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La Somalie, un Etat défaillant

6 octobre 2010, 00:00

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La Somalie, un Etat défaillant

Une conférence ministérielle sur la piraterie dans l’océan indien se tient à Maurice cette semaine (6-7 octobre). Il n’y a pas de doute qu’une très forte corrélation existe entre la piraterie autour de la Corne de l’Afrique et la situation politico-militaire en Somalie. 3eme et dernier volet d’une série d’articles consacrés a cette problématique.

Après presqu’un siècle de colonisation italienne et britannique, la  Somalie accède à l’indépendance en 1959. Ce nouvel Etat naît de la fusion de la Somalia (au Sud, sous occupation italienne)  et le Somaliland britannique au Nord. De 1960 à 1969, la Somalie tente d''''instaurer un gouvernement démocratique, mais des luttes claniques entre le nord et le sud du pays, les relations tendues avec les pays limitrophes, font de ces années une période instable.

En 1969, le général Siad Barre s’empare du pouvoir par un coup d’État et remplace le gouvernement élu démocratiquement.  Il instaure un régime dictatorial sous prétexte de vouloir créer un État socialiste, avec le coup de main de l’Union soviétique. Mais cette alliance sera éphémère. En effet, en 1977, la Somalie tente de prendre le contrôle de l''Ogaden, un territoire éthiopien. Au lieu de supporter la Somalie dans ses démarches expansionnistes, l''Union soviétique  soutient  plutôt le gouvernement marxiste de l’Éthiopie. Ce qui met fin  aux bonnes relations  sovieto-somaliennes. Les États-Unis se rapprochent  alors  de la Somalie, car nous sommes en pleine guerre froide.

La guerre d’Ogaden (1977-1978) contribue à affaiblir le pouvoir de Barre et favorise l''installation d''une famine endémique dont le paroxysme est atteint en 1984. Le népotisme officiel ainsi que la corruption ébranlent par ailleurs  la confiance envers le gouvernement central. Un climat de mécontentement règne alors contre  le régime du dictateur Siad Barre, et provoque son effondrement  en janvier 1991.

Dès lors, le pays sera  plongé dans un état proche du chaos. La  Somalie devient  un État défaillant (Failed State), et le demeure jusqu’aujourd’hui. Un pays sans gouvernement effectif, qui tombe sous le contrôle de seigneurs de guerre motivés uniquement par  l’appât du gain illicite et le pillage,  le trafic de drogues et d’armes faisant partie de leurs activités. Bien sûr, ces seigneurs de guerre s’opposent à la création de tout gouvernement central en raison de la menace que poserait un tel gouvernement sur leurs activités illicites.

L’effondrement du régime de Barre entraîne par ailleurs  le pays dans une guerre civile qui reflète surtout une rivalité historique entre les deux clans les plus importants du pays pour le contrôle de l’État somalien. Une guerre civile qui continue de nos jours, contribuant  à la déliquescence socio-économique et à la fragmentation de l’Etat.

Le gouvernement fédéral de transition a longtemps vécu en exil en raison justement des combats dans la capitale, Mogadiscio. Le mandat de ce gouvernement expire en aout 2011. Alors que le pays est loin d’être pacifié et unifié. Les institutions ne fonctionnent toujours pas. Les insurgés islamistes continuent à défier les forces de l’Union africaine déployées dans le pays depuis 2007.

Alors que la Somalie était unifiée, sa superficie totale était de 637 700 km. Entourée par le golfe d''Aden, l''océan Indien et l''Éthiopie, la Somalie possédait 3025 km de côtes et 2366 km de frontière dont plus de la moitié avec l''Éthiopie. La capitale de la Somalie unifiée était Mogadiscio  et le pays était divisé en 18 provinces.
 
Cette Somalie n''existe plus de facto, car le Somaliland (au nord-ouest) et le Punland (au nord-est) ont fait sécession, mais ces « États » ne sont pas reconnus officiellement. Il ne semble pas y avoir de solution à court terme au morcellement politique. La communauté internationale semble avoir oublié les problèmes de la Somalie, surtout le Somaliland et le Puntland, deux territoires considérés comme parmi les plus pauvres du monde.

Entre-temps, la piraterie au large de la Somalie et dans l’océan Indien n’épargne pas les corridors maritimes et continue à menacer l’économie des pays riverains, notamment les Etats insulaires. Avec les surcharges que réclament les compagnies d’assurance, les couts des produits importés par voie maritime risquent de prendre l’ascenseur et de frapper les consommateurs, y compris à Maurice, déjà durement touchés par la flambée des prix.

(Source : Wikipédia)