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Escalade de la violence en Centrafrique, un ex-ministre tué

25 janvier 2014, 07:46

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Escalade de la violence en Centrafrique, un ex-ministre tué

 

Un ancien ministre musulman, Joseph Kalité, a été tué vendredi à coups de machette à Bangui, la capitale centrafricaine confrontée à une escalade de la violence au lendemain de l'investiture de la nouvelle présidente par intérim, Catherine Samba-Panza.
 
Neuf autres personnes sont tombées dans la journée sous les coups de groupes armés dont certains appartenaient aux milices chrétiennes anti-balaka. Des commerces ont été pillés dans le quartier de Miskine, peuplé en majorité de musulmans, ont rapporté des témoins.
 
Joseph Kalité, qui fut plusieurs fois ministre, notamment du Logement, sortait d'un taxi lorsqu'il a été agressé, a raconté l'un de ses proches par téléphone à Reuters.
 
"Les anti-balaka l'ont frappé à coups de machette et de bâton jusqu'à ce qu'il succombe", a-t-il dit. Un beau-frère de Kalité, qui se trouvait avec l'ancien ministre, a réussi à échapper aux agresseurs.
 
Le corps de Joseph Kalité a été conduit à la mosquée Ali Babolo où des reporters de Reuters ont pu voir son corps mutilé.
 
"Il n'avait pas de fonction au sein de la Séléka", l'ex-mouvement rebelle musulman", a assuré à Reuters Mahmoud Hissène, vice-président d'une organisation de jeunesse islamique. "Il avait même été exclu de la Séléka mais c'était un responsable musulman et c'est pour cela qu'il a été lâchement assassiné."
 
Depuis l'intervention des forces françaises le mois dernier, et profitant de la désorganisation et du désarmement de certains miliciens musulmans, des chrétiens mènent des opérations de représailles contre les hommes de la Séléka et les civils musulmans.
 
Les pillages de magasins vendredi à Miskine ont pour leur part entraîné des représailles menées par des combattants musulmans. Des explosions et des fusillades ont été entendues dans le secteur.
 
Des soldats français et le contingent rwandais de la force de paix africaine, la Misca, sont intervenus et ont tiré des coups de semonce pour séparer les belligérants.
 
PLUS DE 2.000 MORTS
 
Le président de la Croix-Rouge centrafricaine, le pasteur Antoine Mbao Bogo, a annoncé que neuf corps, en plus de celui de Joseph Kalité, avaient été retrouvés sur les lieux des affrontements, qui ont fait aussi onze blessés.
 
Dans le quartier PK12, également largement peuplé de musulmans dans le nord de la capitale, des habitants craignant pour leur sécurité ont décidé de quitter la ville en convoi sous escorte militaire.
 
Alors qu'ils entassaient leurs maigres biens dans des camions, des anti-balaka rassemblés à quelques centaines de mètres d'eux les insultaient et se moquaient d'eux. Des soldats français ont séparé les deux camps.
 
Depuis décembre, date du début de l'intervention militaire française aux côtés de forces africaines pour tenter de rétablir la sécurité dans le pays, les violences ont fait plus de 2.000 morts et un million de déplacés selon l'Onu.
 
Première femme élue à la tête de la Centrafrique depuis l'indépendance du pays en 1960, Catherine Samba-Panza, ancienne maire de Bangui, a dit son intention d'ouvrir le dialogue avec les représentants des groupes armés pour tenter de ramener le calme.
 
La présence sur le terrain de 1.600 soldats français et de 5.000 soldats africains n'a pas permis pour l'heure d'apaiser les tensions. L'Union européenne a annoncé l'envoi de 500 militaires qui seront basés dans les environs de Bangui et devraient rester sur place pendant six mois avant de passer le relais à la force de l'Union africaine.
 
Réunis lundi à Bruxelles, pays donateurs et organisations internationales ont promis près d'un demi-milliard de dollars d'aide humanitaire à la République centrafricaine.
 
Des élections sont prévues au plus tard d'ici février 2015 en Centrafrique.