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Embarras au Pakistan après la mort de Ben Laden

4 mai 2011, 00:00

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Le président pakistanais s''''est efforcé mardi de dissiper les soupçons qui pèsent sur l''attitude de son gouvernement à l''égard d''Oussama ben Laden, tout en reconnaissant ne pas avoir été informé de l''opération américaine qui a coûté la vie au chef d''Al Qaïda.

Selon le directeur sortant de la CIA, Leon Panetta, qui s''exprime mardi dans la revue "Time", les autorités américaines craignaient que le Pakistan ne compromette l''opération en "alertant les cibles".

L''homme le plus recherché de la planète depuis une décennie a été abattu dans la luxueuse résidence qu''il occupait à Abbottabad, ville de garnison située à une soixantaine de km au nord d''Islamabad, la capitale. Ces révélations ont amené de nombreux élus américains à demander une suspension de l''aide américaine au Pakistan.

Les premières explications du président Asif Ali Zardari, livré dans une tribune publiée par le Washington Post, n''ont guère dissipé les soupçons.

"Certains, dans la presse américaine, ont suggéré que le Pakistan manquait de vitalité dans la lutte contre le terrorisme ou, pire, que nous manquions de sincérité et que nous protégions les terroristes que nous prétendons poursuivre. De telles spéculations infondées aiguisent peut-être la curiosité des chaînes d''informations câblées, mais elles ne reflètent pas les faits", écrit-il.

La situation géographique du repaire où le chef de file d''Al Qaïda se cachait peut-être depuis cinq ou six ans pose l''embarrassante question de l''efficacité de l''armée et du renseignement pakistanais ou même de leur éventuelle complicité.

Le Pakistan entretient de longue date des relations ambiguës avec certains extrémistes islamistes qu''il a abrités pour des raisons stratégiques dans le contentieux persistant qui l''oppose à son voisin indien. Cette crainte envers l''Inde explique son soutien aux taliban afghans ainsi qu''aux séparatistes du Cachemire.

Des photos de l''immersion bientôt diffusées

La méfiance que ces liens ont suscitée à Washington a sans doute pesé dans la décision de ne pas informer à l''avance Islamabad de l''opération contre le repaire de Ben Laden.

Tout comme le chef de l''Etat, le ministère des Affaires étrangères a reconnu avoir été tenu dans l''ignorance, mais assure que les services de renseignement pakistanais échangeaient depuis 2009 des informations au sujet de la résidence d''Abbottabad avec la CIA.

Regrettant de ne pas avoir été prévenu, le ministère dit avoir exprimé sa "profonde préoccupation" aux Etats-Unis.
Oussama ben Laden "ne se trouvait pas où nous ne pensions, mais, désormais, il n''est plus", poursuit Asif Ali Zardari dans sa tribune.

"Bien que l''opération de dimanche n''ait pas été une action conjointe, une décennie de coopération et de partenariat entre les Etats-Unis et le Pakistan a conduit à l''élimination d''Oussama ben Laden comme menace persistante pour le monde civilisé", souligne-t-il, sans plus d''argument pour la défense de ses services de sécurité et de renseignement.

Les taliban afghans ont quant eux émis mardi des doutes sur la mort de celui fut qu''ils ont accueilli à la fin années 1990.
A Washington, John Brennan, conseiller de Barack Obama pour la lutte antiterroriste, a déclaré que des photos de l''immersion en mer du corps de Ben Laden pourraient être diffusées prochainement.

Si sa disparition est sans conteste une victoire personnelle pour Barack Obama, qui briguera un nouveau mandant dans un peu moins d''un an, son administration va devoir composer avec le mécontentement des parlementaires qui jugent le moment venu de revoir l''aide financière et militaire fournie au Pakistan. Elle s''élève à 20 milliards de dollars depuis les attentats du 11 septembre 2001.

Quant aux Américains, 39% d''entre eux déclarent que leur opinion à l''égard de Barack Obama s''est améliorée depuis l''annonce de la mort d''Oussama ben Laden, selon un sondage Reuters/Ipsos Mori.

(Source: Reuters)