. Devant les policiers français puis les enquêteurs belges, elle avait raconté en détail la soirée du 16 décembre 2010, à l''hôtel W, à deux pas de la Maison Blanche (Le Monde du 22 mai 2012). S''y trouvaient David Roquet, entrepreneur de travaux publics, le commissaire Jean-Christophe Lagarde, et Fabrice Paszkowski, patron d''une société de matériel médical et organisateur des soirées de DSK.

Après un rapport "classique" avec DSK, Marion en avait refusé un second, disait-elle sur procès verbal, d''un "non" distinct : "Je n''ai pas hurlé, mais j''ai dit clairement que je ne voulais pas à plusieurs reprises à haute voix." David Roquet lui avait alors tenu les poignets, et Marion s''était tue.


Devant les mêmes enquêteurs, son amie Estelle, 28 ans, également rémunérée pour cette soirée, tenait un discours légèrement différent : "J''ai dit à DSK d''arrêter (...) car []]]Marion] n''aimait pas." Mais Estelle n''avait pas "entendu []]]son amie] dire non".

Aux policiers qui l''ont entendue pendant l''instruction du Carlton, Marion avait expliqué pourquoi elle ne souhaitait pas déposer plainte : "Si je n''avais pas été présente pour mon activité d''escort, ça ne me serait pas arrivé." Son silence n''a pas empêché les juges qui instruisent ce dossier de proxénétisme, à Lille, de dénoncer ces faits au procureur, lequel avait alors ouvert, au printemps, une enquête préliminaire pour "viol en réunion". Le parquet voulait vérifier ces allégations de violence avant de classer le dossier ou de le confier à un juge d''instruction.

C''est le premier scénario – le classement sans suite – qui a été retenu. Et pour cause. Convoquée en juin par la police judiciaire lilloise, Marion, qui vit en Belgique, ne s''est pas présentée. Reconvoquée en juillet à Lille, elle a refusé à nouveau d''être entendue, mais a réclamé avec son avocat, Me Philippe Druylans, du barreau de Bruxelles, la copie des procès-verbaux rédigés par la police belge auxquels elle n''avait pas encore accès. Enfin et surtout, elle a signé, le 17 août, une courte lettre d''une dizaine de lignes tapée à la machine, adressée à la police lilloise.

"L''INFRACTION N''EXISTE PAS"

Dans ce courrier, l''escort-girl revient sur ses déclarations. Elle explique que si David Roquet lui a tenu les mains lors de cette fameuse soirée à Washington, c''est qu''il s''agissait d''un "jeu sexuel". Elle a effectivement "refusé" l''exercice imposé, mais, écrit-elle, l''a ensuite "accepté sans y être contrainte".

"A partir du moment où la victime déclare qu''elle est consentante, les éléments constitutifs du viol ne sont pas réunis et donc l''infraction n''existe pas", explique au Monde le procureur de Lille. "Quand des accusations graves sont portées contre quelqu''un, ajoute Frédéric Fèvre, il faut les vérifier, ce que nous avons fait. Nous avons jugé indispensable de réaliser des investigations approfondies. Les faits n''étaient pas constitués, nous en avons tiré les conséquences utiles."

Cette décision marque une étape importante pour la défense de Dominique Strauss-Kahn, et sera évidemment attentivement examinée par les conseils américains de DSK dans la procédure du Sofitel. L''un des avocats français de l''ex-présidentiable, Me Henri Leclerc, avait noté, en mai, que l''ouverture d''une enquête préliminaire "n''[]]]avait] rien de choquant" et qu''il attendait "avec sérénité, []]]s] es résultats, sachant que DSK n''avait jamais eu, avec ses partenaires, la moindre relation sans consentement (...) ni agi avec violence". L''avocat de David Roquet, Me Eric Dupond-Moretti, s''était pour sa part étonné que le récit de Marion ne coïncide pas avec celui "de sa copine".

Emeline Cazi et Ariane Chemin

Affaire Carlton : la cour d''appel se prononcera le 28 novembre
La décision du procureur de Lille de classer, mardi 2 octobre, l''enquête préliminaire pour "viol en réunion" n''a pas d''incidence sur le déroulement de l''instruction menée par les juges lillois, qui pourrait se conclure cet hiver après une série de confrontations. Les avocats de DSK – qui souhaitent annuler la mise en examen de leur client et en faire un témoin assisté – ont demandé la nullité d''un certain nombre d''actes de procédure devant la chambre de l''instruction de la cour d''appel de Douai. A l''audience du 26 septembre, le parquet général a considéré au contraire que "des indices graves ou concordants justifient la mise en examen de MM. Lagarde et Strauss-Kahn du chef de proxénétisme aggravé en bande organisée". Décision le 28 novembre.

(SOURCE : Le Monde)