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La police interdit la projection d’un film dénonçant les méfaits de la drogue

27 juin 2010, 12:00

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La police interdit la projection d’un  film dénonçant les méfaits de la drogue

La projection publique d’un film montrant les méfaits de la toxicomanie, dans le cadre de la Journée mondiale contre l’abus des drogues a été interdite par la police.  Le Vicaire-général, Jean Maurice Labour, a alors invité les travailleurs sociaux à projeter le film dans la cour de l’Evéché.


Le documentaire de Jameel Peerally et Cedric Palan, «Paradi an dey», a été projeté dans la cour de l’Evêché exceptionnellement ouvert au public, le samedi 26 juin. Auparavant la police avait informé les organisateurs du caractère illégal de cette projection.

Au départ le Mouvement Anti-Drogue (MAD), regroupant une demi douzaine d’ONG, avait prévu un rassemblement sur la place de la Cathédrale de Port Louis pour marquer la Journée mondiale contre la drogue en ce 26 juin. Le public y avait été invité pour, entre autres, visionner le film-documentaire réalisé par les deux jeunes cinéastes. 

Suite à la décision de la police d’interdire la projection sur la Place de la Cathédrale, les organisateurs de  la manifestation ont choisi de tenir le rencontre dans la cour de l’Evéché de Port Louis. Le Vicaire-général, Jean Maurice Labour, devait mettre à contribution la logistique du diocèse pour la réussite de ce rassemblement.

Dans une lettre adressée à Ally Lazer, un des animateurs du collectif MAD, la police invoque le fait que le film n’est pas passé par le comité de censure. Ally Lazer n’a pas caché son agacement face à cette situation et dénonce le paradoxe entre le discours et l’action des autorités.

«Ce matin même j’ai entendu la ministre Maya Hanoomanjee dire que sans les travailleurs sociaux, ce combat ne peut aboutir. Les trafiquants de drogue n’ont pas besoin d’autorisation pour tuer nos enfants. Pour combattre le trafic, il nous faut une autorisation de la police», s’insurge le travailleur social.

Toutefois, cette interdiction n’a fait qu’accroître la volonté du collectif d’aller vers une circulation plus large du documentaire. Les membres de MAD annonce, pour bientôt, une nouvelle projection à Plaine-Verte ainsi que dans d’autres régions du pays.

De son côté, le réalisateur, Jameel Peerally, se propose de distribuer 20 000 copies DVD de son film, gratuitement, à travers le pays. Ce film, Jameel Peerally et son équipe l’ont,  d’ailleurs, réalisé à leurs frais et sans sponsors.

Images-témoins, parfois poignant, parfois d’une réalité déconcertante, «Paradi an dey» jette la lumière, sans censure aucune et sans mise en scène sur un vécu au quotidien dans les méandres de la face cachée de l’île Maurice paradisiaque.

Une partie du film retrace l’introduction  de l’héroïne à Maurice. Cela est fait à travers le témoignage de Popol.  Il est âgé de 64 ans et a passé 51 années dans le monde de la drogue. Consommateur d’opium à ses débuts, il est un des rares témoins encore en vie du temps où les trafiquants de Brown Sugar commençaient à faire concurrence aux parrains de l’opium.

Une autre séquence forte de ce documentaire est le témoignage d’un ancien trafiquant de drogue. Il s’est maintenant repenti et s’est réfugié dans la prière. Sa maison, une ancienne fumerie d’opium, était par la suite devenue un dépôt d’héroïne. Aujourd’hui, il l’a transformée en lieu de culte ouvert à tous ceux qui cherchent un peu de sérénité loin du monde de la drogue.

Il y a également cette séquence remplie d’émotions. Elle montre une mère qui a enterré ses deux fils après avoir témoigné de leur mort lente. Elle y crie sa révolte vis-à-vis des trafiquants de drogue qui s’enrichissent sur les cadavres. Le film de Jameel Peerally et de Cedric Palan mérite le déplacement.

Le documentaire sera disponible sur Youtube et sur le profil du réalisateur via le réseau social Facebook à partir du lundi 28 juin.