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Grande Bretagne: Le scandale News of the World inquiète le Premier minister David Cameron

19 juillet 2011, 00:00

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Grande Bretagne: Le scandale News of the World inquiète le Premier minister David Cameron

La tempête déclenchée par le scandale des écoutes téléphoniques imputées à News of the World semble se rapprocher dangereusement de David Cameron, après avoir fait tomber deux hauts dirigeants de Scotland Yard.

Le Premier ministre a écourté un déplacement en Afrique du Sud et rentrera mardi à Londres. Il a dû s''''expliquer lors d''une conférence de presse à Pretoria sur sa gestion du scandale et sa proximité avec des responsables du tabloïd.

Le Premier ministre a embauché en 2007 Andy Coulson, ancien rédacteur en chef de News of the World, pour devenir son porte-parole.

Ce dernier venait d''être contraint à la démission en raison de l''incarcération d''un journaliste du tabloïd impliqué dans des écoutes téléphoniques. Andy Coulson a quitté en janvier ses fonctions auprès du chef du gouvernement. Il a été arrêté le 8 juillet puis libéré sous caution.

Le scandale des écoutes de News of the World a fait lundi une nouvelle victime au sein de la police métropolitaine. Scotland Yard a annoncé la démission de John Yates, responsable de la cellule antiterroriste, qui avait décidé en 2009 de ne pas rouvrir l''enquête sur cette affaire malgré les 11 000 pages de preuves à disposition de la police.

Le chef de la police de Londres, Paul Stephenson, avait démissionné la veille en raison des soupçons de corruption au sein de la police et de la légèreté des enquêtes sur les accusations d''écoutes illégales portées dès 2005.

Les soupçons de collusion entre la police et News of the World tiennent à l''emploi de Neil Wallis, ancien rédacteur en chef adjoint du tabloïd, comme conseiller en communication de la police.

Paul Stephenson a également séjourné dans un établissement thermal de luxe dont Neil Wallis était l''un des conseillers en communication. L''ancien journaliste a été arrêté la semaine dernière.

Le scandale des écoutes a provoqué la disparition de News of the World et l''arrestation dimanche de Rebekah Brooks, ancienne rédactrice en chef du tabloïd puis patronne de News International, la branche britannique de News Corp. Elle a été libérée sous caution depuis lors. Rebekah Brooks affirme qu''elle n''était pas au courant des mises sur écoute de milliers de personnes.

David Cameron est un ami de Rebekah Brooks et était déjà accusé d''une trop grande proximité avec Rupert Murdoch.
En annonçant sa démission, Paul Stephenson a comparé à mots couverts sa situation à celle du Premier ministre.

Neil Wallis n''était pas lié au scandale quand il a été embauché par Scotland Yard, a souligné Stephenson, à l''inverse d''Andy Coulson, longtemps porte-parole de David Cameron.

"Je ne pense pas que les deux situations soient les mêmes, que ce soit sur le fond ou sur la forme", a estimé David Cameron à Pretoria.

"Il y a une différence avec la situation à la police métropolitaine, où de toute évidence la question de savoir si l''enquête a été menée ou non dans les règles se pose", a-t-il ajouté.

L''opposition travailliste a sauté sur l''occasion pour critiquer le Premier ministre.
"Il est frappant que Sir Paul Stephenson assume ses responsabilités et réponde aux questions (...) (tandis que) le Premier ministre persiste à refuser de reconnaître son erreur de jugement et de répondre aux questions", a dit Yvette Cooper, porte-parole du Labour sur les affaires intérieures.

Tim Bale, professeur de sciences politiques à l''université du Sussex, évoque une "crise de gouvernance".
"La démission (de Paul Stephenson) nous projette au-delà du simple cas de quelques brebis galeuses (...) On a l''impression que les choses échappent à tout contrôle."

Iain Dale, éminent observateur de la droite britannique, écrit sur son blog : "J''ai du mal à croire que je sois en train d''écrire ça, mais il n''est plus impossible d''imaginer que ce scandale renverse le Premier ministre, et même le gouvernement."

Pour autant, cette perspective est lointaine et les éléments connus jusqu''à présent ne le mettent pas réellement en danger, estime Toby Young, du journal conservateur Daily Telegraph.

Les révélations sur les méthodes de News of The World et d''autres journaux de News International ont suscité une indignation générale en Grande-Bretagne. Elles ont aussi soulevé des interrogations quant à l''influence qu''exercerait Rupert Murdoch sur la classe politique.

Que Rupert Murdoch ait renoncé provisoirement à l''acquisition du bouquet de chaînes satellite BSkyB, fait disparaître News of The World et présenté des excuses dans la presse n''a pas suffi à éteindre la colère des Britanniques.

Les membres de la commission des médias comptent le soumettre à un feu roulant de questions mardi, de même que son fils et successeur présumé, James, et Rebekah Brooks.

La Grande-Bretagne devrait avoir les yeux rivés sur les chaînes d''information de la BBC et de Sky - dont News Corp est actionnaire - durant l''audition, qui sera retransmise en direct.

Elle sera l''occasion pour la classe politique britannique de mettre en scène sa rupture avec Murdoch, après avoir tenté durant des décennies de gagner le soutien de ses journaux.

"Je ne veux pas que nous les lynchions", a dit le conservateur John Wittingdale, président de la commission. "D''un autre côté, je ne veux pas qu''ils s''en sortent sans répondre précisément aux questions que nous avons", a-t-il dit à la BBC.

Une dizaine de parlementaires interrogeront le magnat et son fils dans une salle exigüe et surchauffée de la Portcullis House, une annexe du parlement.

Seuls 50 journalistes ou citoyens pourront accéder à la salle. Ils devront arriver de bonne heure et jouer des coudes pour assister au spectacle.


 ( Source: Reuters)