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La zone euro se donne un répit en volant au secours de l''Espagne

11 juin 2012, 00:00

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La zone euro se donne un répit en volant au secours de l''Espagne

Cent milliards d''''euros pour dissuader les marchés de s''attaquer davantage à l''Espagne : la zone euro a voulu frapper un grand coup, le samedi 9 juin, afin d''aider Mariano Rajoy à recapitaliser les banques de son pays.

Le premier ministre espagnol et son gouvernement s''étaient résolus, dans la matinée, à accepter l''offre d''assistance formulée depuis des jours par les Européens. Dans la foulée, les ministres des finances de la zone euro ont décidé d''allouer jusqu''à 100 milliards d''euros au pays, un montant destiné à impressionner les marchés, comme pour leur démontrer que l''Europe était, pour une fois, capable d''agir à temps, avec les moyens appropriés. Après la Grèce, l''Irlande et le Portugal, l''Espagne est le quatrième pays de la zone euro à bénéficier de la solidarité intéressée de ses voisins, dans l''espoir d''éviter une nouvelle aggravation de la crise des dettes souveraines. Mais l''aide aux banques espagnoles ne constitue pas une assurance tous risques pour la zone euro.

Un succès personnel du PM espagnol ?

Certes, Mariano Rajoy s''est dit "très satisfait", dimanche. Pressé de toutes parts depuis des jours, le chef du gouvernement a tenté de retourner la situation pour en faire un succès personnel, alors qu''il avait rejeté, durant des semaines et souvent avec virulence, l''hypothèse d''un plan européen de soutien aux banques mises à terre par la crise immobilière.

Pour les dirigeants de la zone euro, il s''agissait de se mettre en ordre de bataille au plus vite, avant le second scrutin législatif grec, le 17 juin, dont l''issue pourrait déclencher une nouvelle épreuve pour l''union monétaire, en cas de victoire des partis opposés à l''austérité.

Une demande plus formelle de l''Espagne est attendue dans les prochains jours. Dans le détail, l''ampleur du plan sera fixée - en échange de la signature d''un mémorandum - en fonction des résultats de différents audits commandés par le gouvernement espagnol. Les prêts seront, à travers l''Etat espagnol, injectés dans le fonds public d''aide au secteur bancaire (FROB), qui attribuera ensuite cet argent aux banques qui en ont besoin.

Autre signe encourageant pour le dirigeant conservateur, au pouvoir depuis décembre : M. Rajoy a réussi à éviter à ce stade ce qu''il redoutait par-dessus tout : une assistance pleine et entière pour son économie, sur le modèle grec, qui aurait supposé en contrepartie de nouveaux sacrifices, et la quasi-mise sous tutelle du pays.  "Les conditions seront imposées aux banques, pas à la société espagnole", a souligné le ministre de l''économie, Luis de Guindos.

Une mission d''experts européens, assistés de représentants du Fonds monétaire international, sera néanmoins envoyée à Madrid pour finaliser le plan. L''Eurogroupe a par ailleurs précisé que les "progrès" en matière d''économie et de réformes engagées par le gouvernement Rajoy "seront suivis régulièrement et avec attention".
L''Espagne est-elle tirée d''affaire ?

Le chef du gouvernement et le ministre de l''économie ont insisté sur les effets bénéfiques de l''aide annoncée, dans le domaine du crédit aux entreprises, dès que les banques seront recapitalisées. Ils espèrent que l''assistance contribuera aussi à faire baisser les coûts de refinancement de la dette espagnole sur les marchés, après les niveaux record atteints ces derniers jours, qui risquent d''étouffer le pays.

La population espagnole, elle, s''inquiète. Elle craint de voir le pays, déjà en pleine récession, plonger dans le même marasme que la Grèce, et doute que l''Europe n''exige rien d''autre, en échange de l''aide, qu''une restructuration en profondeur des banques. Quant aux économistes, ils gardent en tête les autres problèmes de la quatrième économie de la zone euro : son déficit budgétaire important, son chômage record, la récession et le manque d''alternative au modèle productif basé sur la construction.

Pour ne rien arranger à court terme, les modalités du sauvetage des banques, par l''intermédiaire de l''Etat, devraient avoir le gros inconvénient de creuser encore l''endettement du pays.

Source : Sandrine Morel et Philippe Ricard/ Le Monde.fr.