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Julian Assange se prépare apparaître en public à Londres

19 août 2012, 00:00

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Julian Assange se prépare apparaître en public à Londres

Réfugié depuis deux mois exactement à l''''intérieur de l''ambassade londonienne de l''Equateur qui lui a accordé l''asile jeudi, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange s''apprêtait à faire sa première apparition publique depuis mars dimanche, au risque d''être immédiatement arrêté et extradé en Suède.

M. Assange, 41 ans, a fait savoir dimanche matin encore qu''il était "en train de préparer son discours public", sans en préciser les modalités.

On a appris aussi que son avocat, l''ancien juge espagnol Baltasar Garzon, s''adresserait au public et à la presse en fin de matinée.

On ignore comment M. Assange pourrait s''y prendre pour parler "devant" l''ambassade, comme WikiLeaks l''a annoncé jeudi, sans se faire prendre par la police britannique, qui veut le remettre à la Suède où il doit être interrogé sur un viol et une agression sexuelle dont il est accusé par deux jeunes femmes. Il n''est pas mis en examen à ce stade dans ces affaires.

En fin de matinée, a constaté l''AFP, le balcon de l''ambassade a été décoré avec un drapeau équatorien, et un micro y a été installé, peut-être en vue d''être transformé en tribune pour M. Assange.

Celui-ci craint, s''il se rend à la Suède, d''être ensuite extradé vers les Etats-Unis. Là, il pourrait avoir à répondre d''espionnage, après la divulgation de centaines de milliers de télégrammes diplomatiques américains par WikiLeaks en 2010, voire y encourir la peine de mort, soutiennent ses partisans.

Dimanche matin cependant, un porte-parole de WikiLeaks a indiqué que "ce serait une bonne base, pour négocier une façon de mettre un terme à cette affaire, si les autorités suédoises déclaraient absolument sans réserves que Julian ne sera jamais extradé de Suède vers les Etats-Unis".

La Suède a vertement réagi : "Le suspect n''a pas le privilège de dicter ses conditions","si WikiLeaks veut envoyer un message de ce type, ils doivent le faire à nous directement, d''une manière conventionnelle", a indiqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

"En l''état actuel des choses, nous ne pouvons pas dire ce que nous allons faire", "nous allons attendre et voir le cours des événements à Londres", a-t-il poursuivi, soulignant cependant : "Nous n''extradons pas des personnes si elles risquent la peine de mort".

Devant l''ambassade, une quarantaine de sympathisants de M. Assange étaient présents, certains portant les masques du mouvement Anonymous, chantant et scandant des slogans appelant notamment le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague à démissionner. Les policiers étaient désormais une cinquantaine alignés devant le bâtiment. Ils avaient barré la rue, où stationnaient également de très nombreux journalistes.

Samedi soir à Guayaquil (Equateur), par ailleurs, lors d''un sommet convoqué en urgence, l''Equateur a reçu un puissant soutien de ses amis de l''Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba), qui comprend notamment le Venezuela, Cuba et le Nicaragua. Leurs ministres des Affaires étrangères ont averti le gouvernement britannique qu''une irruption de la police dans l''ambassade londonienne aurait "de graves conséquences dans le monde entier".

Les ministres faisaient allusion à la référence faite cette semaine par le chargé d''affaires de Londres à une loi britannique de 1987, autorisant le gouvernement à retirer le statut diplomatique à une ambassade.

William Hague a eu beau dire qu''il n''était pas question de porter un assaut contre cette ambassade, et que la résolution du problème pourrait même prendre à ce stade un temps "considérable", l''Equateur continue à paraître prendre très au sérieux l''allusion britannique.

Après la réunion de l''Alba, l''Equateur a convoqué les ministres des Affaires étrangères de l''Union des nations sud-américaines (Unasur) dimanche à Guayaquil pour faire un point sur la situation, tandis que l''Organisation des Etats américains (OEA) a annoncé qu''elle convoquerait une réunion le 24 août à Washington de ses ministres des Affaires étrangères, à laquelle ne participeront ni les Etats-Unis ni le Canada.

Pour sa part, depuis Sydney en Australie dont il est citoyen, la mère de M. Assange a jugé "très réaliste" que son fils puisse finalement aller en Equateur. Elle a dit à la chaîne ABC 24, qu''il avait "des milliards de supporteurs dans le monde", tandis que "les Etats-Unis et ses alliés sont pratiquement seuls dans cette affaire". Elle a suggéré que "peut-être le Royaume-Uni pourrait décider de cesser d''être le petit chien des Etats-Unis".

Selon elle, son fils "est très inquiet" à l''idée de voir "les alliés des Etats-Unis briser non seulement leur propres règles diplomatiques (mais aussi) les règles internationales". Elle a estimé que son fils s''adonnerait à l''alpinisme en Equateur, et "pourrait continuer son travail de journaliste d''investigation".

Odile DUPERRY - AFP