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Le «non» à l''UE fragilise la coalition britannique

12 décembre 2011, 00:00

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Le «non» à l''UE fragilise la coalition britannique

David Cameron va être accueilli en héros au Parlement britannique ce lundi, après son «non» à Bruxelles vendredi. La base des députés conservateurs, en rébellion contre lui depuis des semaines sur l''''Europe, se regroupe derrière son leader, écrit Florentin Collomp dans Le Figaro.fr.

L''opinion publique soutient elle aussi largement l''attitude isolationniste du premier ministre. En revanche, ce dernier doit désormais affronter la colère de ses alliés libéraux-démocrates au sein de la coalition gouvernementale, qui pourrait déboucher sur une crise politique majeure.

Solidarité de façade

Après une solidarité de façade affichée vendredi sous la surprise du veto bruxellois, la quinzaine de ministres membres de ce parti centriste et europhile ont décidé d''arrêter d''avaler des couleuvres. À leur tête, le vice-premier ministre Nick Clegg a dit dimanche qu''il était «amèrement déçu» de cette décision qui risque de faire de la Grande-Bretagne «un pygmée dans le monde», «naviguant quelque part dans l''Atlantique, diminuée en Europe et pas prise au sérieux par Washington».

Lorsque Cameron l''a réveillé au téléphone depuis Bruxelles à 4 heures du matin vendredi pour l''informer des derniers développements, Clegg, ancien employé de la Commission européenne, «consterné», n''en a pas cru ses oreilles. Samedi, des ministres libéraux-démocrates, comme Vince Cable, secrétaire d''État aux Entreprises, ont commencé à laisser percer leur désarroi. Nick Clegg a exprimé son mécontentement à David Cameron, avant de le rendre public dimanche sur la BBC.

L''entrée des libéraux-démocrates au gouvernement, en mai 2010, aux côtés des conservateurs sans majorité à la Chambre des communes, était conditionnée à une politique européenne modérée. Malgré quelques rodomontades antibruxelloises, Cameron s''était jusque-là montré plutôt pragmatique et constructif dans la recherche de solutions à la crise de l''euro. Ce qui avait le don d''horripiler les députés tories, déjà furieux de la présence des libéraux-démocrates au gouvernement, qui les prive de plusieurs portefeuilles ministériels.

Une fuite en avant ?

Le coup d''éclat de Cameron change la donne. «Cela va être l''un des moments clés de l''histoire politique britannique», prévoit Denis MacShane, député travailliste, ancien ministre de l''Europe. En perte de popularité, David Cameron compte se refaire une santé sur son intransigeance face à Bruxelles. Un thème porteur. La plupart des unes de la presse saluent la nouvelle approche de «bouledogue» du premier ministre. 62 % des Britanniques applaudissent, selon un sondage du Daily Mail.

 Le risque est maintenant d''une fuite en avant anti-européenne. Gonflés à bloc par leur succès, les eurosceptiques ne vont pas manquer de demander à Cameron d''aller plus loin: rapatriement à Londres de prérogatives bruxelloises, voire référendum sur une éventuelle sortie de l''Union. 66 % de la population souhaitent d''ailleurs une telle consultation, dans laquelle 48 % se disent prêts à quitter l''Europe, contre seulement 33 % à vouloir y rester. Six Britanniques sur dix sont persuadés que l''euro va disparaître.

Explosif, cet euroscepticisme triomphant ne peut que miner l''alliance entre les conservateurs et les libéraux-démocrates, au risque de faire imploser la coalition. Une perspective que Nick Clegg préfère écarter. «Cela serait encore plus néfaste pour nous en tant que pays si le gouvernement de coalition se disloquait à présent. Cela entraînerait un désastre économique pour le pays dans une période de grande incertitude économique«, menace-t-il. Surtout, quitter le gouvernement réduirait à néant l''influence du parti libéral-démocrate et de ses 57 députés, largement discrédités et au plus bas dans les sondages.

(Photo : Le vice-premier ministre centriste, Nick Clegg, dénonce une « mauvaise » décision.)

(Source : Le Figaro.fr)