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Etats-Unis : La classe ouvrière face à l’angoisse du chômage

27 octobre 2010, 00:00

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Etats-Unis : La classe ouvrière face à l’angoisse du chômage

Scott Stevenson n''''avait que dix ans lorsqu''il a entendu pour la première fois dire que sa génération vivrait moins bien que celle de ses parents. Il n''en a alors rien cru mais réalise trente ans plus tard que ce pronostic était "une prophétie".

A 39 ans, il est un des 14,9 millions d''actifs américains sans emploi, selon le ministère du Travail. Pis encore, il fait partie des 6,2 millions de chômeurs dits de longue durée, privés de travail depuis 27 semaines au moins. En quatre ans, il a tout perdu: son emploi à l''usine payé 38 000 dollars par an, puis sa maison de trois chambres, saisie. Il y a deux ans, il s''est installé dans le sous-sol du pavillon de ses parents.  En juin, après 99 semaines, ses droits aux allocations ont expiré. Il passe maintenant l''essentiel de son temps chez ses parents, à chercher sur internet un emploi qui se dérobe à lui ou à jouer sur ordinateur, n''importe quoi "qui ne coûte rien".

Les jours de beau temps, il sillonne à vélo ce quartier de modestes mais robustes maisons en brique rouge en bordure de l''I-696, autoroute dédiée à Walter Reuther, l''initiateur des grèves des années 1940 chez Ford et General Motors qui ont abouti à la reconnaissance du syndicat de l''automobile (UAW).Ce mouvement social a favorisé l''émergence de cols-bleus, cette classe moyenne prospère qui a contribué à façonner l''économie américaine après la Seconde Guerre mondiale. Walter Reuther est mort en 1970 et avec lui, petit à petit, ce rêve américain fané par le recul de l''emploi dans la manufacture. La récession et la restructuration quasi simultanée de l''industrie automobile ont donné le coup de grâce.

Près de la moitié des huit millions d''emplois perdus durant la crise l''ont été dans la manufacture ou la construction, secteurs où les salaires étaient élevés et les occasions d''ascension sociale et professionnelle importantes. Cette situation explique en partie le désamour dont les démocrates de Barack Obama s''apprêtent à payer le prix dans les urnes aux élections de mi-mandat du 2 novembre, qui les verront sans doute perdre la Chambre des représentants, voire le Sénat.

Joan Stevenson, 63 ans, est déçue. Elle a voté Obama en 2008 mais juge qu''il n''a pas assez aidé les chômeurs comme son fils. "Le Parti démocrate n''est plus ce qu''il était pour nous", et ne défend plus les ouvriers contre les patrons, juge-t-elle. Les dirigeants du secteur manufacturier et les syndicats renvoient, eux aussi, aux erreurs de Washington. Tous  reprochent au gouvernement de n''avoir pas fait de l''emploi sa priorité depuis deux ans et estiment qu''investir dans les infrastructures aurait préservé des millions de postes.

En septembre, le président américain a annoncé un plan de 50 milliards. Bien peu pour le président de la commission des transports et des infrastructures de la Chambre des représentants, James Oberstar, qui suggérait d''investir 500 milliards en six ans. Ce plan aurait dû être financé par de nouveaux impôts, mais là encore, Barack Obama a manié la prudence et préféré attendre le scrutin de mi-mandat pour envisager de le lancer avec une majorité renouvelée. Il  ne l''aura, au final, très probablement pas.

(Source : Reuters)