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Infrastructures publiques : quand les coûts additionnels deviennent une fâcheuse habitude

3 juin 2012, 00:00

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Infrastructures publiques : quand les coûts additionnels deviennent une fâcheuse habitude

Plus de Rs 400 millions de coûts additionnels sur des projets d’infrastructures publiques ont été passés au crible au cours de trois dernières séances des questions parlementaires. Dernière en date : la Ring Road avec Rs 150 millions de réclamations avant la fin de la première phase.

Durant trois semaines consécutives, les députés de l’opposition Joe Lesjongard et Raffick Sorefan ont dénoncé au Parlement la récurrence et la proportion que prennent les réclamations supplémentaires des entrepreneurs sur les chantiers publics : Rs 166 millions sur le projet de tout-à-l''''égout à Baie-du-Tombeau ou encore Rs 94 millions sur le fly-over du rond-point du Caudan.

Plus de Rs 400 millions de coûts additionnels dont la récurrence est presque devenue une habitude quant il s’agit des travaux publics. Mais ce n’est que le sommet de l’iceberg. Le directeur de l’audit, Raj Jugurnath, avait d’ailleurs dénoncé des réclamations supplémentaires de Rs 500 millions en 2010 rien que sur la mise en place des réseaux de tout-à-l’égout. Elles concernaient plusieurs chantiers dont les Rs 166 millions du projet de Baie-du-Tombeau, soit 65% de la valeur initiale du contrat, de Rs 255 millions).

La question de Joe Lesjongard adressée au vice-Premier ministre et ministre de l’Energie et des Services publics, Rashid Beebeejaun,  le 15 mai dernier, avait permis de démontrer qu’aucune sanction conséquente n’avait été prise malgré les critiques acerbes de Raj Jugurnath. Il ressort que deux officiers de la Waste Water Management Authority (WWMA) ont été sévèrement avertis.

Le cas des Rs 94 millions à été dévoilé une semaine plus tard soit le 22 mai suite à une question de Rafick Sorefan au ministre des Infrastructures publiques, Anil Bachoo. Il s’avère que l’entrepreneur n’avait pas réalisé que la construction du fly-over nécessitait l’élargissement du port avant le début des travaux. Les mesures effectuées sur le chantier n’ont pas permis d’identifier le problème qui a été finalement classé comme unforeseeable circumstances (imprévus) sous le Public Procurrement Act (CPA)

Et puis mardi dernier Raffick Sorefan s’est attaqué à un autre dossier : la Ring Road. Le contrat pour la première phase a été alloué au partenariat Rehm-Grinaker/Colas pour un montant total de Rs 1,16 milliard.

A ce jour, le consortium a déjà réclamé Rs 150 millions avant même la fin de la première phase qui devait coûter initialement Rs 1,16 milliard. Certes, on est seulement à 13% de la valeur cotée initialement par Rehm-Grinaker/Colas, mais la somme reste néanmoins importante.

Le coût total de la Ring Road a été estimé à Rs 8 milliards et comprend le tunnel à être creusé sous la montagne des Signaux et le Harbour Bridge surplombant la rade de Port-Louis. Si les travaux additionnels continuent à fleurir au même rythme, la barre du milliard sera facilement atteinte à la livraison de la Ring Road. En postulant que les entrepreneurs pourraient se retrouver avec davantage de unforseeable circumstances une fois sous la montagne ou même sur les eaux de la rade de Port-Louis, la note risque d’être beaucoup plus salée.

Le gouvernement a promis d’investir Rs 21 milliards. De la même manière, si les travaux additionnels restent dans les paramètres du PPA, le coût final des ces investissements annoncés pourrait dépasser les Rs 30 milliards.

Nous aurons alors déjà remboursé les Rs 5 milliards de dettes encourus par la State Trading Corporation (STC) sur le hedging des produits pétroliers. Il suffira alors d''augmenter la ponction de la Road Development Authority (RDA) sur chaque litre de carburant vendu à la pompe pour payer le surplus.