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La face cachée du budget 2011 ou comment on fait augmenter les prix sans rien dire

5 décembre 2010, 00:00

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La face cachée du budget 2011 ou comment on fait augmenter les prix sans rien dire

Le budget 2011 présenté par le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, contient des aspects voilés que les épargnants et consommateurs ne découvriront qu’au fur et à mesure.

Commençons par les ménagères qui ont déjà observé que de nombreux prix ont pris l’ascenseur. Il y a des cas genuine et d’autres où ce sont les commerçants qui en profitent pour dire que «c’est à cause du budget, vous n’avez pas écouté?».

Le fait réel est que les prix de nombreux articles sont affectés par un simple changement de définition. Il y a les produits zero rated et les produits exempted de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

Quand un produit est zero rated, cela veut dire que les intrants pour la composition du produit sont déductibles de la TVA. Les producteurs seront remboursés de la TVA ultérieurement.

Quand un produit est exempted cela veut dire que les producteurs ne seront pas remboursés pour la TVA qu’ils ont payée sur les intrants, matière première et autres. Ils seront frappés d’une TVA de 15%.

Or, il y a toute une liste de produits qui étaient zero rated et qui sont devenus exempted, c''''est-à-dire qu’ils seront frappés d’une TVA de 15% sur les composants et matières premières. C’est la raison pour laquelle de nombreux prix de produits de consommation ont pris l’ascenseur, explique un professionnel de la vente au détail.

Parmi, les produits affectés par ce changement et  dont les  prix sont majorés on retrouve le lait, le yaourt, l’huile de table, la farine,  la margarine, le lait liquide, le dahi, les crèmes desserts, le poulet sur pattes, les aliments pour animaux et les fertilisants, entre autres.

«A une époque, on s’était battu pour que les produits alimentaires de base soit épargnée de la TVA. Mais on constate aujourd’hui que cette taxe sur la consommation et sur l’alimentation plus particulièrement englobe tout ce qui se produit localement. Certains y voient une manœuvre politicienne mais je n’entrerai pas dans ce débat», explique un professionnel de la vente au détail.

Les consommateurs ont cru que l’augmentation de prix annoncée dans le budget ne concernerait que les sacs en plastique et les bouteilles de boissons gazeuses de la, même matière.

«La marge entre les produits importés et ceux produits localement se réduit», ajoute notre interlocuteur. Au niveau des associations du secteur privé, on constate que le budget affirme que les barrières tarifaires et autres sont jugées trop onéreuses pour Maurice.

Est-ce une des conditions pour la duty free island annoncé ? Les spécialistes du dossier font ressortir qu’entre 85 et 90% des produits importés sont déjà exonérés de tarif douanier. «Taxer les emballages qu’est-ce que cela va rapporter à l’Etat ?» se demande un spécialiste de la vente au détail.
Le budget tient également une promesse électorale : l’abolition des taxes sur les intérêts sur les dépôts bancaires. Le ministre des Finances l’a annoncé dans la forme mais à y voir de plus près les spécialistes de l’impôt font voir que c’est plus nuancé.

«Le ministre a enlevé les taxes sur les intérêts bancaires mais il les a incluses dans ce qu’on appelle exempt income», commente un fiscaliste. «Les gens qui ont un total income qui dépasse Rs 2 millions incluant le exempt income vont payer la taxe», déclare un interlocuteur spécialisé dans la fiscalité.

Donc, la taxe sur les intérêts n’a pas été abolie. Elle a été incluse dans l’exempt income pour les gros épargnants.  Cette imposition sur les intérêts bancaires ne devrait pas influencer le marché boursier cependant. «Cela fait un an déjà que le marché s’y prépare et cela a déjà été factored in», déclare un professionnel de la bourse.