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Haïti: l''épidémie de choléra gagne Port-au-Prince

10 novembre 2010, 00:00

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Haïti: l''épidémie de choléra gagne Port-au-Prince

L''''épidémie de choléra a atteint Port-au-Prince, menaçant les quelque trois millions d''habitants de la capitale haïtienne, dont près de la moitié vivent dans des conditions précaires dans des camps de toile mis sur pied après le séisme dévastateur du 12 janvier.

Des analyses ont confirmé qu''un enfant de trois ans qui n''était pas sorti de la ville et vivait dans un camp de réfugiés avait contracté la maladie, ont déclaré lundi soir les autorités sanitaires à l''Associated Press. Plus de 100 autres cas présumés de choléra concernant des habitants de Port-au-Prince étaient en cours d''analyse.

Apparue le mois dernier, l''épidémie a déjà fait 544 morts à Haïti, a déclaré à l''AP le directeur exécutif du ministère de la Santé, Gabriel Timothee. L''enfant de trois ans, qui vit dans un camp de réfugiés, a été hospitalisé le 31 octobre pour une déshydratation sévère, des nausées, des vomissements et des diarrhées. Il a été réhydraté par voie orale, a reçu des fluides intraveineux et des antibiotiques, et a pu quitter l''hôpital.

Une analyse a montré que le jeune patient était porteur du vibrio cholerae 01, bactérie à l''origine de la maladie. La famille de l''enfant n''avait pas voyagé depuis plus d''un an et n''avait pas été en contact avec des personnes venant de la vallée de l''Artibonite, principal foyer de l''épidémie.

De nombreux cas de choléra recensés à Port-au-Prince concerneraient des personnes récemment arrivées de la vallée de l''Artibonite, où l''on a répertorié plus de 6.400 des 8.138 cas connus dans le pays, selon les autorités.

Depuis son apparition fin octobre, la maladie s''est étendue à la moitié des départements haïtiens. Plus de 200 personnes ont été hospitalisées dans le département de l''Ouest, qui englobe Port-au-Prince. Le choléra n''avait jamais été observé dans le pays auparavant.

Les autorités craignent que les inondations provoquées par l''ouragan Tomas vendredi et samedi ne favorisent la propagation de la maladie, transmise par l''ingestion d''eau ou d''aliments contaminés par des matières fécales.

Les conditions de vie dans les camps de réfugiés de Port-au-Prince se sont "détériorées à cause de la tempête", souligne l''ONG Partenaires de santé, basée à Boston. "L''eau stagnante, la boue, une collecte des ordures insuffisante et un accès limité aux sanitaires" rendent les camps particulièrement vulnérables à l''épidémie, souligne-t-elle.

Anticipant l''arrivée du choléra à Port-au-Prince, les organisations humanitaires et les autorités sanitaires ont mené une campagne de prévention auprès des habitants, recommandant notamment de se laver régulièrement les mains et de cuire suffisamment les aliments. Elles ont également mis sur pied des cliniques dans la ville.

L''origine de l''épidémie continue à faire débat. Selon les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), une souche du choléra présente en Asie du Sud ressemble fortement à celle observée à Haïti.

Des experts en santé publique, dont Paul Farmer, envoyé spécial adjoint de l''ONU à Haïti, demandent une enquête approfondie sur l''origine de l''épidémie. Ils estiment qu''il convient notamment d''étudier la piste d''une possible introduction du choléra par des casques bleus de l''ONU originaires du Népal, où la maladie est endémique.


 AP