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Joie et prudence dominent en Occident après la mort de Ben Laden

3 mai 2011, 00:00

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Joie et prudence dominent en Occident après la mort de Ben Laden

Accueillie comme une victoire par les Occidentaux, la mort d''''Oussama ben Laden a mis fin lundi à une chasse à l''homme vieille de près de 10 ans mais elle a réveillé le spectre d''actions de représailles de la part des islamistes fidèles à leur chef.

"Le monde est un lieu plus sûr. La mort d''Oussama ben Laden rend ce monde meilleur", a commenté Barack Obama qui enregistre une évidente victoire personnelle à un an de briguer un second mandat présidentiel.
L''annonce du décès du chef d''Al Qaïda, tué par un commando de soldats américains dans la résidence de luxe où il se cachait à Abbottabad, au Pakistan, a été saluée par des scènes de liesse aux Etats-Unis, notamment à Ground Zero à New York.

Cette joie a immédiatement été tempérée par des appels à la vigilance et des mises en garde contre des actions de la part d''insurgés voulant venger la disparition de leur dirigeant.

Sur internet, les forums islamistes ont répercuté ces promesses de nouvelles violences se mêlant à la consternation de la tragédie.

Alors qu''Obama annonçait la nouvelle au monde, les soldats américains ont rapidement immergé le corps du chef d''Al Qaïda après avoir effectué les prélèvements d''ADN nécessaires pour une authentification incontestable.
Placée dans un sac lesté, la dépouille de Ben Laden a été jetée à la mer du pont d''un porte-avions croisant en mer d''Oman.

Les Etats-Unis entendaient ne laisser à ses partisans aucune relique susceptible d''être vénérée et de devenir l''objet d''un culte pour de futurs militants.

Les autorités américaines voulaient à tout prix empêcher l''apparition d''un site de pèlerinage qui se serait transformé en lieu de rassemblement pour célébrer un martyr.

Anticipant les objections du monde musulman, un responsable américain a précisé qu''une équipe de médecins légistes accompagnait les commandos afin de procéder à des prélèvements d''ADN sur les corps et ainsi écarter tout doute sur l''identité des victimes.

Les tests pratiqués lundi montrent "presque à 100%" que le corps examiné est celui de Ben Laden. Le cadavre a également été identifié par l''une de ses femmes, a précisé un responsable du renseignement.

LE COMBAT CONTINUE, SELON CLINTON

Sous l''égide de Ben Laden, les islamistes ont porté de nombreux coups aux puissances occidentales avec des attentats à Bali, Madrid et Londres, mais aussi au Kenya et en Tanzanie.

Leur action la plus spectaculaire demeure les attaques du 11 septembre 2001 à New York et Washington qui ont tué près de 3.000 personnes, touchant les Etats-Unis pour la première fois sur leur sol.

"Même si nous vivons un événement historique, nous ne devons pas oublier que la lutte contre Al Qaïda et ses alliés ne s''arrête pas avec la mort de Ben Laden", a jugé la secrétaire d''Etat Hillary Clinton quelques heures après que le leader islamiste a été abattu d''une balle dans la tête.

L''opération, qui a nécessité de patientes années de recherches et de collecte d''informations, a été menée par une petite unité de commandos d''élite héliportée. Elle a duré environ 40 minutes au cours desquelles trois autres hommes et une des femmes de Ben Laden utilisée comme bouclier humain ont péri.

Les soldats, dont des membres des "Navy Seals" (corps d''élite de la marine), sont intervenus de nuit dans une résidence fortifiée qui abritait Ben Laden et sa famille à Abbottabad, à 60 km au nord d''Islamabad, dans une zone résidentielle proche d''une académie militaire.

Un responsable des services de sécurité a expliqué que les membres de l''opération étaient préparés à le tuer en cas de résistance. "Mais si Ben Laden avait brandi le drapeau blanc pour se rendre, il aurait été capturé vivant", a ajouté ce responsable.

Tensions entre Etats-Unis et Pakistan

Cette mort constitue une source majeure d''embarras pour les autorités pakistanaises qui vont devoir expliquer comment l''homme le plus recherché du monde pouvait se trouver dans une ville de garnison sans qu''elles en aient connaissance.

Les services de renseignement américains soutiennent que leurs homologues pakistanais ignoraient tout de la situation de Ben Laden, mais des parlementaires du Congrès estiment déjà qu''Islamabad va devoir répondre à des questions.

Les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan se sont détériorées au cours des dernières années et ce manque de confiance est illustré par la préparation de l''opération menée lundi: les Américains n''avaient pas informé les Pakistanais.

"Pendant un certain temps, il va y avoir de fortes tensions entre Washington et Islamabad parce que Ben Laden semblait vivre ici, à proximité de la capitale", a commenté Imtiaz Gul, spécialiste des questions de sécurité.

Pour Obama, dont la popularité suivait la courbe descendante de certains indicateurs économiques, la disparition d''Oussama ben Laden devrait marquer une remontée de sa cote au moins à court terme.

Mais dans le même temps, les demandes de la population pour un retrait des troupes engagées en Afghanistan risquent de se faire plus pressantes. Le début de ce désengagement est prévu pour le mois de juillet.

La mort de Ben Laden ne signifie pas un arrêt des violences en Afghanistan plongé dans la guerre depuis près de 10 ans. Selon les experts, cette disparition est avant tout d''une portée hautement symbolique car le leader islamiste ne contrôlait plus les différentes émanations de sa mouvance devenues largement autonomes à travers le monde.

"Il y a des nombreuses entités similaires à Al Qaïda", estime Steve Clemons, spécialiste du Moyen-Orient à la New America Foundation. "Ben Laden était une source d''inspiration mais ces groupes disposent d''autres moyens pour vivre et demeurent une menace".

L''annonce a été accueille avec satisfaction par la France et par la Grande-Bretagne mais le Premier ministre britannique, David Cameron, a dit que l''Occident devrait se montrer "particulièrement vigilant" dans les semaines à venir.

En Arabie saoudite, pays natal de Ben Laden, la tristesse et l''incrédulité prévalaient dans une partie de la population tandis que le Hamas palestinien a dit porter le deuil d''un "guerrier sacré".