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Finale de la Copa Coca Cola: Roger Milla comme attraction

8 mai 2010, 00:00

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Finale de la Copa Coca Cola: Roger Milla comme attraction

La Copa Coca Cola connaîtra une fin en apothéose, aujourd’hui, avec la très attendue finale au Stade Germain Comarmond. Les hostilités débuteront à 13h30 par le match de classement entre la Sélection de Flacq et l’Entente ASPL 2000/PAS Mates.

La finale mettra aux prises Curepipe à Rivière-Noire vers 15h30. Cette compétition des jeunes sera marquée par la présence de Roger Milla comme « Guest Star ». Il a rencontré la presse hier au Four Points Sheraton Hotel à Ebène.

La légende du football africain est à Maurice depuis mardi dernier. Sa visite d’une semaine vise à donner un cachet particulier à ce tournoi dédié aux jeunes.

Celui qu’on surnomme le « Vieux Lion » et qui a rangé ses crampons en 1996 a parlé hier de cette finale des moins-de-17 ans et demandé de la patience au président Prem Jodha concernant la relance du football qui, selon lui, portera ses fruits dans quelques années. Tous ces jeunes auront une source de motivation supplémentaire de se donner à fond, dans les deux matches au menu, devant un Roger Milla qui, à 58 ans, sera l’attraction à Bambous.

Didier Pragassa


Entretien

Roger Milla, ambassadeur itinerant du Cameroun

« Un pays africain champion du monde ? Difficile d’y croire ! »

Sorti de sa retraite footballistique à 38 ans pour participer à la Coupe du monde 1990, dont il sera le héros, Roger Milla a marqué l’histoire du football. 20 ans plus tard, le joueur emblématique des Lions Indomptables n’a rien perdu de son aura et de son franc-parler. Figure principale de la campagne marketing de Coca-Cola pour la Coupe du monde 2010, le Camerounais est à Maurice dans le cadre de la Copa Coca-Cola. Rencontre avec une légende toujours en pleine forme. A 58 ans !

Roger Milla, que devenez vous ?

- Je m’occupe des enfants défavorisés, j’ai créé une fondation depuis 2005. On vient ainsi par exemple en aide à des enfants dont les parents sont en prison et n’ont personne pour s’occuper d’eux. Je suis également ambassadeur itinérant du football, rattaché à la présidence du Cameroun. Je voyage et je fais la promotion du football à travers le monde.

Maurice est un endroit familier pour vous…

Oui j’en suis à ma quatrième visite ? J’étais venu pour les championnats d’Afrique juniors en 1993, mais ça a changé, je ne reconnais plus Port-Louis par exemple.

20 ans après vos exploits en Coupe du monde, on parle toujours des exploits de Roger Milla au Mondial 1990. Est-ce flatteur ou pesant pour vous ?

On ne peut pas dire que ce soit l’un ou l’autre. C’est tout simplement l’image de la personne qui reste. Celle d’un athlète qui est resté et qui restera toujours, qui ne sera jamais effacé, comme Pelé ou Maradona.

Votre petite danse pour célébrer vos buts lors de la Coupe du monde 90 a frappé l’imaginaire et ouvert la voie à toutes sortes d’originalités aujourd’hui. Qu’en pensez vous ?

C’est normal que tout footballeur veuille célébrer son but. Reste à savoir de quelle manière on le fait… Moi, je peux dire que j’ai été inspiré par la volonté divine à cet instant. Je me suis dirigé comme ça vers le poteau de corner et je me suis mis à danser… Je n’avais pas vu qu’il y avait le sponsor Coca-Cola à cet endroit (rires).

Mais c’est le destin, c’est dieu qui a voulu ça, regardez aujourd’hui (rires).

On sent que ce geste a marqué votre carrière…

Je suis fier aujourd’hui car cette danse est respectée et a fait respecter le continent africain. On aura beau avoir de grands joueurs en Europe, si le football africain n’est pas respecté ça ne sert à rien. Aujourd’hui, les Africains sont les meilleurs. Nous sommes dans tous les grands clubs européens.

Le Brésil est le premier à reconnaître que les Africains sont les meilleurs.

Samuel Eto’o, qui fait une belle saison avec l’Inter peut-il être le nouveau Roger Milla et devenir le héros du Mondial Sud africain ?

- Non pas le nouveau Roger Milla. Il sera peut être le nouveau Samuel Eto’o ! Vous savez, chacun a son image, ses qualités et ses défauts. Eto’o a les siens. C’est bien que dans un pays il y ait une continuité avec des stars qui se succèdent. C’est le cas au Cameroun.

