Les pays africains doivent réorienter leurs énergies et réformer leurs économies afin d’atteindre  une plus  grande  intégration régionale et d’améliorer leur positionnement dans l’économie mondiale. C’est ce qu’a affirmé le chef du gouvernement mauricien, Navin Ramgoolam, ce dimanche 21 novembre, lors du forum Mo Ibrahim, au Centre Swami Vivekananda, à Pailles.

Le  Premier ministre propose plusieurs mesures à cet effet. Il faut d’abord briser les barrières qui bloquent le flux du commerce, ainsi que le mouvement de la main-d’œuvre et des capitaux, soutient le Dr. Navin Ramgoolam. Cela permettra  de créer une zone de libre-échange vraiment efficace et éventuellement, un marché commun africain, ajoute-il.

Il suggère par ailleurs la création d’un panel d’experts sur  l’élaboration et l’application des réformes économiques. «Nous devons créer un panel d’experts régionaux réunissant les pays qui ont appliqué des réformes avec succès et ceux qui veulent entreprendre des réformes, ainsi que les partenaires de développement, afin de guider les secrétariats des organisations régionales et les pays membres et les aider à établir  des priorités et séquencer l’application de ces réformes», déclare-t-il.

Une autre proposition du Dr Ramgoolam porte sur  le développement des capacités, notamment la mise en œuvre d’un programme pour améliorer le climat des investissements économiques, de même  que l’environnement concernant les «business facilities ». Ce programme servira aussi à faciliter l’installation d’entreprises dans les différents pays de la région, aidera à générer plus d’emplois productifs et à augmenter notre part  d’investissements étrangers directs (IED), selon Navin Ramgoolam.

Le Premier ministre  souligne  également  que durant les dernières décennies, seulement 10 à 12 % du commerce africain s’est fait en direction des pays du continent. Par contre, le commerce intra régional en Asie se chiffre à 57% et celui de l’Amérique du Nord à 40%.

 «Le commerce régional en Afrique est trop bas, le plus bas de tous les continents. Cela  reflète l’échec de l’Afrique à surmonter les plus importantes barrières qui handicapent l’intégration verticale et horizontale des firmes au delà des frontières nationales», poursuit le Premier ministre.

Le chef du gouvernement a aussi parlé de bonne gouvernance. Il dit être «un fidèle partisan du pouvoir des institutions, qui sont conductrices de la croissance économique et de la mobilité sociale». Il cite alors les accomplissements de Maurice dans les classements d’organisations mondiales.

«Je suis très fier que Maurice est fréquemment hautement classé en termes de gouvernance et de  liberté économique et de facilités de faire du business», déclare-t-il. Pour rappel, Maurice est classée à la tête du classement Mo Ibrahim de la gouvernance en Afrique.

Le Premier ministre espère que la rencontre des leaders africains dans le cadre du  forum de la fondation Mo Ibrahim «aidera à semer les germes pour le succès du développement durable dans la région». 

Autre sujet abordé : la paix et la sécurité en Afrique. «Maurice soutient les initiatives africaines dans ces domaines », assure-t-il. Il rappelle l’implication de notre  pays au sein  des organisations régionales, telles  le Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA), la Southern African Development Community (SADC) et la Commission de l’Océan Indien (COI), dans la lutte contre la piraterie. De plus, il réitère son soutien au médiateur de la SADC, l’ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, dans les efforts en vue de résoudre très vite la crise  politique à Madagascar.

A noter que plusieurs leaders africains étaient présents à Pailles lors de l’intervention du Dr Navin Ramgoolam, notamment  l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, l’ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, l’épouse de l’ancien président sud-africain, Nelson Mandela, Graca Machel, et Abdoulie Janneh.