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Gérald Cheong Hak Ming: «Maurice commence à affirmer son identité mondialement»

26 décembre 2010, 00:00

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Gérald Cheong Hak Ming: «Maurice commence à affirmer son identité mondialement»

Gérald Cheong Hak Ming est un Mauricien qui vit en Suisse depuis 1982. Il revient régulièrement à Maurice, chaque année, pour les vacances. Il raconte son parcours de Maurice à la Suisse, en passant par l’Angleterre. Il est d’avis que Maurice commence à s’imposer mondialement.

Le Mauricien Gérald Cheong Hak Ming est directeur financier d’une compagnie américaine en Suisse. Il vit ce pays depuis 1982, après avoir épousé une Suissesse qui lui a donné deux enfants. Toutefois, il prend des vacances deux à trois fois par an à Maurice. Comme bon nombre de Mauriciens à l’étranger, il reste très attaché à son île natale et suit de près l’actualité locale.

Il juge positif  l’amélioration du système routier, avec la construction de nouvelles autoroutes et l’augmentation du nombre de voies sur les routes. Mais il regrette que «Port-Louis reste toujours embouteillé» et que «les gens soient très indisciplinés sur les routes».

Cependant, il reste perplexe face au nombre de propriétés d’Integrated Residential Scheme (IRS) et d’Estate Residential Schelme (ERS) ou de centres commerciaux qui sortent de terre chaque année. «Je prends l’exemple de Péreybère, où j’habite pendant mes vacances. A chaque visite, je vois une nouvelle construction IRS ou ERS. Sans parler des centres commerciaux. Je me demande comment on pourra rentabiliser tout ça ? Les étrangers qui achètent des IRS ou des ERS ont tous les moyens. Ils mènent une vie différente. Je me demande si cette différence ne suscite pas une espèce de convoitise chez les Mauriciens, qui peuvent se sentir frustrés. Je m’interroge aussi sur la disponibilité de terrains pour les générations futures si l’on vend autant des terres du pays aux étrangers», dit-il.

Gérald Cheong Hak Ming précise tout de même qu’outre ses interrogations dans ce sens, il est «très fier» du fait que Maurice progresse au niveau global. «Le pays se développe et commence à avoir sa propre identité au niveau mondial», remarque-t-il. Il fait référence au fait que le gouvernement mauricien poursuive l’état britannique pour les Chagos. «Cela signifie que même si nous sommes un petit pays, nous n’avons pas peur de défendre notre identité et nos droits», souligne-t-il, impressionné.

Gérald Cheong Hak Ming est né en 1957 à Port-Louis. Ses parents sont alors boutiquiers. Dernier enfant de la famille, il a cinq sœurs et deux frères. Il est inscrit à l’école Champ de Lort (aujourd’hui Raoul-Rivet GS), dans la capitale. En 1969, il obtient ce qui était connu comme la petite bourse au terme du cycle primaire. «Mes parents étaient à cheval concernant l’éducation. Il fallait apprendre. Même si les parents ne sont pas éduqués, ils tenaient à ce que leurs enfants fassent mieux qu’eux. Pour celui ou celle qui obtient la petite bourse, le collège est gratuit», explique-t-il.

Quelques temps avant qu’il n’obtienne la petite bourse, sa famille déménage à Quatre-Bornes. «Nous avons déménagé à Quatre-Bornes parce que mon père travaillait déjà dans cette région et parce que nous recherchions la sécurité à cause des bagarres communales de 1968», précise-t-il. Une bonne initiative de bouger, puisque Gérald Cheong Hak Ming est admis en 1970 au Collège-du-St-Esprit, à quelques centaines de mètres de sa maison.

1968, c’est aussi l’année où Maurice accède à l’indépendance. Gérald Cheong Hak Ming se souvient à ce sujet, que tant à l’école Champ-de-Lort qu’au Collège du St Esprit, les élèves devaient apprendre l’hymne national mauricien. «Nous devions connaître l’hymne par cœur, le réciter tous les matins à l’assemblée. Nous apprenions aussi la signification des couleurs du drapeau… La nation mauricienne était en construction», déclare-t-il.

A l’obtention du Higher School Certificate (HSC), Gérald Cheong Hak Ming est déterminé à aller à l’étranger. «A l’époque, toute la jeunesse mauricienne aspirait à étudier à l’étranger», indique-t-il. «C’était un one way ticket. Mes parents n’avaient pas beaucoup de moyens mais ils avaient assez d’économies pour m’envoyer en Angleterre où j’ai rejoint ma sœur, qui y a fait des études en Nursing», confie-t-il.

En 1977, Gérald Cheong Hak Ming commence ses études tertiaires au Polytechnic of Central London. Il enchaîne les petits boulots, notamment à McDonalds. En 1980, il décroche un Bachelor of Arts in Social Science. Il ne quitte pas l’Angleterre, mais trouve de l’emploi comme trainee accountant dans une compagnie de distribution. Il rencontre aussi l’amour : une Suissesse qui finit ses études de langues. Ils s’installent en Suisse en «huitante deux», dit-il. Et de préciser : «c’est ainsi que les Suisses et les Belges disent 82». Ils ont deux enfants, un fils qui a aujourd’hui 24 ans et une fille, 21 ans.

En Suisse, Gérald Cheong est embauché rapidement comme comptable dans une compagnie américaine qui fabrique des électrovalves. Après sept années, il quitte cet emploi et il est embauché dans une autre compagnie américaine, spécialisée en microtechnique. Il est chargé de la comptabilité et de la planification stratégique de cette entreprise. Vu que le jeune cadre aime acquérir de nouvelles expériences, après sept années de service, il trouve un nouvel emploi comme directeur financier dans une multinationale américaine très diversifiée, au chiffre d’affaires de $ 18 milliards par an. Il y travaille toujours.

Interrogé sur la possibilité qu’il revienne s’installer à Maurice, Gérald Cheong Hak Ming répond «c’est envisageable». Une réintégration à la vie mauricienne qui sera d’autant plus facile que depuis 1997, il passe environ un mois par an à Maurice retrouvant les membres de sa famille et ses camarades d’enfance et d’adolescence. Et pour s’adonner à sa nouvelle passion : la pêche. Il n’aura aucune difficulté à quitter les lacs et les rivières suisses pour lancer sa ligne dans le lagon mauricien, rien que pour le plaisir de frire quelques cordonniers en partageant un verre avec des amis…