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Le moine Bagdro: «On m’a dit que Maurice ne reconnaissait pas la nationalité tibétaine»

30 octobre 2009, 00:00

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Le moine Bagdro: «On m’a dit que Maurice ne reconnaissait pas la nationalité tibétaine»

Invité dans le cadre d’un séminaire à la Réunion, le moine Bagdro devait transiter par Maurice pour gagner l’île Sœur. Mais le visa de transit lui a été refusé par les autorités mauriciennes à New Dehli.

Dans l’entourage du moine Bagdro, on évoque les pressions que la Chine exercerait sur Maurice.

«Je ne suis qu’un simple messager de paix. Je n’ai rien à voir avec des businessmen. Et c’est pour cela que je suis triste de la réaction des autorités mauriciennes. L’île Maurice n’est pas le seul pays sur lequel la Chine exerce des pressions», s’indigne le moine Bagdro, contacté par lexpress.mu au téléphone. Selon ce dernier, la plupart des autres pays ne cèdent pas à ces pressions. «La preuve, j’ai voyagé dans plus de 31 pays en Europe et en Amérique», raconte-t-il.

 «Nous avons choisi le trajet Inde-Maurice-Réunion, car c’est le moyen le plus court pour gagner Maurice. Et cela éviterait un surplus de fatigue au moine. Mais nous avons dû finalement opter pour le trajet Inde-Paris-Réunion à cause du refus des autorités mauriciennes à New Dehli de nous délivrer un visa de transit de 55 minutes. Elles nous ont dit que Maurice ne reconnaissait pas la nationalité tibétaine», explique Catherine Panot de l’Association France-Tibet-Réunion.

A son arrivée à la Réunion, Bagdro n’a pas souhaité que cette affaire s’ébruite. «J’étais seulement très triste», confie-t-il. «L’artiste Henry Favory qui se trouve actuellement à la Réunion s’est même excusé au nom de la population mauricienne auprès du moine Bagdro», raconte Catherine Panot.

La polémique sur cet incident enfle et suscite également l’indignation des amis du Tibet. «La Chine exerce même des pressions sur les médias. Nous avons récemment découvert que notre association était victime de censures. C’est effrayant», lance Catherine Panot. Ce sont les milliards de roupies injectés par la Chine à Maurice, notamment pour le projet Jinfei, qui poussent les sympathisants de la cause tibétaine à conclure que c’est un lobby chinois qui est à l’origine de l’interdiction de séjour du moine Bagdro à Maurice. 

Pourtant, Badgro est un ancien moine du monastère de Ganden, qui a toujours prêché la paix. Il évite également les discours politiques. Badgro a fui le Tibet en 1991 en franchissant la chaîne himalayenne après trois années d’incarcération, d’interrogatoires et de torture dans la prison chinoise de Lhassa. Il a, par la suite, été accueilli en France à la fondation Danielle Mitterrand où il a été soigné. Il ne pesait que 36 kg à son arrivée à la fondation. Aujourd’hui, Bagdro vit en exil à Dharamsala en Inde. Il parcourt le monde afin de sensibiliser l’opinion internationale au sujet du drame que continuent à vivre ses compatriotes sous le régime chinois.

«Les moines tibétains ne pèsent pas lourds face aux relations bilatérales entre Maurice et la Chine», peut-on lire dans l’édition du 29 octobre du Journal de l’île de la Réunion (JIR). «La Chine est un de nos principaux bailleurs de fonds», soulignait en septembre dernier le vice-Premier ministre et ministre des Finances mauricien, Rama Sithanen. «Maurice a choisi son camp», conclut l’article du JIR. Suite à ces articles, les commentaires fusent sur les blogs, sur facebook. Cet incident risque de ne pas rester sans conséquences. Les amis du Tibet ne comptent pas en rester là. La nouvelle est déjà remontée jusqu’à Paris.