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L’Environment Appeal Tribunal en faveur d’un permis EIA à CT Power à dix conditions

16 juillet 2012, 00:00

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L’Environment Appeal Tribunal en faveur d’un permis EIA à CT Power à dix conditions

Les promoteurs de la centrale électrique au charbon, CT Power, ont remporté une victoire auprès de l’Environment Appeal Tribunal ce lundi 16 juillet 2012. Cette instance trouve qu’un EIA permis doit lui être accordé mais à dix conditions.

CT Power pourra aller de l’avant avec son projet de centrale électrique au charbon de 110 MW, à Pointe-aux-Caves, Albion. Le groupe malaisien vient, en effet, d’obtenir gain de cause auprès de l’Environment Appeal Tribunal (EAT), ce lundi 16 juillet 2012. Le Conseil des ministres avait, le 14 janvier 2011, refusé de lui accorder un permis d’Environment Impact Assessment (EIA) pour ce chantier.

Ce projet qui date de 2006 avait été proposé à l’Etat mauricien à travers le Board of Investment (BOI). Le gouvernement avait alors poussé le Central Electricity Board (CEB) à y participer et avait identifié Pointe-aux-Caves comme le lieu idéal pour une telle implantation. Cependant, face à un rapport d’experts quant aux risques liés à l’environnement et la levée de boucliers des forces vives des régions avoisinantes, les autorités décidèrent de ne pas accorder de permis EIA à CT Power.

Mais le promoteur ne s’est pas laissé faire et a logé un appel devant l’EAT en février 2011. Après analyses des différents documents et des différents arguments qui lui ont été soumis, le Tribunal a estimé que le ministère de l’Environnement doit accorder un permis EIA à CT Power. Il a cependant imposé dix conditions.

La première concerne le contrôle des émissions de mercure, de gaz acide et de soufre. L’installation devra, entre autres, répondre aux normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Deuxièmement, le transport du charbon de Port-Louis à Albion devra se faire en dehors des heures de pointe. Soit entre 9h30 à 14h30 et de 18h à 21 heures au plus tard. D’autant que selon le promoteur, 115 camions devront faire ce trajet quotidiennement, à une fréquence d’un camion chaque 7 ½ minutes.

La troisième condition concerne le stockage du charbon. Ce combustible ne doit pas être dispersé par le vent. La société devra aussi procéder au lavage des camions après chaque livraison. Les effluents devront être traités afin d’éviter toute contamination du sol par les métaux lourds, tels que le mercure et le plomb.

Cinquièmement, la future centrale, surtout sa cheminée, devra se situer dans le « buffer area » de la station d’épuration de Montagne Jacquot, situé à côté de Pointe-aux-Caves. Le promoteur doit aussi aménager une zone verte entre le site et les quartiers résidentiels

Le Tribunal exige également l’installation de lampadaires et de garde-fous sur la route reliant Petite-Rivière à Albion, l’enfouissement des cendres, la conformité aux conditions imposés par toutes les agences de l’EIA Commitee et l’accès du site aux représentants de l’Etat pour des inspections surprises.

Dans leur jugement, le président de cette instance, le magistrat Patrick Kam Sing, et ses assesseurs, Huchun Guness et Bhooneshwar Sewaj, indiquent également que ce projet évalué à Rs 1,5 milliard sera bénéfique aux riverains. D’autant qu’il accordera de l’emploi à des chauffeurs et à des ouvriers.

La représente de CT Power, Babita Jawaheer, se dit satisfaite de cette décision. « Nous sommes heureux devant ce verdict après plus de six ans de bataille. Il faut attendre toutefois, l’arrivée du CEO à Maurice pour parler de la prochaine étape », dit-elle dans une déclaration à lexpress.mu.

Ce projet a suscité de  vives polémiques. Le conseiller spécial du Premier ministre en matière du développement durable, le Pr Joël de Rosnay, s’est déclaré contre un tel chantier. Par ailleurs, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a essuyé les critiques de certaines organisations socioculturelles tamoules qui ont avancé que le projet avait été combattu parce que les promoteurs sont d’origine asiatique. Pris à partie lors d’une cérémonie à l’occasion du nouvel an tamoul, le chef du gouvernement avait fait état de possible manipulation de rapports d’experts défavorables à ce projet.