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Jacques de Navacelle : «Le financement politique est un acte de corruption important »

21 novembre 2010, 00:00

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Jacques de Navacelle : «Le financement politique est un acte de corruption important »

Le président de Transparency Mauritius réagit dans le cadre du forum de la fondation Mo Ibrahim, qui se tient ce week-end. Pour rappel, Maurice est classée à la tête du classement Mo Ibrahim de la gouvernance africaine et à la deuxième place des pays d’Afrique les moins corrompus par Transparency International.

Maurice est à la deuxième place des pays d''''Afrique les moins corrompus, d''après l''indice de la corruption 2010 publié par Transparency International. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que c’est très suspect. Je ne crois pas que ce soit aussi certain que cela. L’Afrique dans son ensemble étant l’un des continents les plus corrompus du monde, je ne pense pas que c’est source de fierté d’être l’un des pays africains les moins corrompus.

Donc, Transparency Mauritius remet en doute le classement de Transparency International, auquel il est affilié ?

Des organisations telles que l’Organisation des Nations unies (ONU) ou la Banque mondiale font des études. Transparency International compile les résultats de ces études et en fait des classements. Mais selon Transparency Mauritius, Maurice est un pays très corrompu.

Sur quoi vous basez-vous pour affirmer que Maurice est un pays très corrompu ?

Nous nous basons sur les informations recueillies de gens qui ont été confrontés à des actes de corruption. La corruption existe tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Mais dans le secteur public, c’est tout le système bureaucratique qui est ancrée dans la corruption jusqu’au plus haut niveau. Quand la corruption est pratiquée très haut dans la hiérarchie, c’est grave. L’un des actes de corruption les plus importants dans le secteur public, c’est le financement des partis politiques et des campagnes électorales.

S’il y a tant d’actes de corruption à Maurice, pourquoi est-il rare qu’ils soient dénoncés publiquement ?

La corruption ne se trouve pas facilement parce qu’elle est cachée. Tous les Mauriciens vous diront qu’ils pensent qu’il y a de la corruption. Pourtant, personne ne l’a vue. C’est symptomatique. Je pense qu’à Maurice, il y a une autocensure sur cette question. Dans le monde des affaires, tous les responsables savent et ont vu périodiquement des cas de corruption importants. Mais les gens ne veulent pas dénoncer la corruption.

A votre avis, que faut-il faire pour en finir avec la corruption ?

Transparency Mauritius ouvrira dans les semaines à venir un bureau qui sera ouvert à tous les citoyens. Ils pourront venir se confier et se faire conseiller quand ils ont été témoins d’actes de corruption. Ce bureau est un projet de développement financé par l’Union européenne (U.E). Le lancement de ce bureau est fixé au 9 décembre prochain, Journée mondiale des Nations unies contre la corruption.

Vous pensez que seul le bureau de Transparency Mauritius sera capable de mettre fin à la corruption à Maurice ?

Non, le bureau de Transparency Mauritius n’est qu’un outil. Mais ce qu’il faut, c’est que les coupables qui s’estiment intouchables soient pris. Pour ce faire, il faut que le système judiciaire, la police et l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), soient plus efficaces et rapides.

L’absence de corruption est le signe par excellence de la bonne gouvernance. Justement, Maurice à la tête de l’indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine…

La bonne gouvernance, nous en parlons beaucoup, nous avons des structures à Maurice. Mais dans la pratique, la bonne gouvernance n’existe pas vraiment ici.