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Excès de liquidités: record établi en décembre

6 janvier 2014, 06:19

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Excès de liquidités: record établi en décembre

 

Rs 9,7 milliards. C’est le montant record qu’a atteint l’excès de liquidités pour le mois de décembre. Conséquence : cela pourrait créer des pressions inflationnistes. La Banque de Maurice surveille le problème de près et pourrait intervenir sur le marché dans les mois à venir.

 

Selon des chiffres publiés par la Banque de Maurice la semaine passée, l’excédent en liquidités des banques commerciales a atteint un nouveau record en décembre 2013 : Rs 9,7 milliards. Comment expliquer cette surabondance de liquidités dans notre système bancaire? Quand va-telle se réduire, et comment ?

 

Avant d’apporter un début de réponse, il convient de souligner que le pic atteint en décembre comporte certainement un trait saisonnier. En effet, le paiement des bonis de fin d’année, ainsi que des opérations du Trésor public en décembre, pourrait expliquer en partie cette augmentation record.

 

Cependant, l’effet saisonnier ne peut à lui seul expliquer le phénomène, sachant que l’excès de liquidités avait commencé à augmenter dès octobre, et qu’il a plus que doublé par rapport à décembre 2012. Force est de constater aussi que la décision de la Banque de Maurice de relever à 8 % le Cash Reserve Ratio sur les dépôts en roupies en octobre l’année dernière n’aura pas servi à grand-chose à première vue, car suite à cette décision l’excès de liquidités n’a connu qu’un bref recul, à Rs 2,5 milliards, avant d’augmenter à nouveau à la fin du même mois pour finalement atteindre le niveau record actuel.

 

Pour Kee Chong Li Kwong Wing, économiste et député de l’Opposition, tout un ensemble de facteurs explique cette tendance. Au niveau du secteur public tout d’abord, il dénonce une mauvaise planification des dépenses fiscales et une mauvaise gestion des financements provenant de l’étranger, qui finissent dans les caisses des banques commerciales en raison de l’incapacité de l’État d’implémenter ses projets d’investissement à temps.

 

La politique de la Banque de Maurice a aussi une part de responsabilité, celle-ci ayant favorisé longtemps une roupie forte et des taux d’intérêt trop élevés, ce qui selon lui est mauvais pour la croissance et donc l’investissement. Mais plus encore, la faute en reviendrait au modèle économique du pays, qui n’encourage pas l’investissement et qu’il faudrait revoir d’urgence, estime l’économiste. «Nous assistons à l’émergence d’une économie de marchands ambulants, où l’appât de l’argent facile prend le dessus aux dépens de l’investissement durable et productif dans les équipements, ou encore les facilités de transport et de stockage», ajoute-t-il.

 

Jaywant Pandoo, Head of Financial Markets Operations de la Banque de Maurice, indique que la banque centrale est disposée à intervenir si nécessaire pour éponger l’excès de liquidités. À condition toutefois d’avoir les ressources pour combler les pertes que cela pourrait occasionner. Des discussions sont déjà en cours avec le Trésor public quant aux modalités d’une éventuelle intervention, soutient-il. Mais, au-delà des mesures palliatives à court terme, ce sont les causes réelles de l’excès de liquidités qui demandent à être identifiées et traitées. Surtout quand on sait qu’un excès de liquidités à long terme peut fausser le mécanisme de transmission de la politique monétaire de la banque centrale. Sans parler d’éventuelles pressions inflationnistes qui pour l’instant ne se sont pas manifestées, étant donné que le climat d’incertitude n’a pas incité à la surconsommation.

 

Selon Li Kwong Wing, l’excédent de liquidités ne disparaîtra pas tant que la confiance ne sera pas entièrement rétablie à tous les niveaux. Car une partie de d’excédent peut signifier que les banques sont devenues plus réticentes à prendre des risques face au contexte économique actuel. Par ailleurs, si l’on tient compte du fait que les banques ont continué à prêter en 2013, comme en témoigne le crédit bancaire au secteur privé (qui a connu une hausse de 17 milliards de roupies en octobre 2013 par rapport à la même période de l’année précédente), c’est peut-être davantage le niveau de la demande de crédit qui est resté insuffi sant pour absorber l’excès de liquidités.