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Harbour Bridge : l’Etat réquisitionne les terres des habitants de Les Salines

27 avril 2012, 00:00

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Harbour Bridge : l’Etat réquisitionne les terres des habitants de Les Salines

Quelques 40 familles habitant de Les Salines ont reçu une lettre du ministère des Terres leur informant que l’Etat fera l’acquisition de leurs biens, dans le cadre de la construction du  Harbour Bridge. Une évaluation sera faite pour déterminer le montant de la compensation qui leur sera versée.


La grogne des habitants n’aura rien changé à la décision du gouvernement d’aller de l’avant avec la construction du Harbour Bridge. Ce pont à péage, aussi appelé le Dream Bridge s’inscrit dans un projet visant à décongestionner les rues de Port-Louis. Long de 2,7km, il partira à côté du collège Royal de Port-Louis pour déboucher sur le pont Lataniers, à Roche-Bois. Ce projet d’un coût de Rs 8 milliards sera réalisé selon le concept du partenariat public-privé (PPP).

Afin de mener à bien ce projet, l’Etat va faire l’acquisition obligatoire des terrains qui se trouve sur le tracé de la route menant au pont. Dans une lettre adressée aux familles habitant cet itinéraire est datée du 19 avril, le ministre des Terres et du Logement, Abu Kasenally écrit : «J’ai décidé d’acquérir obligatoirement, au nom de l’Etat, un lopin de terre situé à Les Cassis et à Les Salines à Port-Louis pour la construction du Harbour Bridge sous le Public-Private Partnership Road Decongestion Program ».

Le ministre donne ensuite tous les détails des parcelles qu’ils souhaitent acquérir. Abu Kasenally invite, par la même occasion, les personnes concernées à soumettre le montant de la compensation à laquelle ils pensent être éligibles dans un délai de 14 jours, à compter du 14 avril 2012, date à laquelle l’avis d’acquisition avait été publié.

Rien qu’avec l’annonce du projet, en novembre dernier, la panique a saisi les habitants. En recevant cette lettre, Robin Tharanee, porte-parle des familles concernées, avance que ses voisins sont atterrés en réalisant qu’ils devront quitter leurs demeures qu’ils ont occupé durant des décennies.

«Dans certains cas, des personnalités font convertir la maison de leur père en musée. Moi, mon père a construit cette maison, mes enfants sont nés ici, j’y ai vécu cinquante années de ma vie et l’Etat décide de m’arracher ce bien. Je ne m’imagine pas vivre ailleurs », lâche Robin Tharanee, tenant sa lettre entre les mains. Il fait appel à l’Etat pour que le délai de 14 jours soit étendu afin que les habitants prennent le temps de calculer le montant que l’Etat doit leur verser.

Robin Tharanee est d’ailleurs bien informé de la situation de son quartier et des développements qui se font. Il indique que le projet Neotown, du groupe indien Patel pour un bail de 99 ans a une valeur inestimable. «Pour les habitants de la région, on va nous donner une compensation qui ne vaut rien. Combien de millions pourra-t-on me donner en échange de ma maison ? », s’interroge Robin Tharanee. Il précise que l’évaluateur du ministère des Terres et du Logement a déjà visité sa demeure.


Dans ce faubourg de Port-Louis, le garage Sanashee se trouve sur le tracé du pont. Il est situé à un endroit stratégique et les propriétaires se demandent à combien ils vont calculer leur manque à gagner.

Ayant compris qu’ils sont forcés de quitter les lieux, les propriétaires affirment, tout de même, que l’Etat devra y mettre le prix fort. D’ailleurs, ils considèrent que leur terres doit valoir une petite fortune puisqu’elle se trouve à quelques mètres de Neotown.