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Jason Panchoo : Le premier Mauricien recruté pour l’entretien des avions chez Qatar Airways

18 décembre 2011, 00:00

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Jason Panchoo : Le premier Mauricien recruté pour l’entretien des avions chez Qatar Airways

Jason Panchoo est le premier Mauricien à avoir pris de l’emploi au département Maintenance de Qatar Airways. C’était en août 2002. Ce département compte aujourd’hui quatre Mauriciens au sein de son personnel. Avant le Qatar, notre interlocuteur a connu les périples des étrangers sur le sol français durant les années 80. Parcours.

De technicien de la maintenance à responsable d’un département regroupant une douzaine de mécaniciens et d’ingénieurs, Jason Panchoo a connu une ascension fulgurante en neuf ans de carrière chez Qatar Airways. Originaire de l’avenue Baissac, Quatre-Bornes, ce Mauricien actuellement de passage dans l’île pour le mariage de son neveu, dit être heureux depuis août 2002, quand il a obtenu un entretien chez cette compagnie aérienne du Moyen Orient. Le mois suivant, il était recruté comme technicien de maintenance.

Son travail : lancer des travaux sur les avions, s’occuper de la maintenance préventive, superviser les mouvements des avions à la base comme hors du pays à travers un système informatique connectant tous les appareils. Ce métier lui permet de côtoyer des personnes du monde entier. Le personnel comprend une soixantaine de nationalités, dont des Chinois, des Sri Lankais, des Pakistanais, des Egyptiens et des Grecs.

« Je suis dans l’aviation, un secteur qui me plaît et où il ne faut surtout pas qu’il y ait du retard. Des douze appareils quand j’ai débarqué chez Qatar Airways, je me retrouve avec 105 avions aujourd’hui. Je les connais tous », explique-t-il.

Marié à une infirmière d’origine chinoise rencontrée au Qatar en 2004, Jason Panchoo s’est donné encore deux ans dans ce secteur avant de se consacrer à l’une de ses passions : la photographie.

« Je rêve de monter une exposition sur la nature afin de montrer aux gens des coins et recoins encore inconnus du bon nombre à Maurice. Avant cela, il faudra que je prenne des cours en vue de me perfectionner », explique cet amoureux de randonnées.

Ajoutant qu’il ne peut être insensible aux développements sauvages dans l’île, le Mauricien qui a visité la Chine, la Jordanie, le Sri Lanka, le Népal, le Vietnam et Singapour, sans compter les pays du Moyen Orient, attribue cela à un manque flagrant de planification, en défaveur du tourisme.

La vie de Jason Panchoo a failli prendre une autre tournure. Né en 1958, il est le quatrième d’une famille de six enfants. Après ses études primaires à l’école Notre-Dame-des-Victoires, il fera un très bref passage au collège St Mary’s. Après s’être fait mis à la porte, il poursuivra son cycle secondaire jusqu’en Form V au collège Adventiste.

Nous sommes alors en 1977. Des années douloureuses, comme le décrit Jason Panchoo. Sans-emploi pendant quatre ans, le Mauricien tentera l’Eldorado français. Cela de 1982 à 1989. L’uniforme du clandestin collé à la peau, notre compatriote connaîtra durant son séjour en France le cachot après une bonne douzaine d’arrestations ainsi que d’innombrables interrogatoires devant le juge.

« La chance a voulu que je ne me suis jamais fait déporter et le fait que je pouvais communiquer en français a énormément joué en ma faveur », raconte-il. Tant bien que mal, il cumulera de petits boulots malgré une rémunération bien en dessous de la normal : « Il fallait bien sûr se faire des sous et on m’engageait principalement dans la manutention, comme pour aller récupérer des colis à la poste. En passionné de musique qui nourrissait le rêve de devenir technicien du son, j’ai pu également faire une entrée au conservatoire des arts et métiers. Hélas, quand ils ont su que j’étais dans une situation irrégulière, j’ai été viré illico », se remémore-t-il.

Puis un jour en 1984, Jason Panchoo est recruté dans une usine de fourrure synthétique située à proximité de la station de métro Porte de Bagnolet dans le 20e arrondissement. Il y restera jusqu’en 1987. Il enchaîne alors avec un passage dans une boîte de prêt-à-porter dans le 3e arrondissement.

Entre-temps, vivre en France devenait de plus en plus dur. Les contrôles d’identité se multipliaient à chaque coin de rue conduisant plus d’un étranger, dont Jason, à plier bagages. Nous sommes en octobre 1989 et il rentre à Maurice, rempli d’amertume.

Passage éclair dans son île natale car en février 90, le revoilà de nouveau dans la salle d’embarcation de l’aéroport de Plaisance. Cap cette fois-ci sur Colliers Wood dans le sud de Londres.

« J’ai alors pris mon destin en main et décidé qu’il était temps que je fasse quelque chose de ma vie. J’ai alors opté pour l’aérospatiale car il me semblait que c’était la seule voie pour obtenir un emploi décent dans un pays étranger », raconte le Mauricien.

Pendant les dix années qui suivront, il se consacre à des études à temps plein dans cette filière à la Kingston University et s’en sort avec un BSc (Bachelor of Science) en aérospatiale.

Le soir, il est vendeur dans une quincaillerie : « L’Angleterre était différent de ce que j’avais vécu en France. En tant qu’étudiant j’étais reconnu et avais les mêmes droits que tout le monde. »

En 2000, licence en poche, Jason rentre à nouveau à Maurice. Il sera engagé pendant deux ans comme apprenti ingénieur chez Air Mauritius.

« Au bout de deux ans sans solde, la compagnie aérienne nationale ne m’a pas embauché et il me fallait chercher ailleurs. En même temps, un ami qui partait pour le Qatar m’a suggéré d’envoyer mon CV chez Qatar Airways. Voilà comment l’aventure a commencé », se rappelle-t-il.

Pour lui, Air Mauritius aurait dû être un fleuron dans la région. « La compagnie aérienne a la main-d’œuvre et les connaissances nécessaires mais le manque de planification bloque ce développement », dit-il.

Il reconnaît toutefois que Maurice vivra un développement majeur avec la construction du nouveau terminal à l’aéroport de Plaisance. Il conseille aux jeunes de se tourner vers l’aérospatiale, une carrière d’une bonne dizaine d’années à l’étranger.
« S’ils souhaitent un jour rentrer et mettre leurs compétences au service du pays, je leur demanderai de réfléchir à deux fois car la méritocratie n’existe pas dans la pratique ici », soutient-il.