Demain quand Samuel va s’éteindre, il nous faudra une autre star. Mais je ne suis pas inquiet pour ça, il y a énormément de talents au Cameroun grâce à notre formation.

Le Cameroun c’est un mythe. Mais il n’a pas fait peur à grand monde à la dernière Coupe d’Afrique des Nations. C’était quoi le problème ?

Trop d’indiscipline autour du Cameroun. Nous n’avons pas encore d’équipe, c’est un peu n’importe quoi. Il faudrait en avoir une avant de rêver. Avec la débâcle qui a suivi on peut se poser des questions pour la suite. Il faut réformer un certain nombre de choses qui ne tournent pas rond dans l’administration de la sélection.

S’il y a une bonne organisation, un bon stage, de bons joueurs pour composer l’équipe nationale on pourra faire quelque chose de bon. Mais il faut avant tout une très bonne discipline.

Paul Le Guen est-il l’homme de la situation selon vous ?

Oh, difficile de le dire. Par ce que pour l’instant il n’a rien apporté à notre équipe nationale.

Nous espérons qu’il va mettre tout en oeuvre pour mettre une grande équipe en place pour prouver que lui-même a été un grand joueur et sera un grand entraîneur.

Mais qu’est-ce qui vous permet d’être optimiste pour les Lions au Mondial alors ?

Parce que je connais mon pays. Parce que je connais le joueurs. Parce que je connais la mentalité des Camerounais.

Quand ils sont au top niveau, ils sont capables de casser des montagnes ! Maintenant, il reste à voir dans quel état d’esprit ils vont aborder la préparation et la Coupe du monde.

Quel est votre favori pour le Mondial 2010 ?

- Il y a 32 équipes et ils sont tous favoris (rires). J’aimerai dire le Cameroun bien sûr, mais ils ont du travail. Il faudra d’abord stopper le désordre qu’on voit depuis un an et demi et que chacun reste à sa place. Prenez l’exemple du Brésil. Ils préparent l’événement de juin prochain depuis la fin du Mondial 2006. Ils ont mis Dunga et se sont mis tout de suite au boulot. Ils ont un projet cohérent et sont disciplinés. Je les vois bien aller très loin.

Etre champion du monde c’est un rêve inaccessible pour l’Afrique ?

Heu… Difficile d’y croire. La Coupe du monde c’est difficile. Je vous l’ai dit, il faut travailler pour gagner. Les équipes africaines ne le font pas. J’espère que les six équipes africaines vont bien nous représenter. Mais si nous partons en rang discipliné, avec du travail, on peut, peut être pas gagner la Coupe du monde, mais du moins créer la surprise. Faire parler encore du continent africain.

L’Angleterre a failli mordre la poussière face à vous et votre équipe à la Coupe du monde 1990. Comment la voyez-vous cette fois-ci ?

Ils ont beaucoup changé, ils sont plus forts qu’il y a 20 ans. En 90, ils se reposaient sur deux ou trois joueurs. Aujourd’hui, ils ont de grands joueurs partout, comme Rooney, et surtout ils ont un grand entraîneur en la personne de Fabio Capello.

Vous avez disputé une Coupe du monde à 42 ans (USA 1994) et même inscrit un but. Quelqu’un battra-t-il ce record un jour ?

Je prends les paris (rires). Vous avez dit au cours de la conférence de presse qu’il faudra attendre un siècle avant de voir ça, vous êtes sérieux ?

Oui, ce sera très difficile. Franchement, participer à une Coupe du monde quand on a plus de 40 ans et marquer un but ce sera vraiment dur ! Surtout avec le dopage et tout ça. Regardez, moi j’ai toujours eu une bonne hygiène de vie, je partais me coucher tôt etc.

Les jeunes ont trop de distraction autour d’eux maintenant. Le joueur qui voudra battre ce record devra mener une vie saine et faire des sacrifices toute sa vie. Et puis, je pense qu’il faut croire dans le seigneur tout-puissant et être fairplay, c’est lui qui vous fera gagner.

Certains ont tort de croire qu’ils peuvent tout faire sans dieu, juste avec leur force. C’est l’exemple que j’ai donné. C’est la voie à suivre pour les jeunes qui veulent réussir. Ma vie est scientifique… ou mystique. J’ai toujours maintenu ma forme, c’est mon secret.

Propos recueillis par Azmaal HYDOO