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Etats-Unis : Guantanamo, la promesse non tenue d''Obama

10 mars 2011, 00:00

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C’est le titre choisi par LeMonde.fr, mercredi, pour illustrer la décision du président américain concernant la prison de Guantanamo et le statut des prisonniers qui y sont détenus.

A son arrivée à la Maison Blanche en 2009, Barack Obama appelait Guantánamo «un pétrin» et un centre de «recrutement de terroristes» qu’il allait rapidement «nettoyer» et «fermer». Deux ans plus tard, le même Obama ne parle plus de la fermeture du centre, mais plutôt d’y «amener les terroristes en justice» et «d’assurer le traitement humain des détenus», rappelle pour sa part le quotidien Libération.

Le président américain a en officialisé, lundi, le reniement d’une de ses grandes promesses de campagne : les tribunaux militaires de Guantánamo, qu’il dénonçait du temps de Bush, vont reprendre «très bientôt», a annoncé la Maison Blanche.
La détention illimitée de prisonniers est aussi entérinée par un nouveau décret présidentiel. Sur les 172 prisonniers toujours à Guantánamo, une quarantaine ne peuvent ni être jugés, faute de charges précises retenues contre eux, ni être libérés, du fait de leur « dangerosité », a conclu l’administration Obama. Ils continueront donc d’être détenus, indéfiniment, mais un nouveau système de «révision périodique» de leur statut sera mis en place. Ces détenus auront droit à un «représentant» personnel et à un réexamen tous les six mois de leur dossier. Tous les trois ans, une «révision complète» de leur statut sera effectuée.
Pour les républicains, ce revirement est une forme de victoire posthume : il suggère que l’administration Bush n’avait pas eu totalement tort d’ouvrir le camp de détention. Ces décisions «confirment la doctrine Bush selon laquelle notre gouvernement a le droit d’emprisonner de dangereux terroristes jusqu’à la fin de la guerre», s’est félicité le représentant Peter King.

Pour les défenseurs des droits de l’homme, le verdict est plus nuancé. Ces mesures sont «un pas en avant», admet Devon Chaffee, juriste de l’ONG Human Rights First. Il est «encourageant» que l’administration Obama encadre et limite la détention illimitée aux seuls détenus de Guantánamo «hérités» de l’ère Bush, souligne-t-elle. Obama ne la prévoit pas pour les centaines de suspects que les Etats-Unis continuent de capturer en Afghanistan ou ailleurs. Rien ne justifie en revanche les commissions militaires que l’administration compte relancer à Guantánamo. Ce sont des procédures totalement «illégitimes», lentes, extrêmement coûteuses et peu transparentes, rappelle Human Rights Watch.

"La prison de la baie de Guantanamo, à Cuba, a longtemps été l''''incarnation de l''arrogance et de l''anarchie de l''ère Bush, et Barack Obama a suscité les espoirs de millions de personnes dans le monde quand, en 2008, il a fait campagne autour de la promesse de la fermer. Lundi, cette promesse a été réduite en poussière », écrit pour sa part le New York Times.