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Femmes en politique: WIN veut doubler la représentativité féminine

12 février 2009, 01:00

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Femmes en politique: WIN veut doubler la représentativité féminine

Vers un paysage politique plus féminisé. C’est ce vers quoi nous devrions tendre avec l’initiative de la plate-forme Women in Networking (WIN) qui a lancé Women in Politics (WIP).

Partant d’un constat simple, ce réseau de femmes professionnelles cherche à recouvrer sa place légitime dans la gestion du pays, de l’échelle locale à l’échelle nationale. 52 % de la population est de sexe féminin. Or, les femmes sont sous-représentées à l’Assemblée Nationale (17 %), même si la part de femmes députées a connu une légère hausse lors des dernières élections générales.

Les chiffres sont éloquents: avec un sexe ratio au profit des femmes (52 % de la population), on ne compte que 17 % de femmes au Parlement actuellement. Certes, une nette progression a été enregistrée ce pourcentage étant auparavant de 5,4 % seulement. Il n’empêche que Maurice n’est pas en conformité avec les engagements pris au sein de la SADC préconisant 30 % au moins de femmes au Parlement. Le pays fait figure de mauvais élève. WIP se fixe donc pour objectif de doubler le nombre de femmes siégeant au Parlement d’ici les prochaines élections générales. Les ambitions sont clairement affichées, et elles ne tombent pas dans un féminisme outrancier comme certains pourraient le croire. Le modèle de société voulu, plus «caring et nurturing» selon Sheila Bunwaree, ne peut faire l’économie d’une meilleure représentativité féminine au sein des instances politiques.

Intervenant lors du lancement de WIP, l’universitaire sociologue Sheila Bunwaree a fustigé la tradition patriarcale de la société mauricienne indurant dans la conscience collective l’idée que la femme n’a pas véritablement sa place en politique.

Elle plaide, en ce sens, pour une vraie et légitime parité homme-femme au sein des instances politiques et des institutions. Elle a par ailleurs rappelé que malgré les accords régionaux signés, Maurice reste encore à la traîne dans la région. Maurice «nous fait honte» d’autant qu’elle est souvent érigée «en modèle de démocratie», lance sans détours Loga Virahsawmy de l’ONG Mediawatch-Gemsa.

WIP devrait s’intéresser de très près à la réforme électorale maintes fois annoncée mais qui «n’est pas considérée comme la priorité du moment», ironise Sheila Bunwaree. En effet, en introduisant une certaine dose de proportionnelle plus de femmes devraient accéder au Parlement, si tant est que les partis leur concèdent des places suffisantes aux élections. Allant plus loin, Jean-Claude de l’Estrac, directeur exécutif de la Sentinelle Ltée, évoque la nécessité de quotas, seule manière de garantir, avec force de loi, une représentation des femmes dans les institutions du pays.

Jean-Claude de l’Estrac souligne ainsi l’importance d’une réforme électorale introduisant une dose de proportionnelle et la définition d’un quota pour garantir légalement l’éligibilité des femmes. Avec WIP les femmes s’organisent et il est fort à parier que ce lobby devrait peser grandement dans la période pré-électorale de l’année prochaine.

En introduisant cette question de genre en politique, WIP s’érige contre les inégalités et nourrit une réflexion sur le modèle de société que l’on souhaite. Avec WIN, les femmes s’organisent déjà en réseau, leur permettant de peser économiquement et socialement. Avec WIP, les femmes devraient parvenir à ne plus souffrir d’un machisme politique presqu’institutionnalisé que les vœux pieux font rarement mentir. WIP vient seulement d’être lancé, mais déjà l’agenda se prépare. La plateforme devrait réfléchir très prochainement sur les outils concrets et les mécanismes à mettre en place pour doubler l’effectif féminin d’ici 2010 au Parlement.