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Fanio Guillaume : Le slameur Skizofan

18 décembre 2013, 00:00

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Fanio Guillaume : Le slameur Skizofan

Il a le slam dans l’âme malgré son vague à l’âme. Fanio Guillaume a fait vibrer le coeur de son collectif en remportant le grand concours de slam national cette année. Portrait de Skizofan, slameur autodidacte.

 

Il dit ne pas savoir conjuguer les verbes et pourtant il maîtrise à la perfection la langue de Molière. Fanio Guillaume est un slameur discret et humble qui, malgré des années de «galère», a su se battre pour ses convictions et pour sa passion. Et cette passion sans limite, il la transmet aux quatre coins de l’île.

 

Pour cet aîné de six enfants, la vie n’a pas toujours été facile, et pourtant, il ne s’en plaint pas. Ses cinq premières années de collège, il les passe sur les bancs du collège Patten et poursuit son Higher School Certificate au Curepipe College. C’est là qu’il se passionne pour la littérature. Déjà, à l’époque, stylo et papier constituent un exutoire à ses maux. «Je pouvais écrire des cahiers de 100 pages à ma copine de l’époque quand ça allait mal», dit le jeune homme. Fanio parcourait les petites annonces pour avoir une idée des qualifications requises pour faire des études supérieures. «J’étais tristede voir qu’avec mo ti kalifi kasion mo pa ti pou kapav al liniversite.»

 

Fanio Guillaume se trouve alors un job dans le secteur du Business Process Outsourcing (BPO). «Mo ti pe fini mo kass ar fer lamod, zero lekonomi»,confie le slameur. Au même moment, il fait la rencontre de quelques passionnés de slam. «Avec deux collègues, Didier et Fred, nous avions décidé de mettre ce qu’on écrivait, pour délirer, sur Facebook. C’est comme ça quej’ai rencontré Gaël Latouche et Fabrice Onno. Ils m’ont expliqué toute l’essence du slam. Quand j’ai fait ma première prestationpublique, tout mon corps tremblaitmais j’ai adoré cette sensation», nous raconte Skizofan.

 

C’est à 26 ans que sa vie prend un nouveau tournant: il apprend qu’il sera bientôt papa d’une petite fille. «J’ai commencé à écrire des textes engagés. Je me travestis dans mes délires. J’avoue être parfois très nombriliste dans mes écrits, égocentrique même. J’aime écrire des choses poignantes et passer des messages.»

 

C’est sa façon à lui d’exorciser ses démons. Il participe à son premier concours de slam en 2010 où il termine deuxième. Au fil du temps, ses textes évoluent. Epuisé, tel un vrai schizophrène, d’où son nom de scène, il jongle entre ses quatre vies ; sa vie de père, ses vies sociale et professionnelle ainsi que sa passion pour le slam. «Je n’écris pas des textes fantaisistes et je passe des messages sans pour autant montrer les gens du doigt. J’ai tendance à prendre des sujets et les exploiter. Par exemple,je parle de Facebook et je le relie à la pédophilie.»

 

Ses textes sur l’amour, il les veut satiriques. Extrait : «Mon frère, je préfère voir clair que detrouver l’amour et finir aveugle». Si son nom ne vous est pastout à fait familier, sa voix, elle,est écoutée depuis la sortie de l’album du chanteur Zulu. Il accompagne ce dernier dans ses concerts et slamme sur des morceaux de l’album. Son succès, il explique modestement de pas en vouloir. Il souhaite continuer à vivre sa vie modestement en attendant de s’envoler pour la France pour représenter notre île.