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Infertilité : nouvelle option pour les couples

19 novembre 2013, 21:01

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Infertilité : nouvelle option pour les couples
Questions au Dr Suzanne Van Der Velden, gynécologue 
 
Vous avez séjourné à Maurice dans le cadre du 3e Congrès panafricain de l’action familiale dont la branche mauricienne célèbre cette année ses 50 ans. Vous qui êtes spécialisée en Napro Technologie, pouvez-vous nous expliquer cette méthode alternative à la fécondation in-vitro ?
 

La Napro Technologie est une technique de traitement qui a été développée il y a 40 ans par le gynécologue américain Thomas Hilgers. Elle fait partie des méthodes reproductives restauratrices, c’est-à-dire qu’elle restaure les dysfonctionnements au niveau reproductif. Cette méthode consiste à approfondir la recherche pour trouver le problème médical chez le couple et améliorer la fertilité naturelle par le biais de technologies de pointe. La Napro Technologie, qui a fait l’objet de recherches approfondies, s’est surtout répandue dans les pays anglophones et n’a gagné l’Europe continentale qu’il y a environ cinq ans. De nombreux médecins anglais, irlandais et polonais la pratiquent.

 

Pourquoi avez-vous choisi de vous spécialiser dans cette méthode ?

J’exerce depuis une dizaine d’années dans un hôpital public à Kleve en Allemagne et j’ai été bouleversée par de nombreuses femmes qui avaient essayé la FIV et qui souffraient de ses effets secondaires, soit de douleurs abdominales en raison  d’hyperstimulation hormonale ou encore de problèmes aux reins. J’ai revu certaines de ces femmes plusieurs semaines plus tard du fait qu’elles avaient fait une fausse couche et quelques-unes étaient même admises aux soins intensifs. Cette souffrance vécue, la question éthique posée par la FIV, cela m’a dont envie d’offrir autre chose aux couples infertiles désireux de concevoir. Je me suis donc tournée vers d’autres méthodes. En 2000, j’ai découvert que certains médecins se posant les mêmes questions, expérimentaient des méthodes reproductives restauratrices dont la plus efficace est la Napro Technologie. J’ai été me spécialiser en la matière aux Etats-Unis en 2003. Cette spécialisation destinée aux médecins et gynécologues dure deux semaines. Ensuite, elle se fait de façon continue par le biais de l’Internet. Nous sommes trois médecins en Allemagne à privilégier cette méthode. En Afrique, elle est pratiquée au Nigéria.

 

Concrètement, comment procédez-vous ?

Lorsque le couple souffrant d’infertilité vient me voir, j’essaie de découvrir quels sont les facteurs qui empêchent la procréation. Ils peuvent être endogènes comme des dysfonctionnements hormonaux, des troubles de l’ovulation, de la glande tyroïde ou d’ordre anatomique et physiologique qui affectent les organes. Mais ils peuvent aussi être exogènes comme le développement d’allergies liées à l’alimentation, le surpoids, le stress ou le style de vie.

 

Quels sont les facteurs responsables les plus courants ?

Il y a une combinaison de facteurs, les plus courants étant les dérèglements hormonaux et le stress. Selon la Napro Technologie, l’infertilité est donc un symptôme et non plus un diagnostic.  Lorsqu’ils n’ont pas de réponses à l’infertilité, plusieurs de mes confrères baissent les bras et dirigent les couples vers le FIV. Ceux qui pratiquent la Napro Technologie disposent d’une liste de contrôle très détaillée. On apprend à la femme à connaître son cycle pour localiser le problème et on traite celui-ci par médication ou intervention chirurgicale afin de normaliser le cycle et la fertilité. Il s’agit donc d’une méthode naturelle.

 

Où se situe donc l’aspect technologique dans cette méthode?

Nous améliorons la fertilité naturellement avec des moyens technologiques de pointe. Par exemple, si une femme présente un dérèglement hormonal important qui l’empêche de concevoir, je vais lui prescrire les mêmes médicaments utilisés par la FIV mais à doses moindres pour qu’elle n’en ressente pas les effets secondaires. Si le problème est d’ordre anatomique, j’opèrerai en utilisant par exemple le laser. Depuis 40 ans, la recherche se poursuit, les médicaments sont plus pointus et les techniques chirurgicales plus avancées. Nous les utilisons pour améliorer la santé et la fertilité du couple naturellement.

 

Quel est le taux de réussite de la Napro Technologie?

Il est comparable à celui de la FIV, soit entre 20 et 25 %.

 

Quel est son coût ?

En règle générale, cette méthode est beaucoup moins chère que la FIV. Mais s’il y a des interventions chirurgicales à effectuer, elle peut coûter presque autant. Tout dépend de la nature du problème et des interventions. Ce qui est dommage, c’est qu’elle n’est pas remboursée par les compagnies d’assurances alors que la FIV l’est.

 

Le suivi est constant ?

Il y a une constance mais en moyenne, je dirai que je vois la femme en consultation environ quatre fois l’an. Et quand elle tombe enceinte, je la suis durant sa grossesse en lui donnant des médicaments de la Napro Technologie qui réduisent les risques de pertes. Plus on traite durant la grossesse, moins on rencontre des problèmes néonataux. Et il n’y a pas plus de prématurés avec cette méthode que la moyenne.

 

Combien de grossesses avez-vous mené à bien avec la Napro Technologie ?

Une trentaine jusqu’ici.

 

Presque tous les facteurs responsables évoqués par vous ont trait à la femme. Et l’homme dans tout cela ?

Je connais le poids psychologique de l’infertilité et c’est pour cela que je vois le couple en consultation. Dès le début du traitement, je demande un spermogramme. Si le résultat n’est pas bon, je réfère l’homme à un urologue pour des analyses approfondies. Celui-ci va chercher les infections qui sont très souvent causes d’infertilité et qui sont traitables. Une analyse de sang peut déceler des problèmes hormonaux qui le sont aussi.