Publicité

Industrie sucrière : Comment le laboureur parvient à une moyenne de Rs 22 000 par mois

14 juin 2010, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Industrie sucrière : Comment le laboureur parvient à une moyenne de Rs 22 000 par mois

Un laboureur travaillant pour l’industrie sucrière peut parvenir à toucher des salaires mensuels de Rs 22 000 actuellement, ainsi que l’a fait ressortir la Mauritius Sugar Producers Association (MSPA). Mais à quel prix ?

Lexpress.mu a tenté de répondre à cette interrogation. Et notre enquête nous permet de découvrir ce que cela requiert au laboureur comme efforts et temps passé dans les champs. Selon l’organisation patronale, en 2009, un laboureur a ramené chez lui, en moyenne, la somme précise de Rs 22 067 mensuellement. Pour un salaire de base de Rs 7 366, fait ressortir le front syndical.

La MSPA parvient à ce chiffre en divisant par douze les revenus totaux des laboureurs pour l’année 2009. C’est-à-dire, pour 2009, Rs 265 000 ont été versés à chaque laboureur. Toujours selon l’exercice purement comptable de la MSPA.

Notre enquête démontre que durant les six premiers mois de l’année, l’employé agricole a reçu une rémunération moyenne de Rs 8 000, pour un salaire de base de Rs 7 336. Pour toucher ces Rs 664 supplémentaires, l’employé doit faire un peu plus que ce qui est prévu pour sa journée normale. Par exemple, il reçoit Rs 40 par jour pour répandre de l’herbicide dans les champs.

Pendant la coupe, de juillet à novembre, à la force de ses bras, il peut même espérer toucher jusqu’à Rs 28 000. Fin décembre il recevra son bonus de fin d’année, annexé sur sa régularité et son assiduité au travail ainsi que sur son ancienneté dans l’entreprise. Plusieurs conditions sont nécessaires pour arriver à Rs 265 000 : travailler six jours sur sept pendant la coupe sans se prévaloir d’un seul jour de congé ¬ le moindre arrêt ayant un impact négatif conséquent sur ses bonus de productivité et de présence ¬ couper pas moins de 450 tonnes de cannes, qu’il aura transportées sur une distance moyenne de dix mètres, et compter un temps de service minimal d’une vingtaine d’années. Cinq jours de local leave en période de récolte entraîneraient ainsi une baisse de quelque Rs 50 000 sur l’année.

Autres caractéristiques du laboureur qui touche Rs 28 000 par mois : assidu et doté d’une santé physique à toute épreuve, il aura, en 2009, coupé et transporté ¬ «coupé-tiré», dit-on dans le milieu - 3 tonnes de cannes par jour en moyenne, en l’occurrence le double du quota attendu. A la fin du mois de décembre, il touchera ainsi la somme de Rs 75 000. Puisqu’il aura fait preuve d’une régularité exceptionnelle de juillet à novembre, aux champs dès 4 h du matin et accomplissant 14 heures de travail en moyenne. La fraîcheur matinale en hiver ni le soleil de plomb en été ne sauront l’empêcher d’atteindre son objectif.

Cependant, cette somme ne comprend pas seulement ses salaires et son bonus de fin d’année. Il recevra en même temps les autres gratifications – présence, ancienneté et assiduité – auxquelles il a droit et qui sont annexées à l’effort et aux qualités physiques qu’il aura déployés tout au long de l’année. En même temps, lui seront remboursés, tous les local leaves et sick leaves dont il ne s’est pas prévalu.

En somme, l’ouvrage d’un laboureur dans l’industrie sucrière peut illustrer les dérives d’une formule comme : «travailler plus pour gagner plus».