Les autorités pakistanaises détiennent toujours trois épouses et huit enfants d''''Oussama ben Laden pour les interroger, et jusqu''à présent, aucun pays n''a demandé leur extradition, a annoncé dimanche le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

Le Pakistan détient depuis lundi des membres de la famille d''Oussama ben Laden, après l''opération au cours de laquelle il a été tué dans sa résidence ( photo) d''Abbottabad, une ville pakistanaise située à une centaine de kilomètres au nord de la capitale Islamabad.

Amal Ahmed Abdullfattah, l''épouse de Ben Laden née au Yémen, en fait notamment partie. Elle a confié à des enquêteurs pakistanais qu''elle était arrivée dans cette maison en 2006, et qu''elle n''avait jamais quitté la résidence.

Selon une porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Tahmina Janjua, ni le Yémen, ni aucun autre pays n''a réclamé l''extradition de membres de la famille de Ben Laden. Les autorités pakistanaises, qui n''ont pas dévoilé où ils étaient détenus, ont dit qu''ils seraient renvoyés dans leurs pays d''origine. Les âges des enfants n''ont pas été révélés.

La guerre des images

L''administration Obama a rendu publiques samedi des vidéos d''Oussama Ben Laden saisies lors de l''opération sur sa résidence au Pakistan, destinées à affaiblir l''image du défunt leader d''Al Qaeda auprès de ses admirateurs dans une partie du monde arabo-musulman.

Les autorités américaines cherchent à  faire de Ben Laden un vieillard pathétique, enfermé dans son compound pakistanais, et qui se complait dans le reflet de sa propre image, écrit le magazine français online  Rue89.

« Il n''est pas sûr que cela suffise à compenser les loupés de la communication américaine depuis l''opération du week-end dernier. Les cafouillages des versions officielles, qu''il s''agisse de la résistance farouche qui aurait été opposée par les occupants de la maison, et qui s''est révélée n''être qu''un seul coup de feu, ou du fait que Ben Laden a été abattu alors qu''il n''était pas armé, tout cela ne donne pas, aux yeux d''une partie de l''opinion, l''idée d''un acte de « justice » – pour reprendre le mot d''Obama – mais d''un acte de guerre », poursuit Rue89..

L''opinion américaine, qui était en mal de vengeance depuis le 11 Septembre, s''intéresse peu à ces subtilités, et se réjouit de l''élimination de celui qui incarnait son cauchemar. Mais dans le reste du monde, il en va autrement. Il y d’abord, ceux qui se réjouissent de ce dénouement, comme les Américains. Puis,  ceux qui, sans avoir la moindre sympathie pour Ben Laden, trouvent qu''on est effectivement bien loin d''une « justice accomplie », ils le déplorent. Et finalement ceux qui détestaient l''Amérique et prêtaient une oreille complaisante aux jihadistes, et n''auront guère de raison de changer d''avis après la mort dans un combat inégal de celui qui incarnait cette mouvance. « La bataille de l''image réussira-t-elle à ébranler le troisième groupe ? Il faudra plus qu''une vidéo pour ça » , conclut Rue89.