L’annonce de l’augmentation des tarifs du CEB suscite une vague d’indignation des associations de défense de consommateurs. Qui évoquent mauvaise gestion et manque de transparence.

«Incompréhensible et inacceptable.» C’est ainsi que le président de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) réagit à l’annonce du fournisseur d’électricité de majorer ses tarifs de 10%. Jayen Chellum dénonce le manque de transparence, les investissements farfelus et la mauvaise gestion au Central Electricity Board (CEB).

Il observe que le prix de l’électricité augmente «presque chaque année». Et de citer des cas précis : hausses de 20% en 2008 et de 10% en 2009. «Le CEB est mal géré. Cette institution ne joue pas la carte de la transparence. Elle a fait toute une série d’investissements farfelus et ce sont les consommateurs, bien sûr, qui en paient le prix», soutient-il. A son avis, la régulation est la solution idéale.

«Pourquoi n’y a-t-il pas de régulateur pour le fonctionnement du CEB comme c’est le cas pour Mauritius Telecom ? La loi pour la régulation a été votée depuis des années, quand compte-t-on la promulguer pour la rendre effective? L’ACIM y insiste depuis 2000. Je ne comprends pas pourquoi, quand il s’agit de réglementer le secteur privé, le gouvernement peut agir très rapidement, mais quand il s’agit de s’auto-réglementer, c’est une autre histoire», conclut-il.

Le président de l’ACIM estime que le CEB devrait dévoiler tous ses chiffres, de même que les détails de ses projets d’investissements passés et présents.

De son côté, Jean-Clément Cangy, secrétaire de l’Institut pour la Protection des Consommateurs (ICP), juge cette augmentation «tout à fait scandaleuse». Il critique également l’opacité des mesures du CEB. «Le CEB n’avance aucune raison pour justifier cette majoration. Est-elle due à une mauvaise gestion ou à d’autres facteurs ? Si oui, lesquels ? Il n’y aucune transparence au CEB», affirme-t-il. Le secrétaire de l’ICP prévient les consommateurs qu’ils doivent s’attendre «à une cascade d’augmentations», suite à celle des tarifs du CEB. «Des augmentations qui pénaliseront davantage les Mauriciens, qui font déjà face à la cherté de la vie», fait-il ressortir. Jean-Clément Cangy s’interroge : «Avec ces augmentations, comment les ménages moyens vont-ils joindre les deux bouts à la fin du mois ?»

Pour sa part, Swaley Kasenally, ancien ministre de l’Energie et président du conseil d’administration du CEB de 2000 à 2003, se dit «offusqué» par cette hausse du prix de l’électricité. Selon lui, la direction du CEB est «irresponsable». «Elle investit Rs 25 M dans des ampoules soi-disant économiques, elle gaspille autant d’argent et, après, demande aux consommateurs de payer plus, en augmentant les tarifs ? Mais le CEB se fout des gens !» s’exclame-t-il. «Ce sont les consommateurs qui payent toujours les pots cassés», lâche celui-ci, d’un ton amer.