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Fête de la Musique : Le blues des musiciens

18 juin 2011, 00:00

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Fête de la Musique : Le blues des musiciens

Le 21 juin, la musique sera à l''''honneur aux quatre coins du globe. De nombreux  artistes locaux galèrent toutefois à percer dans cette voie. Ils nous expliquent ce qui constitue souvent un long calvaire.

Si la musique diton adoucit les moeurs, l’adage ne se révèle pas forcément vrai pour nos artistes qui peinent à nous faire plaisir. Ils sont une poignée à s’être fait un nom dans l’univers musical tandis que bon nombre d’entre eux reste à la traîne. Est-ce par manque de talent où de moyens ?

«Pour faire de la musique, il nous faut des endroits pour organiser des concerts et nous avons aussi besoin de soutien financier, sans cela nous ne pouvons rien faire», explique Nitin Duva Pentiah, du groupe La Foule. Cela fait trois ans que le jeune groupe tente de mettre sur pied leur premier album.

«Il y a des failles dans le système. Quand on parle d’art et de culture, il faut qu’il y ait les bonnes personnes à la bonne place. C’est pourquoi nous avons choisi de rester indépendants », soutient-il. Ce désir d’indépendance coûte cependant cher au groupe. «Pour enregistrer un album il faut compter plus de Rs 100 000. Et en plus chaque CD doit comporter un timbre émis par la MASA qui coûte Rs 15 l’unité. Tout cela tue l’artiste dans l’oeuf», explique le chanteur. Cette contrainte financière les pousse à investir chaque roupie gagnée. «L’argent des concerts est utilisé dans la concrétisation de l’album», déclare-t-il.

Même son de cloche du côté de Dooshan Seetohul, gagnant du concours Rêve de Star 2007. «Cela coûte de faire un album et nous ne pouvons pas le vendre à moins de Rs 200», explique-t-il avant d’ajouter un brin méfiant «ek avek sa pa kone si bann mezon de disk la honet ou pa, me ce enn debat dan ki mo pa envi rentre.» Après un premier album Woh Kaun Hai sorti en 2008, le chanteur a hésité à lancer un deuxième opus en 2009. «C’est à cause du piratage», fait-il ressortir avant d’ajouter «pour moi c’est du vol. Dommage que le public n’est pas assez cultivé pour comprendre cela.» Il n’a pas pour autant abandonné la musique. Il a créé l’émission Kalpana qui permet aux artistes en herbe de se faire connaître.

Si elle a la voix, il lui reste d’obtenir la renommée. Ludmila Ono, chanteuse figurant sur l’album de Soul-T entre autres, attend de pouvoir lancer son premier disque. Cette attente qui dure et qui ne prend pas fin, elle le doit à un «producteur pas sérieux.»

«Mon album aurait dû sortir l’année dernière. On avait déjà commencé à le préparer mais le producteur a décidé de ne pas poursuivre», explique-t-elle. Pourquoi cette décision? «Il avait produit un album d’un autre chanteur qui n’a pas marché», soutient-elle. Manque de bol pour la chanteuse, mais elle ne baisse pas les bras, elle a d’autres projets en tête.

Pour le producteur Gérard Louis, c’est l’attitude des chanteurs et musiciens qui est la cause de leur manque de succès. «Il faut comprendre que si vous avez fait par hasard une chanson qui marche, vous n’êtes pas devenu une star pour autant. Les jeunes musiciens et chanteurs ont aujourd’hui vite la grosse tête et ce n’est pas l’attitude qui convient pour se faire un nom dans le métier et devenir un artiste», avance-t-il.

Manque de soutien, producteur pas sérieux, ou mauvaise attitude des artistes… voilà autant d’obstacles à la bonne avancée de la culture. pages réalisées par Christine TURENNE

 

 

 

 

 

 


La recette du succès

Ils étaient des inconnus du quartier, puis un beau jour, le succès leur a souri. Et leur vie a pris une autre tournure. Eric Triton et Linzy Bacbotte font partie de cette élite musicale tant enviée. A quoi attribuent-ils leur réussite ? «J’ai eu foi en moi et j’ai persévéré dans mes rêves», assure Eric Triton. La carrière musicale est, selon l’artiste, comparable à celui d’un athlète qui se prépare à la course. «Il convient de croire en soi. Quand on a la foi, il n’y a pas de raison pour ne pas réussir. C’est comme pour les sportifs, il faut se fixer un objectif et tout faire pour l’atteindre», avance-t il. Pour Linzy Bacbotte la clé de la réussite c’est surtout «d’être soi-même.»

«Le producteur peut vous demander de faire des choses qui vont à l’encontre de ce que vous souhaitez. Il faut alors vous affirmer», avance-t-elle. Mais elle reconnaît aussi que ce n’est pas toujours aussi simple qu’on le croit. «C’est facile de dire d’être soi-même mais ce n’est pas évident. Pour y arriver, écoutez votre coeur et songez à votre rêve», soutient-elle.

Si Eric Triton et Linzy Bacbotte ont réussi à se faire une place au soleil, ils souhaiteraient que les autres artistes qui peinent à se faire un nom y arrivent aussi. Un petit conseil n’est jamais de trop. «Les artistes doivent arrêter de se sentir inférieurs par rapport à la musique étrangère. Nous avons la chance de vivre dans un pays multiculturel mais notre musique ne s’en ressent pas assez. Il serait important de la mettre en valeur», avise Eric Triton tandis que Linzy Bacbotte indique que «toutes les critiques sont bonnes à prendre. C’est cela qui nous aide à avancer.» Réflexions à méditer pour que l’art soit vainqueur.

(Source : l’express, samedi 18 juin)